J’ai besoin des longs trajets
des marches à travers le temps
Tends-moi la rame rends-moi la faux
On ira ensemble la marée et moi
au pays où il pleut par le bas
Il pleut par en bas dans mon pays
sur les sentiers où j’ai rêvé
du pourpre des prunes et du soleil
du vignoble tressé avec le ciel
L’eau coule sur la courbe des routes
qu’on n’a jamais su aménager
me mène du bois jusqu’au champ
du champ au chantier
et quelque part sur la terrasse
entre le galet et la fête
il y a le froid
et une maison.
Moi je resterai bâtir un radeau
pour nous, ma sœur.
Nous serons enfants des couloirs.
Nous grandirons sur la corde à linge sur le poêle
sur la pointe des pieds, la porcelaine
Nous vivrons de la blancheur des pierres
du balcon derrière les étoffes fermées
les déchirures du rideau laisseront respirer
Nous serons enfants des toits croqués
par endroit et en dedans.
Nous grandirons dans les yeux des immeubles
entre le levier des fenêtres
Nous saurons cultiver les jours.
Nous serons enfants sur les murs.
Je t’apprendrai comment
accrocher ton corps à côté de la porte
dormir dans les cadres les regards
devenir un chapeau un foulard
attendre
le retour des promenades.