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Septembre poésie

Le Délit vous présente quelques parutions récentes en poésie québécoise.

Adélia Meynard | Le Délit

il faut te trouer encore

tu es une passoire

tes cernes coulent sur le plancher

le vent te traverse en sifflant

Camille Paré-Poirier

Dis merci, Camille Paré-Poirier (Ta Mère)

Dis merci raconte en s’affranchissant de la prose ; il va droit à l’essentiel. Honnête, réel, le recueil suit Camille et s’adresse à elle à travers un tu douloureusement vrai, de ses douze à ses vingt-trois ans. Camille est diagnostiquée, à l’aube de l’adolescence, d’une tumeur à la moelle épinière ; à douze ans, son corps ne lui appartient subitement plus. Tout en soulevant des questions sur l’écriture de soi, Dis merci livre un narratif de manière franche et décomplexée.

courir dehors et tout prendre

tout perdre à gorge déployée

les portes grandes ouvertes

les mains pleines d’espace

la bouche remplie de joie et de tiges sauvages

Anick Arsenault

Habitantes, Anick Arsenault (L’Écrou)

Avant-dernière parution des Éditions de l’Écrou, Habitantes creuse les souffrances d’une femme, celles qu’apportent toutes les facettes de l’identité. La voix du recueil creuse l’individuel tout autant que le collectif ; elle est vulnérable et solidaire. L’imaginaire déployé est large mais garde le cap, convoque habilement l’urbain et le naturel, les fait se côtoyer, cohabiter l’un dans l’autre. Les images sont plurielles, comme les expériences du je qui y prend parole.

Comme il

doit être doux

ce luxe

de se voir partout

pour ne pas avoir à écrire

sur soi

Elkahna Talbi 

Pomme Grenade, Elkahna Talbi (Mémoire d’encrier)

Le deuxième recueil d’Elkahna Talbi porte un regard doux, mais critique sur l’identité, les relations amoureuses et le politique. Les vers sont courts et intimes, dans un souffle à la fois direct et délicat, tout en musicalité. Le lien entre intime et politique est paradoxal ; le recueil le convoque avec justesse, questionnant notamment la représentation des femmes racisées dans la culture populaire romantique. Les enjeux sociaux y côtoient néanmoins les expériences amoureuses en toute subtilité.

ce n’est pas un appartement

mais une futaie d’échardes

s’éternisant à croire

en nos mythes ensemencés

nous inexploitables

déférés à la logique par le vocabulaire total

je veux t’avoir sur le bout de la langue

passer la nuit à te chercher

Thomas Windisch

Mécanique élémentaire, Thomas Windisch (Poètes de brousse)

Mécanique élémentaire est dense de l’imaginaire foisonnant du je qui s’exprime. Une relation prend vie dans le recueil et convoque le quotidien de manière étonnante, demandant toute l’attention de la personne qui lit. Ce sont les choses voilées, la sensibilité des éléments concrets au jour le jour qui sont creusés, puis confrontés à la part de grandeur que peuvent contenir les premières heures du matin, dans un habile jeu de balancier.


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