C’est dans le cadre des Fééries de Charlevoix que la troupe de cirque contemporain québécoise Les 7 Doigts présente cet été son nouveau spectacle-cabaret Éclats. Cette création a été montée en un temps record pour les familles et les adeptes de cirque venant des quatre coins du monde. Le collectif de créateurs nous épate une fois de plus, avec cette fois un voyage circassien à travers tout ce qui fait de Charlevoix un endroit magique.
C’est Isabelle Chassé, l’une des sept « doigts » (c’est ainsi que les sept cofondateurs se nomment eux-mêmes) qui a mis sur pieds le spectacle Éclats, une création où les artistes enchaînent acrobaties impressionnantes, chorégraphies aériennes et jeu comique. Un exploit d’organisation ! En effet, selon l’article de Jean Siag dans La Presse, le spectacle a été conçu en moins de six mois et le chapiteau a fini d’être monté seulement une semaine avant la première. Même s’il est présenté au Casino de Charlevoix, ne vous attendez pas à des feux d’artifices.
Le nom « Éclats » peut être entre autres apparenté aux éclats de rire qui remplissent le petit chapiteau à chaque intermède comique d’Anthony Venisse, qui sait tisser à sa manière des numéros classiques de l’art clownesque. Les adultes comme les enfants se tordent de rire sur leur siège pendant ce spectacle adressé à un public intergénérationnel. Comme le monde circassien nous l’a cent fois prouvé, le geste le plus commun est souvent le plus riche en potentiel comique. Par exemple, dans Humans de la troupe australienne Circa, dix acrobates tentent de lécher leur coude dans une chorégraphie acrobatique cocasse. Dans le cas d’Éclats, on s’identifie au clown qui passe à travers tous les défis que peut poser le simple fait de manipuler un rouleau de ruban adhésif.
Place aux femmes
Le féminin l’emporte dans ce spectacle-cabaret. De la performance envoûtante de cerceau aérien par Alex Royer (qui remplaçait Laurence Racine-Choinière) à la danse vertigineuse de Marie-Christine Fournier, les artistes aussi fortes que gracieuses gardent les spectateurs sur le bout de leur siège. Toutefois, le numéro de roue allemande par Marilou Verschelden semblait entravé par le diamètre restreint de la scène. Le numéro n’a donc pas été présenté à son plein potentiel et a gardé le public sur sa faim.
Une signature distinctive des 7 Doigts
Lors d’un stage d’un jour aux 7 Doigts en novembre 2019, j’ai eu la chance de parler avec Gypsy Snider, cofondatrice de la compagnie, de ce que la troupe recherche chez les artistes qu’elle engage. Elle m’a expliqué que ce sont les parcours originaux, les talents inattendus et les personnalités affirmées qui font des 7 Doigts une compagnie aussi impressionnante, autant par ses prouesses physiques que par sa touchante humanité. En d’autres mots, ce qui assure le succès des spectacles montés par le collectif, c’est la touche personnelle innovante que les artistes y apportent. À titre d’exemple, dans leur spectacle Cuisine et confessions, chaque acrobate prenait la parole pour raconter une anecdote personnelle attendrissante.
« Après tout, le cirque est un art qui transforme l’imparfait et les défauts de chacun en ce qu’il y a de plus beau. »
Éclats n’est pas une exception à cette signature distinctive. Dans le spectacle-cabaret, on retrouve un hommage au Québec, tout comme dans Mon île, mon cœur des 7 Doigts, où un membre de la troupe, originaire d’ailleurs, s’intègre à la culture québécoise par le biais de la musique. Dans Éclats, c’est la chanson Les deux printemps de Daniel Bélanger, interprétée par Joel Malkoff, un artiste anglophone né aux États-Unis, qui m’a touchée droit au cœur. C’est une chanson d’amour poignante, qui a marqué et rassemblé une génération de Québécois. Ce n’est pas ici la parfaite exécution musicale qui est recherchée, mais plutôt la reprise personnelle et assumée du véhicule émotif qu’est cette chanson. Après tout, le cirque est un art qui transforme l’imparfait et les défauts de chacun en ce qu’il y a de plus beau.
Si vous avez la possibilité d’aller voir Éclats des 7 Doigts, cet été ou dans les prochaines années, ne manquez pas cette occasion de combler (ou retrouver) votre cœur d’enfant.