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Les conditions d’habitation étudiante ignorées

Le sondage PHARE 2021 jettera la lumière sur la précarité d’habitation en milieu universitaire.

Julie-Anne Poulin | Le Délit

Le 25 janvier dernier, l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) a lancé un sondage pancanadien sur les conditions d’habitation des étudiantes et étudiants : la Prospection des habitudes et aspirations résidentielles étudiantes 2021 (PHARE 2021). L’objectif de cette enquête est de mesurer les effets de la pandémie sur les conditions d’habitation étudiantes et ainsi combler les « limites méthodologiques » de Statistique Canada, qui mèneraient à l’exclusion de la communauté étudiante universitaire de ses données.

Le marché privé : un risque 

L’UTILE est un organisme à but non lucratif qui vise à diminuer la précarité résidentielle étudiante. Les personnes consacrant plus de 30% de leur revenu net à leurs frais résidentiels sont considérées comme vivant en précarité résidentielle ; plus de 50%, en précarité résidentielle sévère. Selon ces standards établis par Statistique Canada, l’UTILE estimait en 2017 qu’environ 20% des étudiants et étudiantes universitaires sur le marché locatif privé étaient en situation de précarité résidentielle, en prenant en compte le support financier familial et les bourses d’études. Selon Laurent Levesque, cofondateur et directeur général de l’UTILE, la précarité de logement est une cause d’endettement pour la communauté étudiante et limite ses moyens qui pourraient lui servir à combler ses autres besoins, comme l’alimentation, les loisirs et l’épanouissement personnel. Il a aussi mentionné au Délit la possibilité que cette situation puisse affecter négativement leurs résultats scolaires.

«[…] l’UTILE estimait en 2017 qu’environ 20% des étudiants et étudiantes universitaires sur le marché locatif privé étaient en situation de précarité résidentielle, en prenant en compte le support financier familial et les bourses d’études »

Le manque de logements étudiants en force plusieurs à se déplacer vers le marché locatif privé, ce qui les mettrait en situation vulnérable, a affirmé le directeur-général de l’organisme. Non seulement les loyers de ces logements sont-ils plus élevés que ceux des résidences étudiantes, mais ils augmentent rapidement en raison du marché environnant. En 2017, l’UTILE estimait que 60% des étudiants et étudiantes du Québec habitaient sur le marché locatif privé. Cette réalité, la communauté de l’Université McGill la connaît bien, a souligné Laurent Levesque : on y trouve la plus haute proportion d’étudiantes et étudiants vivant dans des logements loués au privé et la population étudiante mcgilloise paierait les loyers les plus chers au Québec. L’UTILE se consacre à l’établissement de logements dédiés à la communauté étudiante afin d’offrir une alternative à ce marché privé.

→ Voir aussi : Les finances étudiantes à risque

Un double objectif : développement et financement

À travers le monde, de nombreux projets de logements étudiants nés pour ces raisons ont inspiré l’UTILE dans ses démarches. WOKO, une coopérative suisse citée en exemple par l’UTILE, offre 3500 logements étudiants à travers la ville de Zurich. En 2019, l’UTILE a lancé la construction de la Note des bois, qui offre 90 logements étudiants de divers formats en partenariat avec l’Union des étudiants et étudiantes de Concordia. Situé près du campus du centre-ville, le bâtiment a pour vocation d’offrir des logements de bonne qualité à plus bas coûts que ceux du marché locatif privé. Outre développer des logements étudiants, l’UTILE veut pousser les gouvernements provincial et fédéral à financer davantage les projets de logements étudiants. L’insuffisance du financement actuel serait entre autres attribuable aux limites méthodologiques de Statistique Canada dans son évaluation de la précarité de logement. Par exemple, les étudiants et étudiantes universitaires qui rentrent vivre chez leurs parents deux mois par année sont considérés comme habitant à temps plein au domicile familial par l’organisme fédéral. Ce dernier ne considère pas que la communauté étudiante ait des « besoins impérieux de logement », car le fait d’être aux études est considéré comme un état de précarité temporaire. Pour Laurent Levesque, ces déterminations de Statistique Canada sont en partie infondées, car le besoin en logements étudiants est bel et bien « réel » et les conséquences de cette pénurie sont multiples pour les populations étudiantes concernées.

Les résultats du sondage PHARE 2021 seront rendus publics à l’automne.


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