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Écoanxiété et justice environnementale

Un appel à l’action.

Laura Tobon | Le Délit

Selon un sondage Léger de 2021, 73% des Québécois·es de 18 à 34 ans se disent écoanxieux et écoanxieuses. Pour ces personnes, l’impact des changements climatiques se fait sentir sur leur santé mentale, causant de l’angoisse, de la colère et même un mal de vivre. Si vous êtes de ceux et celles dont le cœur palpite à la simple mention des nouveaux records de température, gardez en tête les propos de la chanteuse et activiste américaine Joan Baez : « l’action est l’antidote du désespoir ». Au-delà des figures de style, Baez n’avait pas tort : il a été démontré que l’action aide concrètement à tenir l’écoanxiété à distance. C’est en se retroussant les manches que nous pourrons limiter les impacts de la crise environnementale, en particulier les conséquences que vivent de façon disproportionnée les groupes défavorisés.

Malgré l’anxiété que ressentent plus de la moitié des jeunes québécois·es, le Québec n’est pas l’un des lieux les plus menacés par les changements climatiques. Ce sont plutôt les populations de l’hémisphère sud, déjà défavorisées, qui en vivront les plus graves effets. « Les pauvres ou les plus défavorisés souffrent de façon disproportionnée d’une pollution environnementale qui est produite par la société dans son ensemble », explique l’environnementaliste états-unien Dale Jamieson. Au niveau planétaire, les pays en développement font face à des problèmes environnementaux liés à leur localisation, mais aussi causés par l’exploitation coloniale et néocoloniale. À plus petite échelle, la menace climatique est aussi répartie de façon inégalitaire entre les groupes sociaux. Même dans les pays développés, les environnements les plus dégradés sont généralement occupés par des groupes sociaux défavorisés qui n’ont pas les moyens de s’opposer à cette dégradation ou de se déplacer pour vivre ailleurs. Au Canada, ce sont les communautés autochtones, les personnes à faibles revenus et les personnes racisées qui sont les plus vulnérables aux changements climatiques, selon la fondation environnementale David Suzuki.

« La prochaine fois que vous vous inquiéterez de l’avenir de la planète, rappelez-vous que vous exercez une réelle influence »

En réponse à ces inégalités s’est développé le concept de justice environnementale dans les années 1980. Toujours d’actualité, cette notion appelle à mieux répartir entre les pays et les groupes sociaux les différentes charges liées à l’établissement de politiques environnementales. Individuellement, nous avons le pouvoir de défendre cette justice environnementale. Nous jouons tous et toutes un rôle, aussi petit puisse-t-il sembler, dans la détérioration de l’environnement. Par exemple, le Canada est l’un des plus grands producteurs de déchets par habitant au monde : les Canadien·ne·s produisent 2% des déchets de la planète, même s’ils et elles ne représentent que 0,5% de la population mondiale. Au lieu d’y voir une source d’écoanxiété, il faut y percevoir notre capacité à influencer le cours des événements. Évidemment, le devoir de soutenir les populations vulnérables n’est pas qu’individuel. D’autres éléments entrent en ligne de compte, telles que les actions gouvernementales et les décisions internationales. Cependant, dans notre vie de tous les jours, nous ne contrôlons qu’un seul aspect de la défense de la justice environnementale : notre volonté de diminuer l’impact de nos décisions sur les populations déjà défavorisées. La prochaine fois que vous vous inquiéterez de l’avenir de la planète, rappelez-vous que vous exercez une réelle influence. Si chacun et chacune réduit sa consommation, le Canada ne fera plus aussi piètre figure au niveau international. Encore plus concrètement, le poids que nos modes de vie imposent aux personnes les plus vulnérables s’allégera. Tous nos gestes, mis en commun, ont un impact. Ne baissez pas les bras ; l’heure est à l’action.


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