Danses buissonnières est une compilation de courts spectacles de danse contemporaine. Du 8 au 11 octobre se déroulait l’édition Automne 2022 dans l’espace Tangente. Danses buissonnières est une sélection de cinq œuvres de dix minutes chacune, élues par un jury d’artistes. Les chorégraphes sont tous des jeunes locaux qui font leurs débuts dans le monde de la danse professionnelle. La salle où se déroule le spectacle est assez intimiste, ce qui permet au spectateur d’apprécier la scène, les danseurs, leurs mouvements ainsi que leurs expressions faciales, quel que soit l’endroit où il est placé. De plus, certaines des créations sont accompagnées de musiciens, ce qui ajoute des dimensions à la fois visuelle et auditive très harmonieuses.
Une salle, cinq ambiances
En fonction des soirs de spectacle, les œuvres ne suivent pas le même ordre, mais quel que soit l’agencement, le public traverse cinq tableaux tous très différents. Le 8 octobre dernier, le programme a commencé par dix minutes envoûtantes où, sur une musique orientale, les danseuses Chanel Cheiban et Maude Laurin-Beaulieu ont enchevêtré leurs corps avec beaucoup de sensualité pour se transformer en une créature dysmorphique se balançant au rythme de la musique.
« En fonction des soirs de spectacle, les œuvres ne suivent pas le même ordre mais, quel que soit l’agencement, le public traverse cinq tableaux tous très différents »
Puis ce fut au tour d’Ernesto Quesada Perez d’interpréter Dépi temps de Mara Dupras. Dans cet hommage à la culture antillaise où la musique mêle berceuse guadeloupéenne et bribes de vers d’Aimé Césaire, on ressent à la fois de la joie et de la pitié pour le personnage sur scène qui alterne entre sourires et gestes de pantin désarticulé.
Le temps de changer le décor, et le public se retrouve dans un univers onirique où des ballons flottent sur scène. Jessica Muszynski danse avec un de ces objets de baudruche avec la légèreté d’une enfant avant de se faire engloutir par ses propres jouets. Soudain, on passe du rêve au cauchemar, de l’insouciance à la terreur en l’espace de dix fascinantes minutes.
« Enfin, alors que tous les spectateurs sont invités à se réunir en cercle sur la scène, nous assistons à un combat de danse électrique où Carlos-Alexis Mendoza et Kevin Tran s’affrontent et se coordonnent pour offrir un magnifique bouquet final »
Après un entracte d’un quart d’heure, le spectacle reprend dans une ambiance confortable où trompettiste, contrebassiste et batteur improvisent un air de jazz sur lequel Anna Duverne enchaîne danse effrénée et gestes lents qui vous éblouissent. Enfin, alors que tous les spectateurs sont invités à se réunir en cercle sur la scène, nous assistons à un combat de danse électrique où Carlos-Alexis Mendoza et Kevin Tran s’affrontent et se coordonnent pour offrir un magnifique bouquet final.
Technicité et accessibilité au rendez-vous
Durant tout le spectacle, les danseurs ont fait preuve d’une véritable technique : de la souplesse du chat à la force brute, de l’enchaînement d’une multitude de micro-mouvements sur des rythmes endiablés à la décomposition d’une gestuelle au ralenti. La maîtrise de leur corps était parfaite. Cette technique peut être appréciée et détectée par un œil peu habitué à la danse contemporaine, ce qui est très agréable et pas systématique dans d’autres spectacles.