Les élections européennes de mai 2019 représentent un tournant dans l’histoire de la politique européenne. Les deux grands partis traditionnels, sociaux-démocrates (S&D) et chrétiens-démocrates (PPE), se sont vus affaiblis par le scrutin au profit des libéraux (Renew Europe), écologistes (Verts/ALE) et eurosceptiques (ID et non-inscrits). La faible majorité obtenue par la nouvelle présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen, à 383 voix contre 327, témoigne des fortes divisions qui caractérisent ce nouveau Parlement Européen.
Une tâche compliquée
En tant que nouvelle présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen s’est vue attribuer la tâche de présenter le nouveau collège de commissaires de l’Union, répartissant les responsabilités de la Commission entre représentants des 27 pays de l’UE (en excluant le Royaume-Uni). Ce faisant, elle a dû tenir compte des ambitions divergentes des différents États européens, sachant que la plupart des capitales européennes n’avaient proposé qu’un·e seul·e candidat·e pour leur poste de commissaire.
L’ancienne ministre de la Défense allemande a aussi dû répondre aux attentes du Parlement européen, formant une équipe à la hauteur des enjeux de ce mandat, tout en tentant une parité homme-femme inédite dans l’histoire de cette institution. Parmi les principales problématiques à aborder figurent la lutte contre les changements climatiques, l’adaptation de la législation à l’ère numérique, l’harmonisation des fiscalités et économies européennes et la gestion des tensions internationales.
La nouvelle Commission
Le 10 septembre 2019, Ursula von der Leyen a présenté sa liste de candidats à la Commission européenne, comportant 13 femmes et 14 hommes. Ces candidats devront être approuvés par le Parlement européen avant le 1er novembre 2019. Voici les principaux visages proposés par la présidente allemande :
Le socialiste Frans Timmermans (S&D) à la vice-présidence exécutive du Green Deal.
Candidat malheureux à la présidence de la Commission, cet ancien ministre néerlandais des Affaires étrangères s’est bâti une réputation en faisant face aux dirigeants polonais et hongrois lors de leurs « atteintes graves à l’État de droit ». Dans les prochaines cinq années, il sera chargé de mener le Green Deal européen, visant une neutralité carbone européenne d’ici 2050.
L’ex-commissaire libérale de la Commission Juncker, Margrethe Vestager (Renew Europe) à la vice-présidence exécutive du Numérique.
Amplement réputée pour chasser les multinationales qui abusent de leur pouvoir fiscal lors de son étape comme commissaire à la concurrence, cette ancienne ministre des finances danoise se chargera d’« adapter » l’Europe à « l’ère numérique ». Elle se chargera des portefeuilles de la stratégie industrielle européenne à long terme ainsi que de la fiscalité numérique.
Le conservateur Valdis Dombrovskis (PPE) à la vice-présidence exécutive de l’Économie.
L’ancien premier ministre letton et membre de la Commission Juncker devra bâtir une « économie au service des gens ». Il devra achever l’union économique et monétaire européenne jamais véritablement conclue, ainsi que mettre en place un salaire minimum européen, comme l’avait promis la présidente Ursula von der Leyen.
Le socialiste Josep Borrell (S&D) à la haute représentation des Affaires étrangères.
Ce vétéran de la politique espagnole et ancien président du Parlement européen détiendra la tâche compliquée de coordonner la politique internationale européenne, chose non point facile étant donné les fortes divergences entre dirigeants des 27 membres de l’Union. ξ