Vous trouverez, dans les prochaines pages, les cinq textes finalistes de la troisième édition du concours de poésie organisé par Le Délit. Le·a gagnant·e sera annoncé·e lors de notre édition du 24 novembre et se méritera le recueil de poésie Les univers parallèles de Laurie Bédard, gracieusement offert par la librairie Alire.
***
Catherine Légaré
Le corps au calme
Tu penses
comme tu respires
les grands airs salins
tu confonds un littoral avec ta mémoire
tu inventes des souvenirs
pour les hommes
qui s’échouent près de tes cuisses
tes narines sont
des cavernes de cristal
où des noms résonnent en écho
un cri un SOS un appel à hier
l’infini traverse ta poitrine
une route galeuse
qui mène aux versants marins
c’est tout le fleuve qui coule entre tes jambes
tous les tremblements qui partent de ton corps
tout le monde qui s’abreuve à toi
la gorge au large tu hurles
et les albatros se reposent sur ta langue
on fait des trésors de tes seins
des nénuphars de tes yeux
des pétales de tes lèvres
tu es observée au loin
une presqu’île aux mille légendes
ta bouche est un secret sur lequel je me repose
et j’ai un océan entier pour te bercer.
***
Pierre-Olivier Bergeron-Noël
Le fracas de tes ravages
Me cacher vivre sous les ronces
quand ta langue déverse sa rouille
dans mes affres à vifs
feu garroché
tempête de sable dans la gorge
tout tangue
tu aboies
la sauvage calcification
de tes douleurs aux ombres d’écueils
l’asphyxie banalisée
ton épieu
plongé entre la glace et ton reflet
*
tu nous décomposes
et la bile renaît
sous la guillotine
entre les jours
mon visage ondule
près de ma carcasse étirée sur la rive
à l’odeur du soleil absent
je goûte le fer de mes gémissements
la lente corrosion des scarabées
l’incendie attendu
ton étreinte comme des barbelés
tes crachats
me trouent les viscères
nos corps
se brodent au mercure brûlant des heures
qui passent sans retour
*
la nuit dans mes rêves
le fer de ta coque se déchire
sur ta chair
j’en arrache les lamelles
comme des lattes pourries
tu hurles mais j’étouffe le fracas de tes ravages
avec des planches
et toute une artillerie de battements de cœur
que tu ne croyais plus jamais entendre
de mon vivant
***
Continuer à la troisième partie »