Sage est une marque de streetwear fondée en 2017 par Victoria Kwok, Rulin Nie, Mike He et Yu Tong Liu, quatre étudiant·e·s montréalais·es. La marque est née d’un désir de promouvoir la culture populaire asiatique à Montréal en plus de rendre hommage à l’héritage culturel des Asiatiques de la métropole. Le Délit a rencontré Mike He, l’un des quatre fondateurs et fondatrices de Sage, afin de discuter de leur prochaine collection.
Le Délit (LD): Votre dernière collection était accompagnée d’une galerie virtuelle interactive coréalisée avec Underdog, une plateforme qui promeut le multiculturalisme artistique local. Avez-vous un projet similaire pour votre prochaine collection ?
Mike He (MH): Non (rires, ndlr). Sage est axée sur la création et sur l’innovation ; nous essayons de rendre chaque collection unique. Notre prochaine collection explorera l’univers du KTV [karaoké télévisé en salle privée]. Notre équipe technique prépare présentement un système de karaoké interactif qui sera lancé sur notre site Internet en même temps que la nouvelle collection.
« Notre équipe technique prépare présentement un système de karaoké interactif qui sera lancé sur notre site Internet en même temps que la nouvelle collection »
Lorsque les gens accèderont à la plateforme, une liste de chansons chinoises, japonaises et anglophones leur sera présentée. Ensuite, ils devront choisir une chanson et la chanter ! Des points leur seront accordés à chaque fois qu’ils atteindront les bonnes notes ou chanteront les bonnes paroles. Un palmarès des meilleures performances sera présenté à la fin de l’expérience.
LD : Pourquoi avoir choisi d’explorer le karaoké ?
MH : Nous avons fondé Sage parce que la mode locale ne reflétait pas vraiment notre héritage culturel. Le KTV était une partie intrinsèque de nos vies avant la pandémie et nous voulions rendre hommage à cette activité pilier de la culture populaire asiatique.
La nouvelle collection centrée autour du karaoké s’intitulera Sage and Friends Have a Good Time at KTV et mettra en vedette nos artistes préféré·e·s du KTV ; Teresa Teng, les Backstreet Boys, Jay Chou, etc. Je n’ai pas encore la date exacte du lancement puisque nous sommes en plein processus de production, mais la collection devrait être dévoilée en février !
LD : À quoi ressembleront les vêtements de votre nouvelle collection ?
MH : Il y aura beaucoup de chandails et de kangourous. Pour cette collection, nous avons mis l’accent sur les textures et les tissus ; nous voulions travailler avec des tissus durables aux textures originales. Plusieurs vêtements seront très doux, d’autres, assez épais et certains morceaux auront aussi une agréable rigidité.
« Pour nous, le plus important n’est pas de mettre de l’avant les quatre lettres de Sage, mais bien d’utiliser notre plateforme pour explorer des thèmes qui reflètent notre héritage asiatique ; que ce soit Sun Wukong cet été ou le KTV cet hiver »
LD : Comment se déroule le processus de production d’une collection Sage ?
MH : Nous commençons toujours par choisir un thème. Pour nous, le plus important n’est pas de mettre de l’avant les quatre lettres de Sage, mais bien d’utiliser notre plateforme pour explorer des thèmes qui reflètent notre héritage asiatique ; que ce soit Sun Wukong cet été ou le KTV cet hiver. Nous dessinons ensuite des esquisses en lien avec le thème, puis nous choisissons celles que nous allons imprimer. Malheureusement, pour une compagnie de notre niveau, il est extrêmement difficile de fabriquer nos vêtements au Canada. Cependant, la conception de toutes les collections se fait localement et nous avons notre propre machine de presse à chaud et tout le matériel nécessaire pour effectuer des impressions sérigraphiques. Nous imprimons donc nous-mêmes nos collections à Montréal. Produire nos vêtements de façon entièrement locale est l’une de nos aspirations futures.
LD : Pourquoi avoir choisi d’explorer le style vestimentaire de la mode de rue (« street fashion »)?
MH : C’est un peu plus par contrainte que par choix (rires, ndlr). Toute l’équipe de Sage a évidemment un grand intérêt pour le streetwear, mais c’est aussi un style plus accessible. Par ses modèles relativement simples, tels que les chandails, les kangourous et les sacs canevas, le streetwear nous permet une plus grande liberté artistique puisque nous pouvons nous concentrer davantage sur la conception d’illustrations graphiques.
LD : Trois des quatre fondateurs et fondatrices de Sage, Victoria Kwok, Rulin Nie et toi, êtes des étudiant·e·s mcgillois·es. Votre parcours à McGill a‑t-il influencé votre vision de la compagnie ?
MH : Nos majeures ont beaucoup aidé. Rulin, par exemple, étudie en finances à Desautels et ses cours l’ont énormément outillé ; il s’occupe de la planification budgétaire et de la rédaction des relevés bancaires de Sage. Victoria étudie en économie à la Faculté des arts, mais elle est plus responsable des illustrations graphiques. Elle est extrêmement talentueuse ; plus de 60% de nos illustrations graphiques sont créées par Victoria. De mon côté, ma majeure en marketing m’aide beaucoup à analyser nos stratégies de promotion. Sage nous permet aussi d’acquérir de nouvelles connaissances qui nous aident, à leur tour, dans nos cours de gestion.
LD : Selon toi, quel est le statut de la mode de rue au sein de la communauté asiatique montréalaise ?
MH : Je dirais que le streetwear touche principalement deux groupes. D’un côté, il y a les étudiant·e·s asiatiques internationaux·ales, qui suivent davantage la mode de rue d’Asie, plus axée sur un intérêt pour les marques de haute couture. Ensuite, il y a les jeunes adultes asiatiques qui vivent à Montréal depuis longtemps ou encore qui y sont né·e·s. Beaucoup d’Asiatiques montréalais·es aiment aussi porter des vêtements des grandes marques, mais je trouve que nous sommes de plus en plus conscientisé·e·s par le message véhiculé par nos vêtements ; les marques locales, écologiques ou encore associées à certaines causes sociales sont de plus en plus populaires.
La nouvelle collection Sage sera disponible sur leur site Internet ce mois-ci.
Vous pouvez également suivre la page Instagram de la compagnie et vous initier à la conception graphique à l’aide de leur terrain de jeu virtuel.