Le Délit a rencontré deux étudiant·e·s de McGill, Pierre et India, pour qu’ils·elles nous racontent leur expérience sur les échanges à l’étranger dans l’une de nos universités partenaires. Pierre est un ancien étudiant de la promotion de 2022 ayant fait un échange avec l’Université de Hong Kong lors de son baccalauréat en sciences politiques et de développement international. India étudie en sciences politiques et en étude du Moyen-Orient et du monde islamique, et elle a récemment été acceptée pour étudier à l’Université de Bogazici en Turquie au semestre d’hiver prochain.
McGill propose trois types d’opportunités à l’étranger : l’étude de terrain, le stage et les cours. C’est sur ce dernier que nous allons nous concentrer. Les échanges universitaires sont proposés dans cinq régions différentes ; les Amériques, l’Asie, le Moyen-Orient, l’Europe et l’Océanie avec plus de 150 universités dans 39 pays.
Un processus d’entrée accessible, mais complexe
Afin de trouver le menu des universités disponibles pour les échanges, les étudiant·e·s doivent aller sur la page « Étudiant » du logiciel Minerva, puis sur « Menu Dossier des étudiants » ainsi que « Programme d’échanges/études à l’étranger » – un chemin périlleux. Il leur faut ensuite inscrire leurs quatre choix d’universités parmi lesquels les étudiant·e·s peuvent postuler et c’est selon l’ordre des préférences inscrites qu’il·elle·s seront sélectionné·e·s. Les demandes se font généralement six mois avant le début du semestre d’échange, ce qui laisse du temps pour préparer le départ. Pour le semestre d’automne 2024, les demandes se font du 5 décembre au 15 janvier 2024.
Cependant, pour beaucoup d’étudiant·e·s, le processus de sélection est relativement embêtant et compliqué à comprendre, avec un système d’équivalence de cours étrangers et un système de loterie. Ce programme nécessite aussi une moyenne pondérée cumulative (GPA) minimum de 3.0. Pour India, malgré l’existence de conseiller·ère·s disponibles pour répondre à ses questions, elle se sent « vraiment laissée toute seule » face à la planification de son diplôme, qui s’est complexifié lorsqu’elle a choisi de faire un échange. Ces inquiétudes concernent principalement l’équivalence entre les cours à McGill et ceux proposés lors de l’échange. De fait, India estime étrange de devoir trouver des cours similaires à ceux de McGill, alors que le principe même d’aller en échange est de découvrir des cours qui n’existent pas forcément à McGill. Or, ne pas trouver d’équivalence de cours lors de cet échange pourrait nécessiter un semestre supplémentaire à son retour d’échange, afin de finaliser son diplôme et compléter ses crédits manquants.
Aubaine pour certain·e·s
Même si le coût des billets d’avion vers l’autre bout du monde peut en décourager certains, les frais de scolarité des universités partenaires sont les mêmes que ceux de McGill, ce qui, pour Pierre – étudiant payant les frais de résident canadien hors Québec – était « un gros avantage », sans lequel il n’aurait pu étudier à l’Université de Hong Kong. Pour India, qui a également demandé un échange dans l’Université de Californie à Los Angeles (University of California Los Angeles, UCLA), « c’est financièrement une super opportunité » de pouvoir faire des échanges avec des universités comme UCLA, qui coûtent habituellement très chères – aux alentours de 47 000 dollars américains pour une année académique de neuf mois. En comparaison, pour une étudiante comme India payant les frais canadiens non québécois de 11 426,28 dollars canadiens pour une année à McGill, c’est avantageux. Toutefois, McGill prévient sur les frais d’hébergement, de nourriture, de transport local, le coût du passeport et des visas, des livres et fournitures, et des fonds d’urgence en cas de besoin. Le programme d’échange de McGill offre également des opportunités de financement comme des bourses et des prix comme le MIEA (McGill International Experience Award) afin d’aider les étudiant·e·s. Mais encore une fois, ces bourses sont majoritairement distribuées en fonction des notes, et sont ainsi moins accessibles aux étudiant·e·s les plus précaires.
« C’est financièrement une super opportunité de pouvoir faire des échanges avec des universités comme UCLA qui coûtent habituellement très chères »
India, étudiante à McGill
Opportunité unique, qui a pourtant ses défauts
Au-delà des finances, ces échanges sont des opportunités incroyables, à la fois pour Pierre et pour India. La vie de Pierre à Hong Kong était similaire à la première année à McGill, où tout le monde se mélange et où « pour rencontrer des gens, tu n’as pas le choix, tu dois aller vers eux ». De plus, pour certain·e·s comme Pierre, faire un échange dans une université prestigieuse comme celle de Hong Kong est « une belle ligne sur le CV ». Toutefois, c’est évidemment le lieu de cet échange qui lui importait. Vivre en Asie pendant six mois lui ouvre des portes pour ses études de commerce international. Suivant une question sur la facilité d’intégration, Pierre précise que Hong Kong est « assez spécial » en termes de culture, mais que McGill offre la possibilité d’aller dans des régions moins lointaines du Canada, qui ont par exemple comme langue nationale officielle l’anglais, facilitant les rencontres pour un·e étudiant·e anglophone.
Sachant qu’India étudie le Moyen-Orient et le monde islamique, elle considère que « partir à l’étranger dans le cadre d’études qui te plaisent et en plus dans une région logique par rapport à ce que tu étudies » est une opportunité qui a énormément de sens. Sélectionnée pour aller en Turquie, India a choisi « un endroit central à toute l’histoire et la politique du Moyen-Orient ». De plus, en termes d’expérience de vie, « se dire “je déménage pour quatre mois toute seule où je ne connais personne”, c’est aussi un défi que je trouve génial ». D’autant plus que les cours suivis dans les universités partenaires sont automatiquement classifiés en option S/U, ce qui selon India, permet de prioritiser l’expérience de découverte en ayant moins de pression que lorsqu’on étudie à McGill.
« Proposer uniquement deux destinations au Moyen-Orient [dont] l’Israël et la Turquie, et aucune en Afrique, est […] dommage »
India, étudiante à McGill
Toutefois, pour une université comme McGill qui a un institut renommé du Moyen-Orient et du Monde Islamique, proposer uniquement deux destinations au Moyen-Orient, soit Israël et la Turquie, et aucune en Afrique, est selon India « dommage ». McGill se défend en précisant qu’il s’agit d’une question de sécurité, étant donné qu’il est conseillé pour certaines destinations d’« éviter les voyages non essentiels » ou d’« éviter tous les voyages ». En discutant de ces restrictions, India a noté que ce n’est pas toujours le cas dans d’autres universités montréalaises, comme Concordia, où sont proposés des échanges dans des universités en Égypte, par exemple. Elle dit ne pas comprendre pourquoi McGill, qui est une université soi-disant « ouverte d’esprit », priorise des destinations occidentales. Le fait que McGill ne mette pas en avant les connaissances et les universités du Moyen-Orient et de l’Afrique est selon elle « comme si les universités là bas n’étaient pas assez bonnes pour (McGill, ndlr) ». Au contraire, India trouve que ce qui donne du sens aux études et au parcours professionnel ou scolaire, c’est de partir dans un nouvel endroit avec de nouvelles cultures, et de ne pas forcément se retrouver dans un cadre anglophone. Ce qui a poussé India a choisir la Turquie c’est justement cette quête de dépaysement du Canada, ce désir de découvrir autre chose.
Pour plus d’information, visitez le site d’échanges de McGill ou contactez des conseillers du Bureau des échanges internationaux.