Le 2 novembre dernier, quelques dizaines de manifestant·e·s, principalement des étudiant·e·s de l’Université McGill, sont venu·e·s appuyer les plaignant·e·s contre la Loi sur la laïcité de l’État (loi 21).
Adoptée le 19 juin 2019, cette loi fait suite à un long processus de débat et de législation autour de la laïcité de l’État au Québec. Son histoire commence au moment du dépôt du rapport de la Commission Bouchard-Taylor en 2008 et se poursuit avec les rejets du projet de loi 94 du gouvernement Charest en 2010 et de la Charte des valeurs québécoises du gouvernement Marois en 2013. Par la suite, l’adoption en 2017 du projet de loi 62 du gouvernement Couillard a introduit l’obligation de donner et de recevoir les services publics à visage découvert.
Controversée dès sa présentation à l’Assemblée Nationale, la loi 21 interdit le port de signes religieux par les employé·e·s de l’État en position d’autorité et aux enseignant·e·s du réseau public. Pour ses opposant·e·s, cette loi discrimine certaines minorités religieuses et limite leur accès à l’emploi.
Les opposant·e·s à la Loi sur la laïcité de l’État affichent leur solidarité, notamment envers les femmes musulmanes.
« En 2019, une injonction pour faire suspendre la loi en attendant qu’elle soit étudiée en profondeur avait déjà été rejetée par la Cour supérieure et la Cour d’appel du Québec. La loi sera cette fois étudiée sur son contenu », rappelaient les présidentes de l’Association des étudiant·e·s musulman·e·s en droit de McGill (McGill Muslim Law Students’ Association) et de la Communauté juridique radicale de McGill (McGill Radical Law Student Collective).
« Je ne suis pas libre jusqu’à ce que TOUT LE MONDE soit libre »
« Je pense que quand on sélectionne quelqu’un pour un emploi, on s’assure que la personne est compétente et impartiale. Son appartenance religieuse ne devrait pas faire partie de la question. » « C’est un combat pour l’âme du Québec », affirmaient une étudiante et un étudiant de McGill.
La manifestation s’est déroulée sans heurts. Les manifestant·e·s n’ont à aucun moment perturbé les entrées et sorties du Palais de Justice.
De nombreux médias sont venus couvrir la manifestation avant le début des audiences, dont Radio-Canada ainsi que la chaîne canadienne multilingue et multiculturelle Omni Television.
« Loi 21 = racisme systémique »
Les audiences, qui devraient durer au moins 5 semaines, donneront la parole aux différent·e·s plaignant·e·s contre la Loi sur la laïcité de l’État, dont la Fédération autonome de l’enseignement, la Commission scolaire English-Montréal et plusieurs enseignantes. Plusieurs autres organisations non-gouvernementales y exprimeront également leurs points de vue.