L’Université McGill a annoncé qu’elle maintiendrait les cours du vendredi 27 septembre, jour de la marche pour le climat, à laquelle sont attendus des milliers de personnes pour manifester aux côtés de Greta Thunberg. Ce choix contraste avec celui des autres universités montréalaises comme l’Université du Québec à Montréal, l’Université de Montréal et l’Université Concordia, qui lèveront leurs cours le temps de la marche. Dans un courriel destiné à la communauté mcgilloise, le Vice-Principal exécutif expliquait l’importance que McGill accorde aux changements climatiques et n’a pas hésité à rappeler « l’audacieux objectif » d’atteindre la carboneutralité d’ici 2040. Le groupe Climate Justice Action McGill (Action Justice Climatique McGill en français, ndlr) a émis trois demandes ciblant l’Université : (1) qu’elle reconnaisse la menace que représentent les énergies fossiles autant pour l’environnement que pour les populations marginalisées, (2) qu’elle désinvestisse ses fonds des industries d’énergies fossiles et (3) qu’elle fasse pression auprès des gouvernements fédéraux et provinciaux pour la reconnaissance de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des Peuples Autochtones (UNDRIP). La marche pour le climat est, à vrai dire, annoncée comme une grève à laquelle étudiant·e·s et travailleur·se·s sont convié·e·s à prendre part, quittant ainsi leurs obligations pour quelques heures (p. 7). Cette grève doit pointer du doigt la responsabilité d’institutions comme McGill, des gouvernements et des grandes entreprises, dans les bouleversements climatiques qui se produisent de manière exponentielle.
En maintenant ses cours vendredi, McGill découragera sûrement ceux et celles qui souhaitent marcher pour le climat mais qui ne peuvent se résoudre à être absent·e·s dans les salles de classe. Nos pairs étudiant·e·s de Montréal et du Québec n’auront en grande majorité pas à se poser cette question, et pourront crier leur urgence sans répercussion académique. La décision de McGill est d’autant plus regrettable pour les étudiant·e·s qu’elle est cohérente avec les politiques environnementales de l’administration. Les trois demandes énoncées plus haut sont d’une importance à laquelle McGill répond par des déclarations vagues et une inaction camouflée. L’Université, avant de se placer en porte-drapeau légitime de la lutte pour la justice climatique, devra prendre des mesures radicales et ceci implique qu’elle reconnaisse avant tout sa responsabilité. Une annulation des cours, bien que souhaitable pour la communauté mcgilloise, aurait été presque hypocrite de la part de l’Université. D’après un rapport opaque sorti en mars 2019, cette dernière a une centaine de millions de dollars investis dans les énergies fossiles, ce que Divest McGill dénonce depuis plusieurs années. Cependant, le communiqué de McGill est suffisamment évasif pour comprendre qu’elle ne souhaite pas prendre parti, et se dissocie par ce biais de ses homologues montréalais. Les étudiant·e·s souhaitant participer à la grève devront prendre le contre-pied de la décision de McGill, ce qui rend peut-être leur marche d’autant plus significative. Ces marches étudiantes ont commencé dans le but de contester l’absurdité dont notre ordre de priorité est empreint : sans planète habitable, sans futur, pas d’université. Ne pas assister à ses cours ce vendredi semble être un faible prix à payer pour être compté·e parmi celles·ceux qui feront valoir leurs inquiétudes et leur colère d’abord sur McTavish, puis dans les rues montréalaises.