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Dune : deuxième partie – une odyssée visuelle

Critique du nouveau chef d’oeuvre cinématographique de Denis Villeneuve. 

Clément Veysset

Le 1er mars dernier, Dune : deuxième partie a pris l’affiche, deux ans et demi après la parution de la première partie. Alors que le premier opus réalisé par le réalisateur québécois Denis Villeneuve avait fait un carton en remportant six Oscars [notamment pour les aspects techniques comme la photographie, le son ou encore les décors, ndlr], la sortie du deuxième film était plus qu’attendue.

Tout comme la première partie, le casting ne déçoit pas. On y compte évidemment Timothée Chalamet et Zendaya ; mais on retrouve aussi des acteur·ice·s de renom comme Florence Pugh, Léa Seydoux, Javier Bardem, ou encore l’excellente Rebecca Ferguson… Vous l’aurez compris, impossible de tous·tes les lister.

Synopsis
Au cas où vous n’auriez pas encore entendu parler de ce film (peut-être vivez-vous vous aussi dans les souterrains d’Arrakis?) Dune est une série de six romans de science-fiction, parus entre 1965 et 1985, et écrits par l’auteur américain Frank Herbert. En 1986, alors que la saga n’est pas terminée, l’auteur décède, et son fils décide de reprendre le flambeau. Brian Herbert écrira plus d’une dizaine de livres poursuivant la saga. Cette série renferme une histoire longue et complexe, mêlant romance, politique, drame et action. Dune est le surnom de la planète Arrakis, caractérisée par sa chaleur, son sable, et sa population native : les Fremen. Paul Atréides est le personnage principal, qui va devoir affronter son destin pour rétablir la paix dans la galaxie. À la fin de Dune : première partie, Paul et sa mère sont parvenus à rejoindre les Fremens après qu’une attaque orchestrée par les Harkonnens ait décimé l’entièreté des Atréides, leur « maison » [qui s’apparente d’ailleurs davantage à une « lignée », ndlr]. Dune : deuxième partie correspond à la suite linéaire du premier opus.

Chef d’œuvre cinématographique ?
Denis Villeneuve a encore su impressionner : visuellement, le film est un chef‑d’œuvre. Que ce soit pour représenter l’immensité et l’hostilité du désert, la cruauté des Harkonnen ou la violence des combats, le cadrage et le jeu de lumières transforment le visionnement du film en une réelle immersion dans le monde fictionnel de Herbert. Aux plans saisissants s’ajoutent les costumes majestueux et resplendissants des personnages, qui donnent vraiment à l’univers de Dune son intemporalité poétique, mêlant éléments technologiques du futur, et reliques du passé.

Si une chose peut décevoir, c’est l’utilisation un peu limitée de la musique. Alors que la musique du premier opus berçait les plans de paysages et rythmait l’entièreté du film – ce qui contribue d’ailleurs beaucoup à sa qualité – ce deuxième opus laisse nettement moins de place à la bande sonore composée par Hans Zimmer, ce qui est regrettable. En revanche, ne nous désolons pas, le peu de musique que nous pouvons entendre reste tout à fait superbe.

En profondeur
Lors du visionnement, impossible de rester indifférent face à la place prépondérante qu’occupe la religion dans le film. Alors que la première partie s’intéressait davantage à l’environnement de d’Arrakis, le scénario du film est cette fois-ci davantage rythmé par sa culture et particulièrement par la religion. Tout au long du film, la « prophétie » pousse Paul, inévitablement, à devenir le meneur d’une guerre sainte, d’un jihad armé [Herbert utilise cette expression dans son livre, alors qu’elle n’avait pas le même poids qu’aujourd’hui, ndlr]. Ce film nous montre l’établissement d’un radicalisme religieux fondé autour de la figure de Paul. Ce film dresse d’ailleurs une très bonne critique du radicalisme et des croisades, entre autres grâce au personnage de Chani, interprété par Zendaya. Tout au long du film, c’est elle qui questionne la réelle nature de cette « prophétie », et fait le constat de l’impact de cette dernière sur ses pairs.

Enfin, impossible de ne pas être époustouflé par les scènes de combats – dont les chorégraphies sont particulièrement réussies – qui transmettent la tension jusque dans l’estomac du téléspectateur. 

Pour nuancer, l’adaptation de Denis Villeneuve est dans l’ensemble très, voire trop, fidèle au livre original de Frank Herbert, et c’est justement ce qui rend le film un peu déséquilibré. Dans le livre, les personnages changent assez rapidement en fonction des évènements, mais dans le film ces évolutions drastiques sont exacerbées, ce qui rend la compréhension parfois un peu complexe, lorsqu’on observe des personnages faire l’inverse de ce qu’ils prétendaient quelques minutes plus tôt. On pardonnera Villeneuve, puisque dans un film d’un peu moins de trois heures, ce sont plusieurs centaines de pages qui sont condensées en quelques minutes : l’évolution des personnages est donc naturellement accélérée. 


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