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Boulette et baiser

Matthias et Maxime, ou de l’amour ambigu.

Shayne Laverdière

Xavier Dolan nous présente son premier film québécois depuis Mommy. Son dernier projet, The Death and Life of John F. Donovan (Ma vie avec John F. Donovan pour la version française), a fait couler beaucoup d’encre, mais ne s’avère pas aussi raté que les rumeurs ne le laissaient entendre, si l’on se fie à Marc Cassivi et Marc-André Lussier dans La Presse. Matthias et Maxime, s’il se présente mieux, n’est toutefois pas le film le plus abouti du réalisateur.

Les meilleurs amis du monde

Matthias (Gabriel D’Almeida Freitas) et Maxime (Xavier Dolan) acceptent de jouer dans le court-métrage de la petite sœur de leur ami Rivette (Pier-Luc Funk). Le hic, c’est qu’ils doivent s’embrasser, et ce geste en apparence anodin viendra compromettre leur amitié alors que Maxime s’apprête à partir pour l’Australie. Le réalisateur, aidé d’André Turpin à la photographie, parvient à nous plonger dans le quotidien de ce groupe d’ami·e·s auquel les personnes de la génération millénaire pourront s’associer d’une manière ou d’une autre. Le jeu des acteurs et actrices est sincère, peut-être parce qu’il·elle·s se connaissent bien dans la vie. Les nombreuses scènes où la bande se retrouve donnent lieu à des échanges à la fois tendres et cinglants, déclamés dans une langue riche et colorée.

Là où le bât blesse

Malheureusement, les personnages secondaires, trop nombreux, demeurent des esquisses. On aurait apprécié plus de Rivette et de sa petite sœur au franglais franchement grinçant. Soulignons au passage que les personnages féminins occupent des rôles très accessoires dans la trame narrative. Autrement, la collaboration du réalisateur avec Anne Dorval a donné d’excellents résultats par le passé (J’ai tué ma mère, Les amours imaginaires, et surtout Mommy) ; cette fois, la mise en scène de la relation mère-fils manque de subtilité. La douleur devient pathos. Ainsi, l’œuvre tente d’aborder trop de sujets à la fois et le temps vient à manquer pour les développer suffisamment. Un traitement en profondeur du thème principal, une amitié ambiguë, aurait été amplement suffisant. Le film a d’ailleurs reçu un accueil assez froid en France, notamment en raison de ces faiblesses.

Une recette qui demeure gagnante 

Xavier Dolan vit peut-être une période de doutes, ou peut-être nos attentes sont-elles devenues trop élevées, mais il demeure que ses derniers projets ne parviennent pas à toucher le public — et surtout la critique — de la même manière que l’avaient fait ses premières œuvres. Toutefois, son talent et son intuition artistique créent une atmosphère authentique et sincère : pensons à la scène dans laquelle Matthias traverse le lac au petit matin pour affronter son désarroi, ou à celle de boulette qui permet le plein déploiement de la dynamique qui anime le groupe. 

La musique représentant un point fort du cinéma de Xavier Dolan, Matthias et Maxime ne fait pas exception. Le pianiste Jean-Michel Blais a même raflé un prix au prestigieux Festival de Cannes pour son excellent travail dans ce film. Le public peut s’attendre à de beaux moments d’émotions.


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