Au cinéma, ce mois-ci, est sorti le nouveau film de l’acteur-réalisateur français Guillaume Canet. Astérix et Obélix : l’empire du milieu retrace l’épopée de nos deux héros d’enfance préférés à travers l’Empire de Chine du premier siècle de notre ère. Toujours accompagnés d’Idéfix, ils ont cette fois pour mission d’escorter la princesse chinoise Fu Yi et sa garde du corps Tat Han vers l’Est, afin de sauver l’impératrice prisonnière de l’avide prince Deng Tsin Qin, qui tente de s’emparer du pouvoir. Cette référence à la fameuse chanson du groupe ABBA n’en est qu’une parmi tant d’autres.
Avant de venir voir le film, vous devez vous assurer d’avoir quelques connaissances de la bande dessinée dont le film est l’adaptation. Les scènes les plus marquantes y sont toutes reproduites : la bagarre entre le poissonnier et le forgeron du village et les pirates coulés… La potion magique terrifie toujours autant les légionnaires romains qui sont prêts à décamper à l’approche du moindre gaulois du village des irréductibles. Sans parler des nombreux clins d’œil au film d’Alain Chabat, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, sorti en 2002. On reconnaît par exemple le timbre de Gérard Darmon, qui prêtait déjà sa voix au rôle du narrateur.
Scènes de combat et effets spéciaux, les innombrables jeux de mots, un homme mystérieux au visage caché par un masque de bambou, et de nombreuses histoires d’amour, il est difficile de s’ennuyer. Il s’agit bien d’un film-évènement, qui n’a pas peur du ridicule et n’hésite pas à être toujours plus grotesque. La bataille finale, aux allures des grandes guerres du Seigneur des anneaux, entre l’armée chinoise et celle de César, qui cherche à étendre son empire pour attirer l’attention de son amante Cléopâtre, est assez spectaculaire, ce qui contraste avec la légèreté de l’intrigue et ajoute au comique. Guillaume Canet a ajouté des petits détails pour moderniser le scénario. Les pigeons voyageurs vibrent pour signaler leur arrivée avec un message et les armées romaines se battent au rythme de la chanson du groupe Queen « We will rock you ».
« Décidément, ce film est fait pour qui souhaite se vider l’esprit après une longue journée de révision »
Toutefois, l’exagération propre au style de la bande dessinée semble parfois maladroite. Ne cherchez pas de profondeur : tout est second degré et clin d’oeil à la culture populaire contemporaine. Ne vous attendez pas à y voir le film du siècle, ce n’en est pas un, et celui qui est en quête de qualité artistique sera déçu. Décidément, ce film est fait pour qui souhaite se vider l’esprit après une longue journée de révision, afin de passer un bon moment à rire entre amis ou en famille. Et quel plaisir de retrouver toutes ces personnalités aussi variées dans un seul film : le joueur de football Zlatan Ibrahimovic, le nageur olympique Florent Manaudou, la chanteuse Angèle, les chanteurs Orelsan et Philippe Katerine, ou encore les youtubeurs McFly et Carlito. Cette mosaïque de célébrités dans le casting cherche à attirer une audience diverse et jeune. Le film a d’ailleurs fait beaucoup de bruit, avec 1,8 million d’entrées en première semaine, détrônant le nouvel Avatar à la tête du box-office français. Guillaume Canet s’était donné l’objectif de faire revenir les spectateurs au cinéma après la crise de la covid, qui a largement touché le secteur, puisqu’il avait misé sur un gros budget pour son projet. Ce n’aura pourtant pas l’effet d’en faire un film culte car il manque de crédibilité. L’exagération comique doit être contrastée avec un peu d’authenticité, c’est ce qui rend un film vivant. Tant qu’on n’y croit pas, cela ne peut pas marcher.
Il faut en particulier féliciter les acteurs Gilles Lellouche, Jonathan Cohen et Vincent Cassel dans les rôles respectifs d’Obélix, Graindemaïs et de Jules César, qui manient le comique de geste à la perfection.
Bien que les défauts soient nombreux, on ne peut que partager l’euphorie des acteurs, qui ont l’air de s’être bien amusés pendant le tournage. Bons, imprudents et de mauvaise foi, les gaulois sont bien les ancêtres des Français !