Le Délit a rencontré Tybalt Mooney le 20 octobre 2020 à l’occasion de la sortie de son film Déneigeuses, disponible sur la chaîne YouTube Le Délit :
Le Délit (LD): Tybalt, parle-nous de ton film qui est sorti sur la chaîne du Délit la semaine dernière.
Tybalt Mooney : Le film est né lors d’un cours de films documentaires avec Daniel Schwartz, qui nous a demandé de faire un documentaire à projeter devant les autres élèves à la fin du cours, pendant l’hiver 2019. Ensuite, je l’ai modifié et la version finale est sur la chaîne du Délit.
Déneigeuses, c’est un film qui porte d’abord sur les machines qui enlèvent la neige, c’est un film sur la neige et surtout sur le procédé de déneigement qui est organisé à Montréal. Les déneigeurs enlèvent la neige de la rue après qu’il ait neigé. Ça se fait en plusieurs étapes dans une chorégraphie très contrôlée, d’un mouvement délibéré. Le film suit donc, en quelque sorte, le chemin de la neige à Montréal.
LD : Tu es en dernière année d’études, que comptes-tu faire après ?
TM : Je vais faire un service civique à Bagnolet [commune à Paris, ndlr] à un endroit qui s’appelle le LABEC. C’est un cours d’impro ouvert au public tous les mardis soir et tout le monde peut y aller, il y a des jeunes Bagnoletais qui y vont. Avant, ils filmaient de l’impro, maintenant c’est orienté vers le cinéma. Ceux qui s’occupent du cours font des castings avec les gens de l’impro, et puis les personnes sélectionnées écrivent des courts-métrages. Moi, je dois aider pour tout ce qui est technique, les caméras, tout ça. Il y a plein de bons acteurs, et plusieurs d’entre eux sont dans Narvalo, une série sur Canal+.
LD : Parle-moi de ton nouveau projet à la Butte-aux-Cailles [quartier de Paris, ndlr]?
TM : Je suis allé à la fontaine de la Butte-aux-Cailles. Toutes les minutes, il y a au moins une personne qui vient avec des cabas de bouteilles d’eau. Il y en a qui ont l’air normal, d’autres non. Certains ne boivent que l’eau de cette fontaine, car ils pensent qu’elle est vraiment pure : c’est une eau de source, soi-disant « non polluée ». J’y suis allé avec mon pote David, qui est acteur et on leur a posé des questions : « Pourquoi êtes-vous là ? Qu’est-ce que vous faites ici ? »
LD : C’est ta méthode de prédilection ? Tu suis souvent ce genre de démarches ?
TM : L’idée, c’est que ça parte un peu sur quelque chose d’autre, je ne sais pas encore ce que c’est ou ce que ça va donner. Hier, c’était le premier jour de tournage, donc on y est un peu allés à l’aveugle. On a parlé à des gens. Une des pistes qu’on a trouvée hier qui était intéressante, c’est que c’est un lieu social, public, commun, mais où personne ne se parle. Les gens prennent leur eau et partent. On a interrogé des itinérants qui vivent là. Ils nous ont dit que, la veille, un restaurateur était venu remplir 50 litres d’eau, et que tout le monde s’embrouillait. Les gens qui vont chercher de l’eau n’ont pas l’air de bonne humeur. Je ne sais pas à quel point la COVID joue un rôle dans tout ça.
« Au montage final, et seulement à partir de là, il me semble que j’écris l’histoire du film »
LD : Préfères-tu tourner les scènes d’abord et donner une direction au film ensuite par le biais du montage ?
TM : Je trouve des idées pendant que je tourne. Je filme énormément et je vois ce que ça donne. Au montage final, et seulement à partir de là, il me semble que j’écris l’histoire du film. Ce n’est qu’à ce moment que le film prend une direction.
Vous pouvez visionner le court-métrage Déneigeuses sur la chaîne du Délit.