Ainsi s’amorce la campagne électorale fédérale de 2019 et avec elle s’entament les débats et prises de position des partis. Parmi les enjeux abordés, on retrouve la crise climatique, qui a entre autres donné naissance à un important mouvement étudiant international au cours de la dernière année. Cependant, s’ils font mention des changements climatiques et de leurs conséquences durant la campagne, les groupes environnementaux tels que Greenpeace et Environmental Defence risquent d’être considérés comme étant partisans. C’est notamment le cas en raison de la position sur le sujet de M. Maxime Bernier, chef du Parti populaire du Canada, laquelle diverge de celles des autres chefs de partis. Alors que ceux et celles-ci s’entendent sur l’existence de la crise climatique ainsi que sur ses causes et dangers, M. Bernier doute de la responsabilité des activités humaines sur le réchauffement planétaire. Ainsi, puisque tous les partis ne sont pas en accord à propos de cet enjeu, ce dernier devient matière à débat au cours de la campagne électorale. Les publicités qui en traitent peuvent donc être considérées partisanes. C’est lors d’une formation sur la Loi électorale ayant eu lieu au début de l’été qu’Élections Canada a mis en garde les groupes environnementaux.
Clarification de la Loi
En constatant le mécontentement chez certains de ces groupes, qui ont déduit de cet avertissement qu’il leur serait interdit de mentionner la crise climatique au cours de la campagne, Élections Canada, en la personne de son porte-parole, Ghislain Desjardins, a senti le besoin de clarifier la situation ainsi que la Loi électorale elle-même. Au sens de la loi, il est permis à n’importe quel groupe d’intérêt, c’est-à-dire un groupe visant à influencer les décisions des gouvernements, de parler d’un enjeu donné. Toutefois, une dépense de 500$ ou plus dans une campagne publicitaire oblige tout groupe à s’enregistrer comme tiers parti. De plus, lorsque la campagne électorale se termine, ce groupe est tenu de déclarer ses gains et dépenses. Il y a maintenant 20 ans que ces termes font partie de la loi. Si les groupes environnementaux ne désirent pas s’enregistrer comme tiers, ils seront tenus d’user d’autres moyens que la publicité pour plaider leur cause.
Opinions face à la situation
Divers arguments ont été soulevés contre la position d’Élections Canada. Mme Elizabeth May, cheffe du Parti vert, a notamment exprimé son désaccord. M. Tim Gray, qui occupe le poste de directeur général d’Environmental Defence, a rappelé l’aspect scientifique de la crise climatique.
En effet, dans un rapport datant de l’année 2018, les Nations Unies ont confirmé l’existence de celle-ci et l’urgence qui y est associée. M. Gray déplore que la position écosceptique d’un parti oblige les groupes environnementaux à s’enregistrer comme tiers.
En somme, puisque les partis en lice pour les élections fédérales de 2019 ne s’entendent pas sur la crise climatique, celle-ci est sujette à débats et les groupes environnementaux entreprenant des campagnes publicitaires payées à ce sujet pourraient se voir octroyer une étiquette partisane.