Le 13 octobre dernier, le McGill Reporter annonçait l’introduction d’un marqueur de genre « X » dans les documents de l’Université McGill. Les étudiant·e·s et les candidat·e·s aux études universitaires de McGill peuvent maintenant indiquer leur marqueur de genre légal comme « X » dans leurs dossiers institutionnels pour que ceux-ci puissent correspondre à leurs documents juridiques. Cette nouveauté a été mise en place à la suite de l’adoption du projet de loi 2, soit la Loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière de filiation et modifiant le Code civil en matière de droits de la personnalité et d’état civil. « Il s’agit d’une mise à jour importante de nos systèmes qui permet aux étudiants et aux candidats de sentir que leur identité réelle et leur identité légale sont reconnues et prises en compte à McGill », affirme au Délit l’agente des relations avec les médias de l’Université McGill, Frédérique Mazerolle.
Une procédure administrative
Les étudiant·e·s et candidat·e·s de McGill doivent entamer des démarches administratives qui consistent à soumettre le formulaire de modification des données personnelles et fournir une copie d’un document légal (tel qu’un certificat de naissance ou un permis d’immigration) dans lequel le marqueur de genre est identique à celui indiqué dans le formulaire. Il faut donc que la personne qui souhaite changer son marqueur de genre au niveau institutionnel ait préalablement fait ce type de démarche au niveau gouvernemental.
« Il s’agit d’une mise à jour importante de nos systèmes qui permet aux étudiants et aux candidats de sentir que leur identité réelle et leur identité légale sont reconnues et prises en compte à McGill »
Frédérique Mazerolle
Cette procédure s’ajoute à celle du « prénom privilégié » qui permet aux étudiant·e·s d’utiliser un prénom différent de leur prénom légal. Ces deux processus demeurent distincts étant donné qu’ils sont associés à des exigences juridiques différentes vis-à-vis du gouvernement provincial. Frédérique Mazerolle indique à cet effet que le genre légal doit correspondre aux documents légaux soumis par les étudiant·e·s et candidat·e·s, tandis que le prénom privilégié n’est pas soumis à ce type de réglementation. Elle ajoute que l’Université étudie « la possibilité d’actualiser la terminologie du “prénom privilégié” au “prénom usuel” conformément aux recommandations du sous-comité sur les personnes LGBTQ+ du Comité mixte du Sénat et du Conseil des gouverneur·e·s chargé des questions d’équité ».
Une reconnaissance ou un changement structurel ?
Contacté·e par Le Délit, Brooklyn Frizzle, coordonnateur·ice administratif·ve de Queer McGill, salue cette étape nécessaire à la reconnaissance des identités des personnes queer sur le campus. Cependant, iel questionne pourquoi McGill a attendu l’adoption de ce projet de loi provincial pour implémenter un système de marqueur de genre « X » à l’interne. De plus, iel met en lumière certaines inquiétudes concernant les mesures concrètes prises par l’Université pour que l’ajout du marqueur de genre X puisse être une pratique connue et respectée qui assure la sécurité des personnes trans et non-binaires.
« Quelles mesures seront prises pour que les autres élèves et le personnel respectent les noms et les pronoms des élèves trans et non-binaires ? »
Brooklyn Frizzle
« Quelles mesures seront prises pour que les autres élèves et le personnel respectent les noms et les pronoms des élèves trans et non-binaires ?», questionne Brooklyn Frizzle. D’ailleurs, iel insiste sur la nécessité d’apporter le changement plutôt que d’y réagir : « Le leadership de McGill doit être prêt à prendre des mesures novatrices, voire controversées, pour protéger leurs étudiant·e·s et leur personnel trans et non-binaires ».
Frédérique Mazerolle assure à ce sujet que la Gestion de l’effectif étudiant a averti les équipes de communication et celles et ceux qui sont en contact direct avec les étudiant·e·s pour les informer des meilleures pratiques à adopter concernant les sujets liés au genre. De plus, elle rapporte que la Gestion de l’effectif étudiant envisage actuellement l’implantation de l’utilisation des pronoms plutôt que du genre dans les rapports où le genre n’est pas légalement requis.