Néancre
Si l’eau
Dévale mon corps en caresses
C’est que son amour
Est immergé d’égard
Et si je danse
Debout sur le lac
Qu’elle soutienne mes folies
Qu’elle danse aussi
Qu’elle me couvre des importuns
Si je perds pied,
Étendue-tendresse,
Ne me laisse pas couler
Je ne suis pas née ancre.
Toi qui sais être courants
Être rivières
Apprends-moi les remous.
Samedi
T’es là
À t’incruster dans mes ennuis
À t’étendre dans mes poèmes
Tu te loges entre mes poumons
Tu fais comme chez vous
Des fois j’arrête de respirer
Juste pour que tu t’en ailles
Je veux t’asphyxier
Mais c’est moi qui étouffe
Je ne savais pas que c’était possible
D’être séquestrée dans son propre corps
Tu t’agrippes à mes organes vitaux,
Les utilises comme une balançoire
Je t’entends rire dans ma cage thoracique
Je voudrais te vomir
T’expulser en jets
Ou alors
Tu pourrais suivre mes larmes
Partir par mes globes oculaires
Quitter en rivière.
Raz-de-marée
Je me suis laissée submerger
Au creux de tes eaux
Et ont refait surface
Des vagues immortelles
Que je pensais avoir oubliées
Tu viens combler
Un manque aqueux
Comme un baume
D’une douceur infatigable
Tu me rappelles que je sais flotter.