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Les associations étudiantes québécoises face à la pandémie

Les associations étudiantes du reste du Québec doivent s’adapter à la nouvelle réalité, alors que les campus sont vides depuis plusieurs mois et qu’une réouverture graduelle s’entame.

Adélia Meynard | Le Délit

La fermeture des campus depuis le mois de mars 2020 a grandement percuté les étudiant·e·s du Québec ainsi que les associations qui les représentent politiquement et leur offrent de nombreux services. Bien que la virulence de la pandémie ait varié d’une région à l’autre, aucune institution d’enseignement supérieur n’a été épargnée : l’ensemble des associations étudiantes ont dû s’adapter aux nouvelles mesures en vigueur sur leurs campus respectifs. Le Délit s’est virtuellement rendu à la rencontre d’associations étudiantes à travers le Québec afin d’établir un portrait de la situation à l’aube de la réouverture progressive des universités et des cégeps.

→ Voir aussi : Réouverture progressive du campus à l’Université McGill.

Une pléthore de services affectés

La fermeture des campus et les mesures sanitaires en vigueur ont inévitablement obligé les associations étudiantes à reconsidérer et à moduler leur offre de services aux étudiant·e·s. Sandrine Desforges, secrétaire générale de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM), a confirmé au Délit que la pandémie a grandement influencé les services de l’association. Par exemple, le service de garderie de la FAECUM offert aux parents-étudiant·e·s a fermé ses portes au printemps dernier. La demande actuelle pour le service – qui a repris à l’automne selon un horaire réduit – demeure faible, car la majorité des usager·ère·s habituel·le·s suivent leurs cours en prestation virtuelle. L’Association générale des étudiant·e·s de l’Université du Québec à Trois-Rivières (AGE-UQTR), qui opère une halte-garderie similaire, a affirmé que le service devrait reprendre prochainement.

« Bien que les associations étudiantes d’établissements en zone orange puissent rouvrir graduellement leurs services, celles en zone rouge sont encore limitées dans ce qu’elles peuvent entreprendre »

L’offre alimentaire des associations étudiantes a également écopé des mesures sanitaires. En mars 2020, le mouvement des associations générales étudiantes de l’Université du Québec à Chicoutimi (MAGE-UQAC) n’a eu d’autre choix que de fermer sa cafétéria, son service de traiteur, son dépanneur l’Escale ainsi que le BarUQAC. Avec le récent passage en zone orange du Saguenay-Lac-Saint-Jean, l’Escale a toutefois pu reprendre ses activités le 8 février dernier.

Bien que les associations étudiantes d’établissements en zone orange puissent rouvrir graduellement leurs services, celles en zone rouge sont encore limitées dans ce qu’elles peuvent entreprendre. Le café-bistro La Chasse-Galerie de l’AGE-UQTR demeure fermé pour l’instant. À la FAECUM, sur une vingtaine de cafés étudiants opérés par les associations départementales, seuls trois se sont prévalus de la possibilité d’ouvrir leurs portes et ce, seulement pour les commandes à emporter, les salles à manger des restaurants demeurant fermées en zone rouge. Les associations départementales souhaitant rouvrir leurs cafés peuvent compter sur l’aide de la FAECUM, notamment en ce qui a trait à la commande de matériel de protection.

L’accès aux locaux variable

Les modalités d’accès aux campus diffèrent d’un établissement à l’autre. À l’Université de Montréal, l’accès aux pavillons est très limité. Les locaux associatifs demeurent accessibles mais seulement pour permettre aux associations de récupérer leur matériel. Il était toutefois très important pour la FAECUM d’accueillir ses étudiant·e·s sur le campus à la session d’automne. La fédération a donc insisté pour que des activités d’accueil en présentiel puissent se dérouler tout en respectant les mesures sanitaires en vigueur. 

En mars 2020, le MAGE-UQAC s’est retrouvé pris au dépourvu lorsque l’Université a complètement fermé ses portes, empêchant ainsi l’association d’accéder à des documents demeurés dans ses locaux du campus. Afin d’éviter qu’une situation similaire ne se reproduise à la session d’automne, le MAGE-UQAC a déménagé ses bureaux dans un édifice du centre-ville de Chicoutimi afin de poursuivre ses activités sans encombre. 

À l’Association générale des étudiantes et étudiants du Cégep de Chicoutimi (AGEECC), on nous indique que l’administration s’est montrée très collaborative en permettant aux étudiant·e·s d’emprunter des classes transformées en espace d’études. L’AGEECC jouit également de la possibilité de garder ses locaux ouverts, notamment pour la prestation de services comme l’imprimerie. Puisque les exécutant·e·s tout comme leurs collègues étudiant·e·s poursuivent leur formation majoritairement virtuellement, les services de pédagogie, notamment, sont surtout accessibles en ligne. Alors qu’on pouvait s’attendre à des difficultés dans le recrutement de candidat·e·s aux élections et dans l’organisation des assemblées générales à la dernière session d’automne, le président de l’AGEECC, Émile Simard, affirme au contraire que l’intérêt était présent – l’association ayant tenu de vraies élections comptant plusieurs candidat·e·s ainsi que des assemblées atteignant toujours leur quorum.

Maintenir le contact avec la population étudiante

Au-delà de la prestation de services, l’absence d’étudiant·e·s sur les campus amène de nombreux défis à relever aux associations étudiantes. « Ce fut un coup d’être coupé du campus », dit Antoine Bélisle-Cyr, président de l’AGE-UQTR. La présence des étudiant·e·s à l’université leur permet de découvrir l’association. À défaut de pouvoir se faire connaître pour ses services, M. Bélisle-Cyr explique que l’AGE-UQTR a été très active sur le plan politique. L’arrivée de la prestation virtuelle a contribué à créer des cas pédagogiques inédits nécessitant une plus grande présence virtuelle de l’association dans ce domaine – l’objectif étant d’assurer une défense efficace des membres. Les défis sont nombreux au MAGE-UQAC. Le secrétaire général Alexis Diard rappelle que le MAGE-UQAC est habituellement très présent sur le campus. Les étudiant·e·s ont l’habitude de venir directement aux bureaux du centre social pour poser directement leurs questions aux exécutant·e·s.

« Les associations travaillent à offrir une vie étudiante malgré tout, notamment à travers des activités virtuelles et des spectacles »

Les associations restent toutefois en contact avec leurs membres. Les courriels permettent de conserver un certain lien avec les étudiant·e·s, explique M. Diard. Les associations travaillent à offrir une vie étudiante malgré tout, notamment à travers des activités virtuelles et des spectacles. La soirée de lancement du carnaval de la FAECUM s’étant déroulée le 18 janvier dernier a réuni 700 étudiant·e·s simultanément sur Zoom, tandis que deux des associations du MAGE-UQAC ont organisé, pour la rentrée d’hiver 2021, un spectacle virtuel animé par l’humoriste Rosalie Vaillancourt.


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