Le 24 novembre dernier, les médias étudiants de l’Université ont été invités à une table ronde pour poser leurs questions à la principale et vice-chancelière de McGill Suzanne Fortier et au premier vice-principal exécutif adjoint (études et vie étudiante) Fabrice Labeau. Le McGill post-COVID-19 et le rôle environnemental de l’Université ont été abordés au cours de l’entrevue qui a duré 45 minutes.
Leçons de pandémie
La pandémie de COVID-19 représente un défi de taille pour McGill, selon Suzanne Fortier, qui a défendu la centralisation de la gouvernance au cours des derniers mois. Elle a notamment affirmé que la gestion d’une crise au niveau institutionnel exige de renoncer à un modèle totalement démocratique en échange d’une plus grande efficacité. Abandonnant en partie le modèle collégial de gouvernance, qui préconise le consensus et la consultation, McGill aurait plutôt opté pour des comités de crise constitués d’expert·e·s dévoué·e·s. La principale constate également que le gouvernement québécois a lui aussi particulièrement fait preuve d’autocratie pendant la pandémie. À propos du couvre-feu, elle a au passage affirmé que même la crise d’Octobre n’avait pas donné lieu à des mesures aussi radicales.
La principale demeure tout de même réticente à exiger une preuve de vaccination adéquate pour toutes les activités d’enseignement. Pour l’instant, a déclaré Fabrice Labeau, la situation sanitaire du Québec ne justifie pas de restreindre les droits et libertés de cette manière. L’Université voulant toutefois suivre les indications du gouvernement provincial, les autres mesures resteront en vigueur tant que les enfants de cinq à onze ans ne seront pas vaccinés.
Outre ses conséquences néfastes, la pandémie aurait présenté son lot d’opportunités aux yeux de la principale. Les mesures de confinement coïncident avec le 200e anniversaire de l’Université. À l’occasion du bicentenaire, l’administration examinait déjà la possibilité de dispenser de plus en plus de cours en ligne. Ceux-ci offriraient une grande flexibilité en ce qui concerne les horaires des étudiant·e·s, facilitant ainsi l’implication communautaire. La pandémie aura donc été une occasion de mettre ces modèles d’enseignement à l’épreuve.
« Même pendant la fameuse crise d’Octobre, ce n’était pas si pire »
Suzanne Fortier
Désinvestir, réinvestir
Interrogée par le Bull & Bear au sujet de l’environnement, Suzanne Fortier a qualifié de « déterminée » la Stratégie climat et développement durable 2020–2025 de McGill, qui prévoit que l’institution parvienne à la cible de zéro émissions nettes d’ici 2040. Elle a également affirmé qu’un nouveau cours crédité et disponible à tous·tes sera établi au cours de la session au sujet du développement durable. Quant au désinvestissement, la principale et vice-chancelière soutient que les actifs mcgillois, qui totalisent environ deux milliards de dollars, sont graduellement réinvestis dans des fonds environnementaux. Pour l’instant, des ententes passées avec certains fonds contraindraient toutefois l’Université à préserver et à agrandir certains de ses placements dans des entreprises plus polluantes.
En somme, Suzanne Fortier ne considère pas que McGill soit délinquante en la matière. À l’heure actuelle, moins d’un pourcent des actifs universitaires seraient investis dans les 200 entreprises les plus polluantes au monde. Cette proportion devrait encore diminuer au cours des prochaines années, affirme-t-elle.