Le 15 novembre dernier, McGill a utilisé les informations personnelles d’un étudiant pour l’appeler après que ce dernier ait publié sur Twitter une critique des délais d’attente du Pôle de bien-être. Charlie Baranski, étudiant de troisième année en linguistique et en science politique, a reçu un appel de l’administration qui voulait « discuter de sa publication sur les réseaux sociaux ».
Un très long délai
En septembre dernier, Charlie Baranski avait prévu aller au Pôle de bien-être afin de planifier une rencontre avec un thérapeute. « Il y a quelques années, je luttais pour ma santé mentale », a‑t-il indiqué lors d’un entretien avec Le Délit. « Je suis allé à quelques rendez-vous avec les thérapeutes de McGill. Je vais beaucoup mieux maintenant, mais je crois que c’est toujours une bonne idée d’avoir un thérapeute pour avoir un suivi. Dès le début du trimestre, le 3 septembre, l’une des choses que j’avais à faire était donc d’aller prendre rendez-vous. »
À ce moment, le Pôle lui a mentionné que le premier rendez-vous disponible était le 20 novembre. Baranski a donc pris son mal en patience, mais a tout de même publié sur les réseaux sociaux pour exprimer le caractère « ridicule » d’un tel délai.
Appel personnel
Le 15 novembre, Baranski, qui a déjà attendu presque 80 jours, a reçu un appel du Pôle lui disant que son rendez-vous n’était plus disponible et qu’il devrait le remettre à un autre jour. Baranski a alors publié sur Twitter pour critiquer une replanification survenant après plusieurs mois d’attente.
Quelques heures plus tard, Baranski a reçu un appel non sollicité sur son téléphone cellulaire de la part du Pôle pour « discuter de sa publication sur les réseaux sociaux ». Mal à l’aise, Baranski leur a demandé comment ils avaient eu accès à son numéro personnel, ce à quoi le Pôle a répondu que c’était grâce à son dossier.
« Le fait d’être appelé personnellement m’a rendu très inconfortable, ce que je leur ai mentionné. […] J’ai alors reçu le “discours de vente” du Pôle, concernant les informations génériques et les efforts mis par le Pôle pour réduire les délais. »
Si le fait d’être appelé de la sorte l’a rendu mal à l’aise, Baranski précise que l’appel n’était pas « menaçant ». « Le simple fait d’être appelé de la sorte m’est inconcevable. […] Ce que McGill semble faire est que lorsque quelqu’un les critique et les tag dans leur publication, McGill va chercher les informations personnelles dans leurs dossiers pour tenter d’établir une correspondance entre la publication et l’un de leurs étudiants pour les appeler. » Baranski croit que l’Université est plus « préoccupée par sa réputation » que par l’accès et la qualité des soins offerts aux étudiants.
Baranski croit également que cette approche peut avoir des effets très négatifs sur les personnes déjà vulnérables qui cherchent de l’aide. « Si j’avais été dans une moins bonne situation que je le suis maintenant, je n’aurais peut-être pas été capable de supporter l’appel. […] Lorsque vous donnez vos informations personnelles, vous devriez pouvoir avoir confiance en ceux qui possèdent ces informations. »