Le 16 octobre dernier à 19h, des centaines de militant·e·s indépendantistes québécois·es se sont rassemblé·e·s devant la statue de George-Étienne Cartier afin de commémorer les 50 ans de la crise d’Octobre. En octobre 1970, à la suite de l’enlèvement du diplomate britannique James Richard Cross et du ministre provincial du Travail Pierre Laporte par le Front de Libération du Québec (FLQ), Ottawa a mis en vigueur la Loi sur les mesures de guerre et a fait arrêter des centaines de militant·e·s nationalistes québécois·es. Cet événement a profondément marqué le Québec.
Les revendications de cette manifestation organisée par le Mouvement des Jeunes Souverainistes (MJS), un groupe qui s’est formé à la suite des dernières élections fédérales et qui regroupe aujourd’hui plus de 2 300 membres, se résumaient en quatre points :
- Retirer la statue de John A. Macdonald, premier premier ministre canadien et figure controversée en raison de ses liens à l’esclavage et au racisme ;
- Remplacer cette statue par une statue de Louis Riel, militant métis et anti-colonialiste du 19e siècle ;
- Adopter le français comme langue dans les milieux de travail ;
- Obtenir qu’Ottawa cautionne la libération des prisonniers politiques en Catalogne.
Après les discours de certain·e·s militant·e·s, dont Émile Bilodeau, auteur-compositeur-interprète québécois, la manifestation s’est déplacée à travers les rues de Montréal. Notre photographe Magali Thouvenin raconte en images.
« Aujourd’hui, on marche en l’honneur de tous ceux et celles qui ont marqué notre histoire collective. Nos demandes sont claires : nous voulons un pays libre, inclusif et […] à part entière. » – Extrait du discours d’un organisateur.
À 4h00 du matin le 16 octobre 1970, le gouvernement fédéral met en vigueur la Loi sur les mesures de guerre, qui permet aux forces policières d’arrêter et de détenir pendant 90 jours n’importe quel individu, avec ou sans mandat ou justification. Au cours de cette seule journée, environ 450 personnes ont été arrêtées, dont Gérald Godin, poète indépendantiste et futur député du Parti Québécois et Pauline Julien, autrice-compositrice engagée.
« Le FLQ, pour moi, c’est un mouvement social avant toute chose. C’est un mouvement féministe, syndicaliste […]. C’est un mouvement contre la division des classes. […] On est ici pour affirmer notre identité et pour montrer qu’un Québec libre, c’est ce qu’on veut. » – Une organisatrice de la manifestation.
Ce manifestant brandit un drapeau tricolore, une référence aux Patriotes. Ce groupe politique a soulevé deux rébellions populaires contre le pouvoir britannique en 1837 et 1838. Bien que les révoltes aient été réprimées en peu de temps, ce drapeau demeure encore aujourd’hui un symbole des aspirations nationalistes québécoises.
Certain·e·s manifestant·e·s arboraient le drapeau de la Catalogne, un geste de solidarité envers la lutte souverainiste de cette région de l’Espagne. « Le MJS est un mouvement pour les luttes d’autodétermination de tous les peuples : je parle de la Catalogne, de la Palestine, d’Écosse, des Premiers Peuples », a affirmé une membre du MJS.