Le 18 septembre dernier a eu lieu la première table ronde virtuelle du Festival Stop Motion Montréal intitulée Productions stop motion autochtones : voix et images. La table ronde, présentée gratuitement et en direct sur la page Facebook du festival, a réuni l’artiste multidisciplinaire métisse Terril Calder, la cinéaste et productrice métisse/saulteaux Melanie Jackson, le cinéaste inuit Zacharias Kunuk et le réalisateur et producteur canadien Neil Christopher dans une discussion modérée par la réalisatrice innue Jani Bellefleur-Kaltush. Trois membres du comité organisateur du Festival Stop Motion Montréal participaient également à la discussion.
Textures et libertés
Plusieurs panélistes ont expliqué que la grande liberté artistique accordée par le film stop motion et les textures des personnages et des décors les ont amené·e·s à choisir ce médium. Pour son court-métrage « Angakusajaujuq – The Shaman’s Apprentice », couronné meilleur court-métrage canadien au Festival international du film de Toronto, Zacharias Kunuk explique que le stop motion lui a permis d’accéder à l’imaginaire du rêve de façon plus simple et complète que lorsqu’il travaille avec des comédiennes et comédiens.
Selon Terril Calder, le stop motion permet aussi de mieux communiquer la structure orale et le rythme des légendes racontées par les aîné·e·s de sa communauté, car le médium offre la possibilité de créer des œuvres sans structure narrative. Melanie Jackson a ensuite souligné l’importance d’utiliser le cinéma pour sensibiliser et éduquer les gens. La diversité à l’écran encourage de jeunes autochtones à partager à leur tour leurs histoires, a‑t-elle ajouté.
Diffusion autodéterminée
Les panélistes ont ensuite discuté des difficultés de télédiffusion rencontrées par les cinémas stop motion autochtones. Les barrières sont doubles ; Neil Christopher a notamment expliqué que les diffuseurs hésitent souvent à accepter des œuvres filmées en stop motion sous le prétexte qu’elles sont « belles, mais pas commerciales » et que les diffuseurs intéressés par les histoires autochtones désirent souvent que ces dernières soient racontées et adaptées dans un format préétabli qui ne correspond pas toujours à la façon dont les artistes autochtones veulent diffuser leurs récits. Terril Calder a alors souligné la « grande victoire » que représentait la création du Bureau de l’écran autochtone, fondé en 2017 afin de « soutenir la souveraineté narrative autochtone à l’écran ».
Même si les participant·e·s s’entendaient toutes et tous pour dire que l’industrie cinématographique a amélioré son accessibilité dans les vingt dernières années, Terril Calder a exprimé ses réserves par rapport aux nouvelles opportunités artistiques disponibles pour les artistes autochtones, car elle explique que ces opportunités demeurent très souvent temporaires et limitées. Selon elle, les artistes et les jeunes autochtones doivent tirer des bénéfices de l’attention publique présentement accordée à la « réconciliation » et s’assurer de rapidement utiliser les opportunités qu’elle présente afin de se créer des outils pour le futur. Neil Christopher a clos la table ronde en encourageant les personnes intéressé·e·s par la souveraineté autochtone télévisuelle à écrire à leurs distributeurs locaux. Cela permettrait ainsi de les sensibiliser aux barrières rencontrées par les cinéastes stop motion autochtones.
Vous pouvez visionner plusieurs œuvres des cinémas stop motion autochtones sur le Réseau de télévision des peuples autochtones.