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Médecine à Gatineau

Nouvelle formation médicale mcgilloise 100% francophone en Outaouais.

Parker Le Bras-Brown | Le Délit

Le 10 février 2020, l’Université McGill annonçait le lancement de l’année préparatoire en médecine à Gatineau en collaboration avec l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Ce programme enseigné intégralement en français accueillera dès septembre 2020 entre 15 et 20 étudiant·e·s directement à leur sortie du cégep afin de les préparer au programme d’études de médecine de premier cycle. Jusqu’à maintenant, cette année (Med‑P Program en anglais) était proposée par la Faculté des sciences seulement en anglais et à Montréal. À Gatineau, McGill et l’UQO se partageront l’enseignement des 10 cours qui composent le programme : les professeur·e·s de la Faculté des sciences de McGill assureront les cours de science de la vie et les professeur·e·s de l’UQO les cours de statistiques et de sciences humaines et sociales. 

Un nouveau campus

Le lancement de l’année préparatoire aura lieu simultanément à l’ouverture du nouveau Campus Outaouais de McGill. Situé sur le site de l’Hôpital de Gatineau, ce campus accueillera à partir de septembre le programme d’études médicales de premier cycle (programme MDCM) en français. 96 étudiant·e·s, dont 24 par cohorte, se répartiront sur les quatre années de la formation, en plus des étudiant·e·s de l’année préparatoire. « McGill et ses partenaires offrent désormais un parcours entier de formation médicale en Outaouais : l’année préparatoire, le programme d’études médicales de premier cycle de quatre ans et le programme de résidence postdoctorale en médecine familiale. L’ensemble de cette formation sera offert en français à 100 % », résumait McGill dans un communiqué publié sur son site Internet le 10 février. 

Réactions

McGill et l’UQO se sont félicitées du lancement de ce programme qui vise notamment à promouvoir la région, et espèrent ainsi que des étudiant·e·s s’y établiront pour exercer. Le docteur David Eidelman, vice-principal (santé et affaires médicales) et doyen de la Faculté de médecine de McGill, a déclaré selon le communiqué publié par McGill : « En offrant nos programmes localement, nous formons en Outaouais une nouvelle génération de leaders en médecine de famille et dans d’autres spécialités. » « L’arrivée de cette nouvelle cohorte d’étudiants à l’UQO apportera une nouvelle dynamique pour notre université et constitue une étape importante pour le développement de nos nouveaux programmes en santé », a ajouté quant à lui Denis Harrisson, recteur de l’UQO. 

Sollicité par Le Délit, Andrew Dixon, représentant de l’association étudiante de médecine de l’Université McGill (McGill Students’ Society en anglais, MSS) à l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) s’est réjoui de cette annonce — même s’il a précisé que les étudiant·e·s au sein du programme préparatoire sont représenté·e·s par l’Association étudiante en médecine préparatoire et et médecine dentaire préparatoire (Medical-Preparatory and Dental Preparatory Student Association en anglais, MDSA). « Il existe une pénurie de médecins qui travaillent en région au Québec et au Canada. Une des solutions à privilégier est la formation des étudiants et étudiantes en médecine dans un contexte rural. Je suis bien content de l’annonce que le programme d’année préparatoire en médecine sera offert à Gatineau en partenariat avec l’UQO. Le programme sera un complément au Campus en Outaouais de McGill qui offre une formation francophone en médecine, et cela représente un effort d’éduquer les futurs médecins pour mieux servir la population de la région. La décision d’offrir ce programme préparatoire indique que McGill cherche à offrir une éducation complète de niveau équivalent à celle du campus montréalais », a‑t-il expliqué par courriel.

 

Entretien avec le docteur Benaroya.

Faculté de médecine de l’université McGill

À la suite de l’annonce du lancement de l’année préparatoire en médecine à Gatineau, Le Délit s’est entretenu avec le docteur Samuel Benaroya, vice-principal adjoint et vice-doyen exécutif (santé et affaires médicales) à l’Université McGill.

Le Délit (LD) : Pour commencer, quelle est votre réaction au lancement de cette année préparatoire ?

Samuel Benaroya (SB) : C’est une très bonne nouvelle que nous avons annoncée lundi 10 février. Pour remettre cela en contexte, ce que nous allons mettre en place à Gatineau en Outaouais est la formation du programme d’études médicales de McGill de premier cycle. C’est un programme qui dure quatre ans et qui va se donner dans la région dans une nouvelle bâtisse qui est en train d’être terminée. Le tout se faisant à Gatineau et complètement en français. C’est donc le programme pré-doctoral pour les étudiants qui vont devenir des médecins. À la suite de cela, bien sûr, les étudiants iront dans des programmes de résidence soit en médecine familiale ou dans d’autres spécialités. Pour que vous le sachiez, à Gatineau, nous avons déjà un programme de résidence de médecine de famille qui dure deux ans et qui va être élargi. 

Le troisième volet est ce dont nous parlions lundi pour les étudiants qui veulent entrer en médecine directement du cégep. S’ils sont admis en médecine à McGill, une année de ce qu’on appelle le programme préparatoire est exigée, qui est donnée par la Faculté des sciences. L’autre cohorte qui peut entrer directement dans le programme pré-doctoral sont ceux qui ont déjà des diplômes universitaires comme des baccalauréats ou des maîtrises ; ceux-là n’ont pas besoin de programme préparatoire.

Historiquement, ce programme préparatoire se donnait à McGill en anglais. À McGill, le gouvernement nous a mandaté pour voir si nous pouvions trouver un scénario pour que les cours soient donnés en français et dans la région concernée qui est Gatineau, donc en Outaouais. Nous avons alors enclenché depuis environ un an une discussion avec l’Université du Québec en Outaouais (UQO) pour voir si nous pouvions partager les prestations de cours. C’est la seule université dans la région et c’est un partenaire de longue date pour d’autres programmes.

Quand les étudiantes et étudiants en médecine font leur formation dans une région non urbaine, il y a la possibilité qu’ils et elles […] décident de rester

LD : Vous parliez donc du programme d’études médicales de premier cycle en Outaouais. Qu’est-ce qui fait la force de ce programme par rapport aux autres universités ? Qu’est-ce qui le distingue ?

SB : Il y a déjà d’autres programmes délocalisés. L’Université de Montréal (UdeM) le fait à Trois-Rivières et Sherbrooke à Chicoutimi. Nous ne sommes pas les premiers à faire cela et dans d’autres provinces, des facultés délocalisées existent déjà. Ce qui reste un peu spécial ici est que cela se fait dans une région où il n’y a pas eu d’expérience telle quelle. Nous avons été mandatés il y a plusieurs années pour promouvoir la mission académique dans la région. Il y a un problème de rétention de main d’œuvre depuis longtemps et l’idée était que s’il y avait une infrastructure académique ce serait plus intéressant pour les personnes de rester en région. Il est déjà reconnu que quand les étudiantes et étudiants en médecine font leur formation dans une région non urbaine, il y a la possibilité qu’ils et elles s’habituent aux aspects très attirants de la région et décident de rester. 

LD : Pour terminer notre entretien, pourriez-vous brièvement nous présenter le nouveau campus en Outaouais ?

SB : La construction se fait au-dessus de l’urgence de l’hôpital de Gatineau et dans le même projet, il y a une construction pour la formation en médecine de famille. Il y a donc deux étages qui se construisent simultanément : l’un pour la Faculté de médecine et l’autre pour l’enseignement de médecine de famille. Les étudiants pourront interagir avec les résidents et le professorat qui travaille dans l’hôpital. Sur l’étage où il y aura la Faculté de médecine, il y aura des salles d’enseignement qui pourront être aménagées de différentes façons pour changer la grandeur, un amphithéâtre, un lien audiovisuel avec tout ce qui se passe à McGill à Montréal, une salle de simulation, une d’anatomie et, pour les stages cliniques, les étudiants iraient soit à l’hôpital, soit dans des cliniques dans l’environnement.


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