Du 25 novembre au 6 décembre 2022 aura lieu la campagne annuelle 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes. La campagne est organisée par une coalition d’une quinzaine d’organisations féministes qui bénéficie du soutien du Secrétariat à la condition féminine du gouvernement du Québec et de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) qui joue également un rôle de coordination de la campagne. Il s’agit d’une campagne internationale instaurée par l’Organisation des Nations unies (ONU), lancée en 1991 sous le nom de 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre à l’égard des femmes et des filles. La campagne commence le 25 novembre pour souligner la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Cette journée a été choisie en hommage aux sœurs Mirabal, des militantes politiques assassinées par le régime du dictateur Rafael Trujillo en République dominicaine. Cette campagne dure 16 jours et se conclut le 10 décembre à la Journée internationale des droits humains de l’ONU. Au Québec, toutefois, la campagne se termine le 6 décembre pour insister sur la commémoration du féminicide de masse de Polytechnique en 1989.
Contexte
L’objectif de cette initiative est de réfléchir collectivement aux différentes formes de violences faites aux femmes, de proposer des solutions concrètes, de sensibiliser la population ainsi que de formuler des demandes aux gouvernements pour aborder le problème systémique des violences faites aux femmes. Selon Taïna Mueth, chargée de projets à la FFQ, cette campagne est absolument nécessaire dans le contexte politique et social actuel, car on retrouve encore beaucoup de banalisation, de stigmatisation et d’invisibilisation des formes de violences faites aux femmes et des structures qui les sous-tendent. Taïna Mueth note à cet effet la hausse des violences faites aux femmes depuis 2019. La pandémie aurait par ailleurs eu un effet catalyseur sur ces violences et les aurait exacerbées. L’année 2021 est celle qui a vu la plus grande hausse annuelle de féminicides au Québec. Selon Taïna Mueth, cette statistique révèle que la société est mal équipée pour traiter des problèmes de violences systémiques faites aux femmes.
Thématique
La campagne québécoise a cette année pour thème « Guérir pour transformer, transformer pour guérir : Déracinons la violence ». Elle a pour but principal de « mettre en lumière la banalisation et la récurrence des discriminations genrées et de déraciner leurs origines en redonnant aux femmes discriminées le pouvoir de s’exprimer », peut-on lire sur le site web de la campagne. Pour Taïna Mueth, déraciner les violences nécessite d’entamer un cycle de guérison et de transformation, et ce en remontant à la source des structures d’oppression : « Cette année, on veut réfléchir à la violence genrée non pas comme un problème individuel mais plutôt comme un problème politique », souligne-t-elle.
Événements
La campagne débutera le 25 novembre avec un événement de lancement qui prendra la forme d’une soirée artistique. Au cours des 12 jours qui suivront, plusieurs événements auront lieu, organisés par toute organisation qui souhaite soumettre une activité au calendrier de la campagne. « On veut que les personnes s’approprient le thème de la manière qui leur fait écho. Le thème peut être adapté à plusieurs réalités », explique Taïna Mueth. Par exemple, il y aura des projections de documentaires féministes, un atelier avec l’organisation Collage féministes, ainsi qu’une vigile à la plaque de commémoration des événements du 6 décembre 1989. Finalement, il y aura également une rencontre avec la ministre responsable des affaires féministes pour déposer des recommandations en matière de violences faites aux femmes.