Ce que j’aime dans les soupirs,
C’est l’expressivité que peut avoir une brise,
Lorsque je respire trop fort
Je crains qu’on ne me croie abandonnée
À des plaisirs interdits.
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Alors je retiens mon souffle,
À m’en étourdir l’âme
Les courbes de mon corps se cassent
Éboulement.
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Je peux vraiment dire
Que la peur,
Que les regards voyeurs sur nos corps
Font naître en nos coeurs,
Est à couper le souffle.
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On me peint
On m’habille
On me dessine
On me photographie
Je suis oeuvre
Mon corps est oeuvre.
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Pourtant, moi, je vois une voie lactée
Ce sont les milliers de coups
L’érosion de la pluie
Les brûlures et la brume
Qui lui permettent de briller.
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Le rouge, le brun et le bleu de mon visage
Cachent une chair dévorée par le temps
Consumée par la vie.
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Et je ne suis pas une femme
Parce que je serai belle dans tous les cas
Je suis une femme
Car sur la pierre dans laquelle sont gravés mes dix commandements
Toutes les tempêtes se sont abattues.
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Le roc qui me porte me chuchote
Que je suis douce, sensible, compliquée, impulsive, calme, dévouée, imprévisible, courageuse et puissante
Car le ruisseau qui m’emmène est celui de la féminité
Et il m’apprend plus que l’on ne m’en apprendra jamais.