L’Université McGill énonce sur son site que sa mission principale est « la création et la transmission de savoir […] en offrant la meilleure formation possible et en étant au service de la société ». Au nom de sa contribution à l’amélioration de la société, l’Université citerait certainement son engagement dans la lutte contre les changements climatiques, avec notamment des projets de développement durable comme Vision 2020.
Pourtant, ces efforts semblent au mieux mal orientés, au pire hypocrites compte tenu des investissements de l’Université dans 200 des plus importantes compagnies de combustibles fossiles mondiales. En refusant par ailleurs de reconnaître que ces dernières causent des dommages sociaux et environnementaux considérables, dont les premières victimes sont les populations autochtones, les personnes racisées et issues de communautés pauvres, McGill se rend complice de la perpétuation d’une violence néocoloniale et refuse de s’engager pour la justice climatique.
En réponse à ce refus d’agir, un groupe d’étudiant·e·s créé, en 2012, Divest McGill. Rejoignant un plus large mouvement de désinvestissement national et international, l’organisation multiplie les actions pour faire pression sur l’administration.
Deux fois par le passé, en 2013 et en 2016, le Comité consultatif chargé des questions de responsabilité sociale (CAMSR, en anglais) s’est prononcé contre le désinvestissement. Suivant les recommandations du CAMSR, le Conseil des gouverneurs maintient ses actifs dans les compagnies de combustibles fossiles. Il fait ainsi fi des recherches scientifiques prouvant qu’il est impossible pour McGill d’atteindre son objectif de neutralité carbone esquissé dans Vision 2020 d’ici à 2050 si l’Université maintient ses investissements.
Alors que la crise climatique ne cesse de s’aggraver, l’administration reste imperméable aux demandes de prise de responsabilité qui lui sont faites. Et pourtant, les pressions se multiplient. En septembre 2018, le Sénat mcgillois se prononce en faveur du désinvestissement. Quelques mois plus tard, le 19 avril 2019, deux professeurs démissionnent du Conseil des gouverneurs, estimant que le manque d’action de celui-ci « met [l’] Université en danger sur le plan éthique en plus de miner l’intégrité de la gouvernance collégiale ».
Le 10 octobre dernier, l’AÉUM a institué un moratoire sur les frais institutionnels obligatoires jusqu’à ce que McGill désinvestisse des énergies fossiles. Désormais, même l’argument économique ne peut plus être utilisé par le Conseil pour justifier un refus de désinvestir. Le 5 décembre prochain, CAMSR va déposer un troisième rapport au Conseil des gouverneurs en se prononçant sur le désinvestissement. C’est l’une des dernières chances qu’a l’administration de prouver qu’elle se range du bon côté de l’histoire. Concordia s’est engagé à cesser d’investir dans les énergies fossiles le 8 novembre dernier. McGill n’a plus d’excuses.
En tant qu’étudiant·e·s qui payons des frais de scolarité et qui sommes supposément la raison d’être de cette institution, nous avons le devoir de nous informer et d’agir, autant que possible, pour signifier à l’administration qu’elle ne peut plus poursuivre une politique destructrice. Aujourd’hui, le 12 novembre, devant le bâtiment James Administration, de 11h45 à 13h, a lieu un Walkout organisé par Divest McGill et C‑JAM pour réclamer le désinvestissement. Allons‑y nombreux·ses, signifions notre engagement.