Cette rentrée à McGill est pour beaucoup la première. On foule pour la première fois McTavish, s’émerveille (ou non) de la verdure du campus, découvre les prix exorbitants de ses services de restauration. Pour d’autres, plus nombreux·ses, on recommence. On se re-prend au jeu des études, une nouvelle fois à la recherche des cours et activités qui rythmeront au mieux le semestre. Le Délit, cette année, recommence aussi. Une 43ème fois, les pages du journal sont dédiées aux francophones de McGill. Sa mission n’en demeure pas moins essentielle. Dans Montréal, l’Université semble toujours être à part – si ce n’est détachée de la ville -, et sa langue est un élément fondamental de ce décalage. Les étudiant·e·s francophones peuvent faire passerelle entre la bulle mcgilloise et un contexte québécois qui se conjugue ordinairement en français.
Ces passerelles sont précieuses, et permettent parfois de contrer la surdité dont l’administration mcgilloise fait preuve vis-à-vis du français. Si le français est une langue en sous-représentation à McGill, il est important de souligner que les francophonies sont plurielles, et ne profitent ainsi pas toutes du même podium. À ce titre, protéger le français ne devrait pas signifier privilégier une francophonie par rapport à une autre. Le combat pour le parler ne peut pas être mené que d’un seul front. Considérer les francophonies comme étant plurielles, c’est aussi comprendre qu’elles ne sont pas porteuses des mêmes récits et peuvent prendre racine dans des passés qui sont complexes et violents. Le français du Québec et de France hexagonale bénéficient ici d’une plateforme qui doit profiter aux autres français. Dans cette mesure, Le Délit se doit de rendre l’expérience du journalisme étudiant possible à tou·te·s les francophones de McGill.
Le journal revient après plus de quatre mois de silence. Cet été fut ponctué, si ce n’est noyé, de nouvelles plus effarantes les unes que les autres. Les forêts s’embrasent aussi souvent que les sphères politiques, l’information se confond avec la stupéfaction. Les termes sont souvent complexes et les sujets s’enchevêtrent dans un brouhaha quotidien. Au sein même de notre université, une simple année scolaire concentre des débats majeurs qu’il nous faut suivre. Quelle est ici la place du Délit ? S’intéresser de près à l’actualité, au monde qui nous entoure, c’est aussi rendre compte de notre place dans ce brouhaha. Se sentir concerné·e, c’est faire un pas vers une prise de parole, un possible engagement. Si nous publions chaque semaine une nouvelle édition, c’est que nous croyons au pouvoir des lettres et des mots. Ceux qui sont tus mais jetés par écrit, ceux qui sont soigneusement posés sur papier, lus et relus, ceux qui parlent de soi, donnent la parole, renseignent, interrogent. Après quatre mois de silence, il est temps de marquer nos pages blanches avec ces mots.
C’est avec ces prémisses que Le Délit recommence cette année. Avec toi ?