Moi, Montréal
J’ai vu des peuples se disputer impitoyablement mes terres.
Ils étaient ou Anglais ou Français et se faisaient la guerre.
Tous ne pensaient qu’à arracher mes racines pour cultiver leurs champs.
Parmi eux figurent encore d’obscurs descendants,
De semeurs de blé aux gestes rythmés par la cadence.
Tous étaient attirés par la fertilité de mes pâturages (Abondances)
Moi, Montréal
J’ai vu des clairières prendre la place de ma forêt abattue.
J’ai vu l’époque où les routes n’étaient que cailloux et terre battue.
J’ai vu l’avènement graduel de tresses ferrées sorties droit des mines,
Où le tramway gagnait le pari de l’audace par sa vitesse,
Transportant à des coûts minimes voyageurs, familles, copains et copines.
Tout ce monde, pourtant, est resté insensible à ma détresse.
Moi, Montréal
J’ai bien su divertir mon grand public, en particulier le cercle de mes intimes.
Avec Maurice Richard, mon acolyte, c’était une reconnaissance unanime,
C’étaient des galas de buts, des visages allumés, la joie d’une absolue pureté,
Les Canadiens de Montréal, mon équipe éponyme, faisait alors toute ma fierté.
Cette équipe, on la porte encore aujourd’hui fièrement dans les cœurs.
Ensemble, soyez donc fiers d’appartenir, comme moi, à la lignée des vainqueurs.
Moi, Montréal
J’ai vu des marées humaines déferler des quatre coins de la planète,
Des guides du coin qui couraient à la rencontre des touristes inquiètes,
S’arrêter net pour contempler mes architectures dans toute leur splendeur,
Ou se questionner devant des réalisations d’une telle grandeur,
D’autres encore tomber en admiration devant chaque détail de mes monuments,
Comme s’ils avaient peur de manquer de cette visite les moindres petits moments.
Moi, Montréal
J’ai donné sans attendre mon tour.
Que dois-je espérer en retour ?
Qu’on se soucie de ma vieillesse ?
De mon environnement, de ma jeunesse ?
Pour ceux et celles qui l’ignorent encore.
Je suis et resterai toujours la ville des records !