Alors que le 8 mars nous célébrions la Journée internationale des femmes, le festival des Rendez-Vous Québec Cinéma proposait à l’affiche **Femmes des casernes**, un documentaire qui suit au plus près les pompières du Service de sécurité incendie de Montréal. La réalisatrice Louise Leroux, qui a déjà documenté la lutte anti-incendie dans **Pompiers boréals**, s’est fondue dans le monde de deux pompières et de deux recrues prêtes à tout donner pour réussir dans un milieu encore réticent à s’ouvrir aux femmes. En suivant l’action de près et en donnant la parole aux femmes, **Femmes des casernes** montre avec énergie et authenticité les victoires et les obstacles qui composent la vie de pompière.
Immersion dans les incendies
Leroux, équipée telle une pompière, apporte sa caméra et le public au cœur des interventions du SIM dans toute leur diversité, des incendies aux situations requérant des premiers soins. Les scènes tournées dans les bâtiments en flammes donnent le frisson des films d’action et témoignent des compétences hors normes des pompier·ère·s ‚de leur courage, de leur force, de leur travail d’équipe. En suivant notamment l’équipe de la pompière Mélanie Drainville, le documentaire retrace plusieurs interventions, toutes sous haute tension, qui sont autant d’occasions de montrer que les femmes peuvent exceller dans ce domaine au même titre que les hommes, contrairement à ce que prétendent les préjugés persistants.
Parcours d’obstacles
Pourtant, le parcours pour pouvoir se retrouver un jour dans une caserne est semé d’embûches. Si les pompières interrogées semblent avoir réussi à se faire une place dans leur équipe, l’inquiétude que les femmes ne soient pas suffisamment compétentes existe bel et bien. Les préjugés sur le manque de force physique des femmes ont la peau dure et les commentaires de certains hommes encore en apprentissage pour devenir pompiers témoignent d’une appréhension à travailler avec des femmes. Le test physique, qui fait partie de la série d’examens à réussir pour pouvoir porter l’uniforme, représente aussi une difficulté de taille : presque aucune femme n’arrive à le passer dans sa nouvelle version. Entre autres, il apparaît que l’épreuve n’a pas été testée sur des femmes avant d’être rajoutée au programme – preuve que les femmes ne sont pas systématiquement prises en compte dans ce milieu. **Femmes des casernes** suit deux recrues féminines à la motivation inébranlable, Justine Forget et Karine Van de Walle, alors qu’elles s’entraînent sans relâche pour passer le test. Ce n’est qu’après plusieurs tentatives ratées, des larmes et de la sueur que le·a spectateur·rice peut souffler à nouveau et célébrer avec elles ce défi relevé avec bravoure.
Inspirer le changement
Malgré ces succès individuels, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Anik St-Pierre, professeure au Collège Montmorency (où se déroule une partie de la formation), se désole de n’avoir aucune femme dans ses nouvelles volées de recrues et souligne l’importance d’avoir des exemples de réussite féminine au sein du SIM pour encourager les jeunes filles hésitant encore à devenir pompières. Est alors mis en place un programme, intitulé **Les filles ont le feu sacré**, pour encourager les filles à suivre leur vocation de pompière – un exemple d’effort proactif pour assurer la relève.
Louise Leroux suit dans son documentaire des personnalités fortes, ne pouvant que confirmer que les femmes sont capables d’exercer tous les métiers, celui de pompière en particulier. En superposant ces exemples de femmes formidables et cette profession qui doit s’adapter aux temps qui changent, le documentaire donne à voir le travail encore à faire, mais donne aussi l’espoir qu’il existe des personnes capables de tourner le service vers l’avenir. Il est temps de redoubler d’efforts pour abolir les préjugés sur la force physique féminine, pour construire un environnement d’apprentissage et de travail accueillant pour tous et toutes, et pour faire savoir aux jeunes filles qu’être pompière est une carrière qu’elles peuvent poursuivre avec passion. La présence des femmes dans les casernes doit devenir systématique, et non pas extraordinaire.