Les 16 et 19 novembre dernier, l’administration de l’Université McGill a convié les médias étudiants à des conférences de presse au sujet du projet du Nouveau Vic. Les journalistes du Bull & Bear, du Délit et du Tribune ont pu poser leurs questions au Pr Bruce Lennox (doyen de la Faculté des sciences et responsable académique du projet du Nouveau Vic) et à Carole Graveline (directrice des Relations communautaires).
Interdisciplinarité et développement durable
Géré par la Société québécoise des infrastructures (SQI), le complexe de l’ancien Hôpital Royal Victoria, inauguré en 1893, est vacant depuis 2015. Une partie de ce vaste site de 13 hectares a été confiée à l’Université McGill, qui compte en revitaliser l’espace et y redonner une vocation en y créant un pôle de recherche et d’enseignement axé sur deux piliers : les systèmes de développement durable et les politiques publiques.
Le nouveau complexe mcgillois, dont l’inauguration devrait avoir lieu en 2028, privilégie une approche interdisciplinaire et innovatrice pour l’enseignement, l’apprentissage et la recherche qui y prendront place. Le doyen Lennox a souligné le large éventail de domaines desquels seront issu·e·s les professeur·e·s, étudiant·e·s et chercheur·se·s qui y évolueront : sciences, géographie, ingénierie, économie, sociologie, etc. Toutes leurs activités seront néanmoins associées au thème central du projet du Nouveau Vic : la durabilité. Selon le doyen Lennox, le nouveau complexe sera une excellente opportunité pour des étudiant·e·s de différentes disciplines de travailler ensemble, « coude à coude », afin de résoudre les mêmes problèmes, créant ainsi une nouvelle communauté de savoirs partagés.
La durabilité se situe au cœur du projet du Nouveau Vic tant sur la forme que sur le fond. Selon le doyen Lennox, non seulement sera-t-elle centrale aux activités de recherche et d’enseignement, mais le nouveau complexe sera également construit en accordant une importance primordiale aux principes du développement durable. En effet, le projet mcgillois ciblera des certifications LEED « or » et WELL, reconnaissant respectivement un souci de la lutte contre les changements climatiques et un respect des principes de santé et de sécurité.
« Nous passons de la parole aux actes dans la manière dont nous construisons ce bâtiment »
Pr Bruce Lennox
Le Délit a interrogé le doyen Lennox sur la conciliation entre la volonté affirmée par l’administration universitaire de s’engager dans la voie du développement durable et le refus persistant de l’Université McGill de se désinvestir du secteur des énergies fossiles. Dans sa réponse, le doyen Lennox a affirmé qu’il ne voyait aucune contradiction entre ces deux éléments. Il a affirmé que McGill, en s’engageant à explorer et à exploiter de nouvelles sources d’énergie avec le projet du Nouveau Vic – dont 200 puits géothermiques qui seront développés sur le site – faisait un investissement cohérent avec les attentes environnementales en s’engageant à réduire son utilisation d’énergies fossiles. « Nous passons de la parole aux actes dans la manière dont nous construisons ce bâtiment », a‑t-il affirmé.
Collaboration et consultation
Le doyen Lennox a souligné l’importance de la collaboration et de la consultation dans le cadre du développement du projet du Nouveau Vic. Étant un élément phare de la topographie du Mont-Royal et situé dans un endroit emblématique et central de Montréal, ce site déclaré patrimonial par le gouvernement du Québec revêt une grande importance pour de nombreux acteurs extérieurs à la communauté mcgilloise.
Ainsi, le doyen Lennox a fait état de rencontres et de communications régulières entre l’Université McGill et des acteurs tels que les Amis de la montagne, la Ville de Montréal, le Ministère de la Culture et des Communications du Québec, le Ministère de l’Enseignement supérieur et la SQI. Des consultations publiques organisées par l’administration montréalaise devraient avoir lieu au printemps prochain au sujet de l’ensemble du site de l’ancien Hôpital Royal Victoria, dont le projet mcgillois du Nouveau Vic n’est qu’un volet. Le doyen Lennox a été questionné sur comment l’Université McGill comptait accorder son projet avec la création, dans un pavillon non-mcgillois du site, d’un premier refuge avec consommation d’alcool pour les personnes en situation d’itinérance. Dans sa réponse, il a affirmé que bien que l’Université McGill souhaite des relations harmonieuses avec et appuie ce projet visant à soutenir ces membres de la communauté montréalaise, cet enjeu se situe au-delà de son champ de juridiction et elle ne peut contribuer à ce projet.
La rétroaction de la communauté universitaire mcgilloise est également un élément-clé du développement du projet du Nouveau Vic, aux dires du doyen Lennox. Il a notamment fait état d’assemblées publiques au sein de l’Université en septembre 2019 et de rencontres avec des leaders des groupes étudiants au cours de l’automne 2020. Des séances d’information avec différents secteurs universitaires auraient également été planifiées pour les semaines suivant les conférences de presse des 16 et 19 novembre 2020. Le doyen Lennox a d’autre part souligné la multiplicité des groupes de travail – ils sont au nombre de 13 – dédiés au projet du Nouveau Vic. Il a aussi affirmé l’importance des médias étudiants afin d’informer la communauté universitaire de l’évolution du projet, réitérant son intention de donner des mises à jour régulières à la presse étudiante.
Revalorisation patrimoniale et environnementale
En ce qui a trait à l’architecture du projet du Nouveau Vic, le doyen Lennox a souligné la nécessité de simultanément préserver et renouveler cet énorme espace – une taille équivalente à celle de deux pavillons Stewart des sciences biologiques – dont les plus vieux éléments remontent au 19e siècle. Tout en y construisant des laboratoires à la fine pointe de la technologie, McGill souhaite agencer cette modernité avec la valeur patrimoniale du site et avec sa proximité au Mont-Royal. Il sera question, notamment, d’y installer des toits verts, de maximiser la lumière naturelle et de permettre l’accès à la montagne grâce à un immense escalier extérieur. L’ancienneté du site et le fait qu’il soit situé sur les flancs de la montagne posent des défis quant à l’accessibilité universelle du projet du Nouveau Vic, mais le doyen Lennox a témoigné de sa confiance envers les firmes d’architecture chargées du projet, ces dernières ayant conçu des bâtiments universitaires à travers l’Amérique du Nord.
Enfin, le doyen Lennox a affirmé à de nombreuses reprises l’importance de créer des espaces informels au sein de ce nouveau complexe, permettant le travail et les rencontres entre étudiant·e·s. Cet objectif serait atteint grâce à la conception d’une aire centrale et ouverte favorable non seulement à l’étude, mais également aux discussions, aux échanges et à la détente.