Depuis maintenant plusieurs années, le Québec est victime d’une importante crise du logement et de nombreux ménages font face à des difficultés pour se trouver un toit. Selon une étude de Radio Canada, ce problème ne fait que s’aggraver, alors que le nombre de ménages locataires qui ne trouvent pas de logement s’élevait à 420 au 1er juillet 2021, et atteignait 750 un an plus tard.
Des problèmes structurels
L’inflation n’a pas seulement des répercussions sur le coût de la vie, mais également sur le marché de l’immobilier. D’après Radio Canada, l’augmentation drastique de 4,3% entre 2022 et 2023 de la taxe foncière imposée aux propriétaires se répercute aussi sur les locataires. L’ensemble des prix du loyer à Montréal ont donc poursuivi leur ascension cette année. Le journal Le Devoir décrit même la situation comme « la plus forte hausse des loyers en 20 ans dans la région ». En parallèle à ce phénomène général de hausse des prix de l’immobilier, on note de nombreuses critiques dénonçant des hausses abusives des loyers de la part des propriétaires. La clause F, permettant aux propriétaires de modifier le montant des loyers qu’ils imposent à leurs locataires jusqu’à cinq ans après la construction de leur immeuble, est notamment fortement contestée. Déjà en 2022, le journal 24 heures avait mis en avant les effets négatifs de cette clause, forçant parfois des locataires à quitter leur logement. Récemment, le 16 février 2023, Québec Solidaire a déposé une motion afin de demander une nouvelle fois la mise en place d’un mécanisme de contrôle des loyers ainsi que l’élimination totale de la clause F des baux, qui est selon eux « responsable de nombreuses hausses abusives ». Le parti Québec Solidaire avait déjà tenté de réviser cette clause début 2022, mais sans succès.
L’accroissement des taux de location à court terme constitue aussi un problème qui suscite de fortes tensions. Ces locations à court terme – mises en place notamment via des plateformes comme AirBnB – sont appréciées par les propriétaires en raison de leur aspect lucratif. D’après le journal La Presse, le changement d’usage d’un logement « est un motif d’éviction permis par la loi », poussant de nombreuses personnes à trouver un autre logement.
Cette problématique inquiète, puisque le logement touristique de court terme limite l’offre conventionnelle de logement, s’étendant sur une plus longue période. Cela contribue par conséquent à l’augmentation générale des montants des loyers. Les conséquences de cette crise du logement touchent particulièrement les personnes financièrement vulnérables, comme celles occupant des emplois précaires, ou encore les familles monoparentales. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer l’impact de cette crise sur les étudiants.
« 60% des étudiants locataires allouent plus de 30% de leur budget annuel au loyer »
Quelles conséquences sur les étudiants ?
L’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) est une organisation spécialisée dans la question du logement étudiant au Québec. Plusieurs fois au cours des dernières années, cette organisation a mis en place des campagnes de sondages pour comprendre quels étaient les problèmes de logement des étudiants.
Dans un rapport de recherche publié en janvier 2022, l’UTILE met en avant le fait que les étudiants ne sont pas épargnés par cette crise. 77 % des étudiants universitaires sont locataires au Québec, soit environ 245 000 personnes, et font face aux mêmes problèmes que le reste de la société. Selon l’enquête menée par UTILE, 60% des étudiants locataires allouent plus de 30% de leur budget annuel au loyer, ce qui implique donc que le moindre changement des coûts du loyer modifie totalement leur plan de dépenses et peut chambouler leur quotidien. La crise du logement s’exprime aussi à travers l’insalubrité et l’état dégradé des logements à Montréal. D’après le rapport d’UTILE, 44% des étudiants répondant au sondage ont considéré que leur logement avait besoin de réparations majeures ou mineures.
La crise du logement est particulièrement présente à Montréal depuis de nombreuses années, forçant
la population à s’adapter au fil du temps. Au cours de la semaine dernière (13 février 2023), UTILE a lancé une nouvelle campagne de sondage en collaboration avec l’AÉUM, afin de suivre l‘évolution de la situation étudiante et leur ressenti face à cette crise qui perdure.