« La version anglaise du présent message a été envoyée [il y a trois jours].»
« Nous sommes conscients que nous vous avons transmis beaucoup d’informations ces derniers jours.»
« Prenez soin de votre santé mentale.»
Incessants. Excessifs. Épuisants. Voilà des mois que MRO McGill Communications bombarde nos boîtes courriel avec des messages aussi verbeux que redondants, jour après jour. Ces courriels sont un tel fléau qu’ils sont devenus un sujet chouchou de la page de mèmes @spottedmcgill, qui résume en zéro à quatorze mots ces courriels aussi longs qu’un essai de mi-session.
En insistant sur un rythme aussi immodéré pour l’envoi de ses courriels, l’Université McGill fait un pas en avant et deux pas en arrière dans ses efforts pour nous tenir au courant des mises à jour concernant la COVID-19. Le déluge de mots que forme l’enfilade de ces messages a eu l’effet de décourager les membres de la communauté mcgilloise de les lire, le corps étudiant se fiant davantage au bouche à oreille ou encore au travail de vulgarisation des médias étudiants pour s’informer des nouvelles qui leur sont véritablement pertinentes.
« L’ironie d’encourager les étudiant·e·s à se soucier de leur santé mentale est à son comble lorsque MRO McGill Communications recommande des ressources pour la communauté mcgilloise – notamment le Pôle de bien-être étudiant – qui sont actuellement incapables de satisfaire à la demande pour des rendez-vous en santé mentale »
En plus de mal servir les objectifs informatifs de l’Université, les courriels de MRO McGill Communications ont un impact négatif sur l’efficacité du travail des étudiant·e·s. En effet, ces missives, véritables surcharges d’information, nous interrompent sans cesse dans nos études et contribuent aux distractions qui nous entourent à l’ère des réseaux sociaux. La différence ? On ne peut pas désactiver nos notifications Outlook, comme on le fait pour celles d’Instagram par exemple, sans courir le risque de manquer une information cruciale de la part de nos professeur·e·s et patron·ne·s : « Le cours d’aujourd’hui sera en ligne », « Veuillez avoir lu ce chapitre pour demain plutôt que pour la semaine prochaine », « Pouvez-vous réviser ce rapport avant 16h ? », etc. Par souci de diligence envers leurs devoirs académiques et professionnels, les étudiant·e·s se voient contraint·e·s d’endurer des distractions qui nuisent à ces obligations.
On ne saurait négliger l’ironie de ces messages qui, en invitant à répétition la communauté mcgilloise à prendre soin de sa santé mentale, ont plutôt l’effet contraire. L’envoi de courriels à toute heure de la journée (20h28 le 20 janvier) et tout jour de l’année (le 31 décembre) gruge le peu de temps de déconnexion dont peuvent se prévaloir les étudiant·e·s. Tout simplement ignorer ces courriels, l’écran qui s’illumine ou le familier tintement qui résonne, n’a pas l’effet de préserver notre santé mentale : nos cerveaux sont programmés pour être stressés à l’idée d’une connexion manquée. Outre l’absence de déconnexion, le rappel constant de l’évolution de la COVID-19 au sein de l’Université dans de longs messages peut faire monter en flèche notre anxiété – ce n’est pas sans raison que l’Institut national de santé publique du Québec recommandait des messages brefs dans ses stratégies de communication afin de préserver la santé mentale de la population. Enfin, l’ironie d’encourager les étudiant·e·s à se soucier de leur santé mentale est à son comble lorsque MRO McGill Communications recommande des ressources pour la communauté mcgilloise – notamment le Pôle de bien-être étudiant – qui sont actuellement incapables de satisfaire à la demande pour des rendez-vous en santé mentale.
Il serait donc avisé que l’Université McGill revisite sa stratégie de communication afin de diminuer sa sollicitation de l’énergie productive et son érosion additionnelle de la santé mentale des étudiant·e·s. Écrire des courriels concis et clairs, en plus de normaliser la pratique d’envoyer dans le même courriel les versions française et anglaise du message – réduisant ainsi de moitié le nombre de communications – serait un bon point de départ pour le bien-être étudiant et permettrait également à la communauté francophone mcgilloise d’avoir un accès égalitaire à ces informations. Peut-être que Fabrice Labeau, qui nous invitait à méditer le 17 janvier dernier, pourrait-il lui-même méditer sur cette suggestion ?