Le 30 janvier 2020, le conseil législatif de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) approuvait une motion pour l’établissement d’un plan de francisation, dont le budget serait facilité par des « frais de francisation » soumis au référendum de l’AÉUM. Cependant, le 27 mars, les résultats du référendum étaient publiés et révélaient le rejet des frais de francisation par la communauté étudiante mcgilloise.
Suite à cela, André Lametti, représentant du caucus du sénat auprès du conseil législatif et pionnier du plan de francisation, a interrogé l’exécutif de l’AÉUM sur le futur de ce plan pendant le conseil législatif du 4 avril. « [Que prévoit] l’AÉUM pour remplir ses obligations légales face à la Charte de la langue française malgré le fait que cette augmentation de frais pour mettre en place le Plan de Francisation ait échoué ? » a‑t-il demandé.
Prenant le relais, le vice-président aux finances de l’AÉUM, Sam Haward, a affirmé avoir travaillé avec l’équipe de communications pour créer le budget de l’année 2020–2021 en tenant compte des ressources disponibles. « Les choses qui ne sont probablement pas abordables, » disait-il, seraient « la traduction en direct lors des conseils [législatifs] » et « un traducteur à emploi permanent ». « Mais ce qui est possible d’intégrer au budget cette année, » affirmait-il, serait d’établir des « frais additionnels pour la traduction […] des documents de gouvernance [et] documents légaux de l’AÉUM ». En somme, il s’agirait d’éliminer l’idée d’un·e traducteur·rice à temps plein du budget pour augmenter les heures des traducteur·rice·s étudiant·e·s, ainsi que pour « mettre de côté des fonds pour des avocats et traducteurs professionnels pour la traduction des documents de gouvernance ».
« Nous sommes déjà en train de travailler à la traduction de la Constitution de l’AÉUM », tâche, assure-t-il, qui devrait être achevée « avant la fin de cette année fiscale » (soit avant juin 2020).
Dans une seconde question, Lametti a ensuite interrogé l’exécutif sur le futur rôle de la commission aux Affaires francophones. Pendant cette année 2019–2020, la commissaire aux Affaires francophones, Juliette Chesnel, s’est vue contrainte d’apporter son aide à la traduction des documents de l’AÉUM, alors que cette tâche n’est pas dans son mandat officiel. Le plan de francisation prévoyait mettre fin à cela.
Le v.-p. externe de l’AÉUM, Adam Gwiazda-Amsel, est intervenu, cette fois-ci en français, tout d’abord pour applaudir la capacité de la commissaire à « faire de multiples rôles en même temps ». Il a déclaré comprendre que la commissaire « ne voulait plus faire la traduction » et a expliqué que la source du problème avait été un « incident » qui avait fait que l’AÉUM « avait un traducteur étudiant de moins pendant l’année ». Il a cependant assuré que l’année 2020–2021, « le rôle de la commissaire sera rétabli ». La commission récupérerait alors son rôle d’organisatrice d’évènements et rassemblements liés à la francophonie et de revendications des droits bilingues face à l’Université, selon Gwiazda-Amsel.
Lametti a finalement ouvert le débat par rapport à la place de la francophonie dans l’AÉUM, mentionnant que la « motion proposant des frais de francisation est la seule à avoir été rejetée au référendum », et que « nous avons des membres de ce conseil qui ont écrit des articles décriant la Charte de la langue française, » faisant allusion à l’article publié par Jonah Fried dans le journal mcgillois The McGill Tribune.
En réponse, Sam Haward a déclaré suivre la philosophie « on est au Québec donc on parle français » dans son travail pour mettre en place le budget de l’AÉUM. « Ces documents doivent être disponibles en français indépendamment des résultats du référendum » a‑t-il ajouté. Gwiazda-Amsel s’est accordé avec Haward, déclarant son soutien à la communauté francophone. « Concernant la place du français dans l’AÉUM, » a‑t-il précisé, « c’est un peu délicat puisque de nombreux étudiants internationaux ne parlent pas le français […] et même de nombreux étudiants canadiens ne parlent pas le français ». Malgré cela, il affirme vouloir « faire en sorte que les étudiants francophones se sentent les bienvenus ».