Malgré les records de chaleur enregistrés à Montréal à la fin de la semaine dernière, le changement d’heure dans la nuit de samedi à dimanche nous a rapidement ramené·e·s à la sombre réalité : novembre s’abat bel et bien sur nous. Le soleil se couche désormais avant 17h, le mercure tombera bientôt sous la barre des 0°C, et tout le monde et son voisin semblent avoir attrapé un rhume. Un paysage gris et dénudé se peint, alors que les feuilles ont déserté les arbres et que l’idyllique première bordée de neige se fera attendre encore plusieurs semaines. Toutes les conditions sont réunies pour que la morosité s’installe.
À ce cocktail déjà démoralisant s’ajoute, pour la population étudiante, l’une des périodes académiques les plus anxiogènes de l’année. Du 1er novembre au 21 décembre, le stress semble devenir une constante dans la vie de toutes et tous. Essais, examens et travaux de recherche s’empilent, et le bout du tunnel devient difficile à apercevoir. Certain·e·s sont également submergé·e·s par la préparation de dossiers de candidature aux études supérieures ou à des stages en milieu professionnel. L’équilibre entre les sphères personnelle, familiale, sociale, professionnelle et académique devient dès lors très précaire, et, souvent, notre santé – physique et mentale – en écope. Novembre nous met au bout du rouleau.
Cette expérience, pourtant partagée au sein de la communauté universitaire à grande échelle, est extrêmement isolante. Bien que nous vivions tous·tes des difficultés similaires, nous sommes persuadé·e·s de notre solitude dans cette souffrance et certain·e·s de ne pas être à la hauteur d’obstacles qui ne seraient insurmontables que pour nous. Le syndrôme de l’imposteur et le découragement viscéral sont de ces vulnérabilités intimes difficilement et rarement confiées à autrui. Elles ne trouvent souvent expression que sous la forme de blagues cyniques et autodépréciatives, que personne n’ose avouer ancrées dans une troublante sincérité.
Cette fermeture à autrui, qui sied si bien notre rythme de travail effréné, ne semble qu’amplifier les temps gris dans lesquels nous entrons. Ne serait-ce pas un acte de résistance, plutôt qu’une faiblesse, que de nous permettre cette vulnérabilité profondément refoulée ? La chaleur humaine – celle qui prend la forme d’une empathie envers soi-même tout autant qu’envers les autres – serait ainsi un premier pas pour garder novembre dehors, plutôt que dedans.