La rencontre du conseil législatif de l’Association étudiante de McGill (AÉUM) avait lieu par Zoom le jeudi 23 mars au soir. Outre les activités normales, la rencontre a été marquée par des discussions entourant le courriel envoyé par Fabrice Labeau (Premier vice-principal exécutif adjoint) sur la nouvelle Politique de solidarité avec la Palestine (Palestine Solidarity Policy, ndlr) adoptée le 21 mars dernier. Le message de Labeau mentionne que cette politique serait « contraire aux principes mêmes de l’AÉUM » et demande à l’AÉUM de remédier à la situation, faute de quoi le protocole d’entente entre cette dernière et l’Université pourrait être résilié. Au terme de la rencontre, le conseil a approuvé une motion déposée durant la soirée qui proposait l’écriture d’une réponse de l’AÉUM au message de Labeau.
Des débats sur la réponse à apporter face à McGill
La rencontre du conseil a commencé dans le calme, mais il n’a suffi que de 10 minutes pour entrer dans le vif du sujet. Au moment d’approuver l’ordre du jour de la réunion, la représentante de la Faculté des Arts, Yara Coussa, a proposé un point de discussion supplémentaire sur le message de Fabrice Labeau reçu le jour même, seulement quelques heures avant la réunion. Ce message faisait part d’accusations de l’administration mcgilloise comme quoi la Politique de solidarité avec la Palestine polariserait la communauté étudiante et promouvrait une culture d’ostracisation. La Politique avait été adoptée dans le dernier référendum, 71,1% des étudiants s’y étant montrés favorables. Le taux de participation au référendum s’élevait à 16,5%, plus qu’à la dernière élection de l’exécutif de l’AÉUM. Les modifications proposées par la représentante Coussa ont été approuvées avec 16 voix en faveur et trois contre. La présidence du conseil en a ensuite profité pour rappeler les règles parlementaires – comme le fait de ne pas interrompre l’agenda et de ne pas s’adresser directement aux conseillers – aux membres de la galerie, venus en grand nombre afin de questionner leurs représentants sur le message qu’ils avaient eux aussi reçu. En effet, les membres de la gallerie ne savaient pas à qui s’adresser, ni quand intervenir ou pas.
Bien qu’il ait été absent de la soirée en raison de ses obligations au Conseil des gouverneurs de McGill, le président de l’AÉUM Darshan Daryanani a toutefois publié un communiqué le vendredi 25 mars à l’attention des membres du conseil législatif. Il y a mentionné sa peur que la récente sortie de McGill empiète sur l’autonomie de l’AÉUM tout en soulignant que « l’intention de McGill de mettre fin au protocole d’entente avec l’AÉUM » est préoccupante.
« Delouvrier et Gurung [expliquaient] par exemple qu’il fallait prendre en compte qu’une “ bataille judiciaire ” contre McGill serait particulièrement coûteuse »
Lors de la période des questions, le v.-p. aux Affaires externes, Sacha Delouvrier, a mentionné que l’Université mettait de la pression sur l’AÉUM afin de changer le contenu de la Politique, malgré le fait qu’elle ait été approuvée démocratiquement. Il a suggéré une « consultation avec [leurs] avocats quant à la réponse à donner et pour discuter de nos options ». Au sujet de la possible réaction de l’AÉUM, le v.-p. aux Finances, Éric Sader, a rappelé l’importance d’entamer des discussions avec l’administration plutôt qu’adopter une approche frontale. La représentante Yara Coussa a souligné l’importance de ne pas abandonner la Politique, car elle a été approuvée par la majorité des votants. La représentante de la Faculté des Arts, Charlotte Gurung, a quant à elle répondu que la prochaine étape serait une décision du conseil judiciaire sur la constitutionnalité de la Politique en solidarité avec la Palestine.
Une période de discussion a ensuite eu lieu, prolongée à deux reprises. Plusieurs des intervenants du public ont incité l’AÉUM à répondre immédiatement à la prise de position publique de McGill. Cependant, les différents conseillers et membres exécutifs ont appelé au calme, Delouvrier et Gurung expliquant par exemple qu’il fallait prendre en compte qu’une « bataille judiciaire » contre McGill serait particulièrement coûteuse. Selon les représentants, cette bataille judiciaire utiliserait de l’argent venu de la poche des étudiants dont 83,5% ne se sentent pas suffisamment concernés pour voter.
L’idée d’écrire une affirmation conjointe avec le mouvement Étudiants de McGill en solidarité pour les droits humains palestiniens (Solidarity for Palestinian Human Rights, SPHR) a été écartée. Toutefois, la motion concernant l’écriture d’une déclaration par l’AÉUM sur le message du McGill Relations Office (MRO) de l’Université a été approuvée par 11 voix en faveur, mais quatre s’y sont opposées et deux se sont abstenues. Elle implique la consultation de SPHR et de l’équipe légale de l’AÉUM avec pour objectif de publier la déclaration le 28 mars.
Autres sujets d’intérêt
Parmi les points importants soulevés durant la rencontre du conseil législatif, le v.-p. aux Finances, Éric Sader, a fait une courte présentation sur le désinvestissement dans les finances de l’AÉUM. Il a ainsi mentionné la priorisation des compagnies vertes, transparentes, et l’importance de ne pas investir dans des compagnies socialement irresponsables. Il a reconnu que l’institution dans laquelle est placé l’argent de l’AÉUM, la Banque royale du Canada (RBC), n’est pas la meilleure option en raison de ses investissements dans les sables bitumineux. Selon lui, cependant, il serait difficile de transférer vers une autre banque, en prenant l’exemple d’un transfert passé des finances de l’AÉUM de la Banque Scotia vers RBC.
Deux autres motions ont également été approuvées à l’unanimité. La première visait à confirmer la nomination de FL Fuller Landau LLP comme vérificateur de l’année fiscale 2023. La deuxième touchait à l’accessibilité aux bibliothèques sur le campus, et donnera comme mandat au v.-p. aux Affaires universitaires la responsabilité d’évaluer l’accessibilité dans les bibliothèques et de recommander des changements.
La rencontre du conseil s’est close avec les rapports des différents conseillers et comités. Bon nombre de ces rapports ont été repoussés à la prochaine rencontre.