Toi, prends-tu la pilule ? » LA pilule, un comprimé tellement connu qu’on n’a même plus besoin d’y accoler un adjectif. Quand on possède un utérus, la question des anovulants s’impose. Cette question, que plusieurs doivent se poser parfois dès la puberté, divise les scientifiques et les médecins, tout comme elle divise notre entourage, qui considère souvent avoir son avis à donner. Permettez-moi donc d’y ajouter mon petit grain de sel positif, que le débat sur la pilule contraceptive gagnerait à prendre en compte.
La première fois qu’on ouvre une boîte de pilules contraceptives, on s’aperçoit qu’elle est essentiellement remplie par une immense feuille plutôt que par les comprimés eux-mêmes. On comprend donc qu’il y a beaucoup de contre-indications à prendre en compte quand on ingère des hormones chaque jour. Parmi les effets secondaires potentiels du médicament, il y a notamment des maux de tête, de l’irritabilité, des nausées et des menstruations irrégulières.
Les risques encourus varient aussi selon les hormones contenues dans les anovulants. Par exemple, les risques les plus dangereux, comme les caillots sanguins, la crise cardiaque, l’hypertension et l’accident vasculaire cérébral, sont seulement causés par les anovulants contenant de l’œstrogène.
« J’ai finalement trouvé une troisième pilule (…) qui a eu des effets incroyables sur mon bien-être »
Parmi les personnes prenant ce type de médication, ce n’est qu’un faible pourcentage d’entre elles qui va réellement avoir de tels effets sur sa santé. Il est tout de même important de garder en tête que cette petite fraction, lorsque mise à grande échelle, se traduit par un grand nombre de personnes. Bien que ces problèmes de santé ne soient pas fréquents, ils peuvent être particulièrement graves, ce qu’il faut prendre en compte avant de commencer la médication. Pour une personne à la recherche d’un moyen de contraception qui n’impacte pas sa santé, tous ces risques peuvent faire pencher la balance vers un contraceptif différent. D’un autre côté, de nombreuses personnes prennent la pilule pour d’autres de ses bienfaits, au-delà de la promesse d’une absence de grossesse. Par exemple, pour les personnes qui ont des crampes menstruelles sévères chaque mois, prendre la pilule peut offrir des menstruations plus régulières et moins douloureuses, en plus de rendre leur flux plus léger. Les anovulants ont aussi la capacité de diminuer l’anémie et l’acné, de traiter l’endométriose et de réduire les risques de certains cancers. Ils permettent aussi, chez certaines personnes, de réduire le syndrome prémenstruel (SPM), dont les impacts sont affectifs, cognitifs et physiques, et qui touchent près de 70% des personnes possédant un utérus.
J’ai moi-même vécu avec un SPM très sévère qui a compliqué ma vie de mes 14 à 21 ans. Pour le traiter, j’ai essayé deux sortes d’anovulants, l’anneau contraceptif et des antidépresseurs, sans succès. J’ai finalement trouvé une troisième pilule, mieux adaptée à mon corps que les précédentes, qui a eu des effets incroyables sur mon bien-être. Étonnamment, ce médicament a été drastiquement plus efficace que les antidépresseurs pour améliorer ma santé mentale, puisqu’il agissait directement sur mon problème, dont la source était hormonale. Ce comprimé quotidien m’a été particulièrement bénéfique, et je pense que cela nécessite de nuancer le bilan bien terne que plusieurs dressent à l’égard de ce médicament.
Après tout, on est menstrué·e presque le quart de notre vie adulte et cette proportion est la même pour le syndrome prémenstruel. Mon SPM nuisait suffisamment à ma qualité de vie pour que je décide de prendre la pilule : les risques qu’elle avait pour ma santé valaient la peine d’être encourus si elle me permettait de mieux profiter de ce quart de ma vie où j’avais mon SPM, qui était autrefois assez pénible. Prendre ce médicament chaque soir me permet aujourd’hui de m’épanouir, etjenesuispaslaseuleàvoirla pilule sous ce jour positif. Si les anovulants améliorent la qualité de vie de plusieurs, que ce soit sur le plan physique, émotif ou cognitif, ils méritent que leurs bienfaits ne soient pas passés sous silence.