Au cours de sa réunion du 14 octobre dernier, le conseil législatif de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) a encore débattu au sujet du Nouveau Vic. Des motions ont été adoptées, notamment pour la création d’un fonds de solidarité queer et pour une modification au mandat du Comité aux affaires francophones. Le conseil a également reçu des représentant·e·s du Bureau de développement durable de McGill.
Zizanie à l’AÉUM
En début de réunion, le vice-président aux Affaires externes Sacha Delouvrier a souhaité expliquer clairement les raisons de l’opposition de l’AÉUM face au projet du Nouveau Vic, qui consiste en l’acquisition d’une partie de l’ancien hôpital Royal Victoria par McGill. Le v.-p. a affirmé que le projet contribue à « la crise du logement, la crise climatique et la crise financière » et qu’il s’inscrit en continuité avec le colonialisme, sans toutefois donner plus de précisions. Rappelant que le bâtiment accueille des personnes en situation d’itinérance depuis le mois d’août 2020, le v.-p. a réitéré la demande de l’AÉUM que le service à la communauté demeure un aspect important du site. Il a par exemple évoqué la possibilité que certaines sections de l’ancien hôpital soient converties en logements abordables pour la communauté étudiante en collaboration avec l’Unité de travail pour l’implantation de logements étudiants (UTILE). Il a également tenu à préciser que l’AÉUM ne s’oppose pas à ce que McGill utilise le bâtiment pour y accueillir des laboratoires de recherche ou des salles de classe ; l’association souhaite toutefois que les sections utilisées par l’Université appartiennent à des organismes publics, sinon à but non lucratif afin d’éviter une privatisation.
« Rohan Bhuktar a aussi affirmé que le directeur académique du Nouveau Vic, Bruce Lennox, s’est dit ouvert à l’idée de répondre aux questions de l’AÉUM devant le conseil législatif mais n’a jamais reçu d’invitation »
Les propos du v.-p. aux Affaires externes ont été accueillies avec scepticisme par certain·e·s membres de l’assistance. Le président de l’Association étudiante de la Faculté des sciences, Rohan Bhutkar, a rappelé que l’Université avait informé la communauté étudiante du projet dès 2017 et qu’elle a tenu de nombreuses séances de consultation publique à ce sujet depuis. Il a aussi affirmé que le directeur académique du Nouveau Vic, Bruce Lennox, s’est dit ouvert à l’idée de répondre aux questions de l’AÉUM devant le conseil législatif mais n’a jamais reçu d’invitation. En réponse, Sacha Delouvrier a affirmé que l’administration mcgilloise s’est révélée incapable de fournir la liste des organismes consultés et les rapports de consultation, ce qui trahirait le désintérêt de McGill envers l’opinion du public.
Rohnan Bhutkar et le représentant de la Faculté de médecine Benson Wan ont soutenu que l’opposition de l’AÉUM au projet du Nouveau Vic nuit à la recherche en développement durable de l’Université. Les deux ont rappelé que les nouveaux locaux accueilleront des chercheur·se·s dans ce domaine. Ces chercheur·se·s sont pour l’instant situé·e·s au campus MacDonald et doivent interrompre leurs activités chaque année en raison d’un manque d’espace, a affirmé Benson Wan.
Rapport du Bureau du développement durable
François Miller, directeur exécutif du Bureau du développement durable de McGill, et Megan Toth, directrice à la durabilité, ont été invité·e·s à la séance du conseil législatif afin de présenter le Fonds des projets de durabilité (FPD). Créé en 2010, le fonds finance des projets de développement durable initiés par la communauté mcgilloise. Il a jusqu’à présent alloué au-delà de 10 millions de dollars à plus de 275 projets. Selon François Miller, le FPD est le plus grand fonds de son genre au Canada. Ses revenus proviennent à la fois des étudiant·e·s de l’Université qui y participent à hauteur de 0,75 dollars par crédit et de McGill elle-même qui égale la contribution étudiante.
Bien que les mesures contre la COVID-19 aient nui à la réalisation de certains projets financés par l’organisme, Megan Toth note que de nombreuses initiatives ne requérant pas de présence physique ont tout de même vu le jour. Dans la dernière année, 25 projets ont ainsi reçu du financement allant de 300 dollars à 400 000 dollars. « Nous sommes fier·ère·s de cet outil qui met en valeur la collaboration entre les étudiant·e·s et l’Université », a déclaré le directeur exécutif du Bureau du développement durable.
Fonds de solidarité queer
Le·a commissaire au genre et à la sexualité Grey Cooper a présenté une motion pour la création d’un fonds de solidarité queer qui soutiendra les étudiant·e·s queer qui en feront la demande dans leurs dépenses essentielles comme le loyer et l’épicerie. Ce fonds sera financé avec l’ajout d’un frais obligatoire de 1,09 dollars par session pour les membres de l’AÉUM. Selon Grey Cooper, le fait que des frais obligatoires existent déjà pour supporter financièrement d’autres minorités, mais pas les personnes queer, justifie la création d’un nouveau frais. Le conseil n’a pas encore déterminé les critères d’éligibilité – par exemple, comment déterminer qu’une personne est queer – ni comment elle assurera la confidentialité de cette information. La motion a été adoptée à l’unanimité.
Comité des affaires francophones
La v.-p. aux Affaires internes Sarah Paulin a présenté la Motion concernant des changements au Comité des affaires francophones (CAF). Cette motion modifie le mandat du comité pour y inclure la défense des droits des francophones de McGill et ajoute à la composition de l’équipe deux membres de l’extérieur de l’AÉUM. Sarah Paulin a déclaré au Délit que ce changement est le produit d’une collaboration étroite entre l’AÉUM et les commissaires du CAF depuis un an. Après quelques questions, la motion a été adoptée à l’unanimité.