C’est à un moment où il reste peu
À l’orée des atrocités
C’est une journée magnifique
Qui récure les artères de la ville froide et lumière aseptisante la glace couvre tout
Autrement, je ne pensais plus qu’aux petites vibrations entre les fissures c’est du solide le réel ça peut onduler et s’échapper en coup de fouet me dit un vieillard lorsque je remarquai ses dents
les fissures dans ses petits restants
Immortelles saletés irregrettables son regard change il voit que je tombe dans ses chicots
antiques
Ils semblent avoir grincé mâchouillant un gobelet de plastique vide frénésie néon dans les ailes sécurisées
Où aux levers de soleil ils ornaient le trou de langue putride de l’être scindé certes mais résolument en MARCHE
et on riait ensemble au fond du caniveau
le peu qu’on avait dit-il rapiécé et rapiéçant ô le peu qu’on avait où est-il maintenant
Sûrement encore un peu plus loin encore un peu plus tard heureusement sinon on resterait ici, partagés sur un coin de rue.
— Je mange de la terre.
— Quoi ?
— Je mange de la terre, répète-t-il.
C’est fou, non ? Un homme mange de la terre et se gâche les dents et la santé pauvre petite bête de néant manque manque manque aboies-tu manque manque te manqueras-tu à toi même un jour pauvre crétin la tête en allumette tu convoites je convoite et on ne s’en défait plus et on se laisse être impunément
Je me goure, qu’il dit. Je suis à la mauvaise porte. J’ai l’air d’un rêveur en pensant qu’on ne mange plus de terre. Et pourquoi ? C’est naturel. L’humain est naturel dans son envie de manger de la terre. C’est une pulsion qu’on n’honore plus c’est honteux de vouloir s’excaver s’auto-irriguer… Ça pourrait te redresser mon vieux ! Où es-tu ces temps-ci ? Ta famille s’inquiète. Qui parles-tu ? Ça danse libre à la lisière des océanes de ta pupille. Ça danse la terre la terre enfin à nous, notre droit et notre dû. Dernier saisissement avant enfin mon os de désir, Terre de tout et de rien mais essentiellement de riens différentiels réseau désarticulé de nos propres petits riens personnels qu’on ne se garde plus de piller de toi et de moi et des uns et des autres et des uns qu’on bégaye un un c’est un seul derrière et ici c’est sa plaie.
La main du vieil homme me tenant à bout
J’ai failli glisser.