Après l’annonce du projet de gazoduc Coastal GasLink, les chefs héréditaires de la Première Nation Wet’suwet’en, dans la province de la Colombie-Britannique, ont déclaré leur opposition au projet qui devait traverser leur territoire. De nombreux mouvements de protestation ont alors émergé en solidarité à travers le pays, dont les barricades micmaques et mohawks érigées sur des chemins de fer au Québec. Depuis le 27 février, le gouvernement fédéral canadien a entamé une période de négociations avec ces chefs héréditaires .
Des bilans contradictoires
Le gouvernement fédéral et les chefs héréditaires des Wet’suwet’en sont arrivés à une entente de principe le 1er mars. Cette entente doit maintenant être proposée aux chefs de clan, responsables élus des réserves de la Première Nation. Si elle est acceptée, elle sera alors déposée au Parlement canadien. Les détails de cette entente sont gardés secrets en attendant la fin des consultations, bien que les droits ancestraux et la propriété du territoire aient été annoncés comme étant les sujets principaux de l’accord.
L’entreprise Coastal GasLink, promotrice du gazoduc devant traverser le territoire des Wet’suwet’en, a affirmé le 1er mars dans un communiqué « apprécier le dialogue qui s’est déroulé lors des derniers jours. ». Elle a aussi annoncé la reprise des travaux le lendemain, affirmant que la date d’échéance de son projet (2023) n’était pas mise remise en question par l’accord. De leur côté, les chefs héréditaires ont également dit être satisfaits de l’accord négocié avec le gouvernement fédéral. Ils ont aussi affirmé qu’ils demeurent opposés au passage du gazoduc sur le territoire de la nation autochtone. Toutefois, le 8 mars, un premier chef héréditaire, Herb Naziel, a annoncé son soutien au projet, affirmant que celui-ci pourrait mener à une augmentation du niveau de vie des populations autochtones de la région.
Levée des barricades
Les barricades érigées sur les voies ferrées du Québec par les Mohawks et les Micmac en soutien aux chefs héréditaires des Wet’suwet’en ont été maintenues jusqu’au 5 mars dans l’attente d’une confirmation de leur part que la situation était réglée. Elles ont par la suite été déplacées, libérant les chemins de fer qui ont alors pu reprendre leur service. Le premier ministre du Québec, François Legault, a annoncé être satisfait de la progression des événements, affirmant sur Twitter qu’il fallait « trouver des solutions pour que ça ne se reproduise plus ».
Les chefs de clan mécontents
Très tôt dans le conflit, les chefs de clan des Wet’suwet’en s’étaient majoritairement déclarés en faveur du projet, affirmant que les revenus engendrés permettraient de financer les programmes sociaux dans les réserves. Ils ont affiché leur déception par rapport à la démarche du gouvernement fédéral et des chefs héréditaires dans la gestion du conflit. Ils déplorent avoir été mis à l’écart des discussions entourant l’entente de principe, malgré le fait qu’ils aient été élus par les membres de leurs clans et qu’ils soient responsables de leur communauté dans divers domaines tels que la santé, le logement et la pauvreté, affirmant donc avoir toute la légitimité dans la gestion du dossier.
Après l’entente de principe, les chefs héréditaires ont accepté d’aller rencontrer la plupart des chefs de clan pour discuter de la situation. Le gouvernement fédéral a décidé de traiter avec les chefs héréditaires car ce sont eux qui, selon les traités signés avec le gouvernement fédéral, sont officiellement responsables du territoire sur lequel passe le gazoduc, plutôt qu’avec les chefs de clan qui sont responsables des réserves.