C’est avec fébrilité que plusieurs adeptes de cinéma se sont dirigé·e·s en salle au mois de juillet dernier pour voir la plus récente œuvre de Quentin Tarantino Once Upon a Time… in Hollywood (Il était une fois… à Hollywood en français). Étonnamment, ce film a provoqué, dès sa sortie, des réactions opposées chez les fans de Tarantino. Alors que plusieurs le qualifient de chef‑d’œuvre, d’autres (moi y compris) considèrent le long-métrage de près de trois heures comme l’une des créations les moins marquantes du réalisateur américain.
De hautes attentes
À l’annonce du casting du film –— composé entre autres de Leonardo DiCaprio, de Brad Pitt et de Margot Robbie — de nombreux·ses admirateur·rice·s de Tarantino se sont emballé·e·s ; Pitt et DiCaprio ayant déjà travaillé avec Tarantino, le renouvellement de cette équipe promettait beaucoup. Avec la combinaison d’un tel casting et de cet univers passionnant, le réalisateur annonçait un long-métrage sans précédent dans sa carrière. Comment expliquer alors une telle déception pour un aussi grand nombre d’auditeur·rice·s ?
Une construction inhabituelle
Il se trouve que Once Upon a Time… in Hollywood, sorte de « lettre d’amour à Hollywood », est en réalité très différent des autres films de Tarantino, notamment d’un point de vue structurel. Dans ce film, l’objectif de Tarantino est de faire vivre aux spectateur·rice·s l’époque des westerns et du Hollywood qui leur a donné naissance. À travers ce contexte, le réalisateur cherche à construire une tension entre la célébrité Sharon Tate et Rick Dalton et son complice Cliff Booth, deux véritables « has-been » du cinéma. En cours de route, Tarantino n’hésite pas à faire référence à ses propres films ou à critiquer le cinéma de l’époque (en ciblant notamment l’acteur Bruce Lee). Résultat : un film manquant cruellement de propulsion narrative. Ce manquement s’explique bien : Tarantino semble avoir misé sur des moments forts plutôt que sur la construction d’une histoire évoluant grâce à des personnages interreliés et à leur confrontation, qui constitue habituellement le point fort de ses films. Complètement dépourvues de fil conducteur, les premières minutes du film donnent l’impression de visionner un documentaire narratif sur la carrière d’un ancien acteur.
Un film de moments
Ce n’est qu’à la dernière heure du film que l’ensemble commence à prendre sens pour le·a spectateur·rice. Le film se termine avec une séquence d’action bien exécutée à travers laquelle Tarantino transpose son récit dans une réalité alternative où Sharon Tate n’a pas d’importance.
On aboutit donc avec un film où la forme et l’univers prennent toute la place, au détriment du fond et de la narration, et qui néglige le talent de l’actrice Margot Robbie dans le but de construire une tension autour de son personnage. Tarantino sacrifie ici ce qui fait la force de ses films pour une suite de moments forts et pour exprimer quelques opinions.
Malgré tout, le film Once Upon a Time… in Hollywood reste très appréciable, d’un style optimal et dans lequel les excellent·e·s acteur·rice·s font vivre à tout·e spectateur·rice des émotions fortes. Ce film n’est peut-être pas aussi palpitant que les blockbusters monopolisant les cinémas, mais un·e fan des films de Tarantino ou de la culture des années 1960 y trouvera définitivement du plaisir. Si les critiques à l’égard de la qualité du film sont aussi partagées, l’on peut se demander si dépourvue des grandes vedettes en tête d’affiche et de la célébrité du réalisateur, l’œuvre aurait connu le même succès. ξ