Disponible sur la plateforme web et l’application de Télé-Québec, la nouvelle série documentaire Face à la danse propose une exploration des coulisses du monde de la danse à Montréal. J’ai eu la chance d’être assistante à la production lors du tournage de la série.
Il est bien connu que la ville de Montréal est un pôle culturel. Des artistes de tout genre s’y rencontrent et reflètent par leur art la richesse de la métropole. Il n’en est pas moins pour les danseur·euse·s professionnel·le·s, qui sont nombreux·euses à évoluer dans les programmes de danse de l’Université Concordia, l’UQAM, ou dans les écoles de formations professionnelles dont regorge Montréal.
Mais qu’en est-il de ce qu’on appelle le street dance, ce style de danse qui s’est développé à l’extérieur des studios ? Produite par Picbois Productions, la docu-série Face à la danse lève le voile sur le parcours des street dancers de Montréal. À travers cinq protagonistes : Maude, Waldo, Axelle, Destiny et DKC et leurs styles de danse différents, la série nous fait découvrir une communauté qui, malgré le peu de reconnaissance institutionnelle qu’elle reçoit – et qu’elle rejette, car perçue comme contradictoire au street dance – est vibrante et soudée.
« On s’attache à eux·elles, et en découvrant leur univers, on voudrait en apprendre toujours plus »
Composée de six épisodes de vingt minutes, Face à la danse est parfaite pour une session de binge-watching. Chaque épisode se termine sur un suspense, ce qui rend l’envie de cliquer sur le prochain épisode encore plus irrésistible. En tant qu’étudiante en cinéma, je me dois de mentionner qu’esthétiquement, les images sont sensationnelles. C’est peut-être parce qu’il a réalisé Drags – Les reines de la pop !, que Christian Lalumière, le réalisateur de la série, sait faire briller les stars de la scène.
En plus de la bonne dose d’action que nous font vivre les battles auxquelles prennent part tous les protagonistes de Montréal à New York, ceux·celles-ci nous ouvrent la porte aux moments plus intimes de leurs vies. On y découvre la belle complicité père-fille de DKC et Destiny et le rôle de mentor que joue Axelle pour Maude. On en vient à admirer la bienveillance et l’entraide qui caractérisent les relations entre les cinq danseur·euse·s. Tous·tes en sont à un stade différent dans leurs battles, autant comme danseur·euse·s que comme personnes. On s’attache à eux·elles, et en découvrant leur univers, on voudrait en apprendre toujours plus. D’ailleurs, la série nous laisse un peu sur notre faim : on a l’impression de quitter les personnages trop tôt dans leur parcours. Pour le téléspectateur qui ne connait pas grand-chose au milieu du street dance, la série est extrêmement pertinente, parce qu’à travers la découverte du waacking, popping, break et hip hop, Face à la danse s’impose comme un cours d’histoire. Derrière ce projet créatif, il y a une réelle intention d’être fidèle à la réalité et de faire honneur aux communautés qu’elle met à l’écran. Axelle Munezero, l’une des protagonistes, a joué un rôle clé comme productrice de contenu et directrice artistique, tandis qu’Alexe Lebelle-Faille, l’une des danseuses de waacking qu’on aperçoit sous le pseudonyme « Lex » a également endossé le rôle de monteuse en post-production.
Léa Villalba, à l’origine de l’idée de la série, danse depuis qu’elle a quatre ans. Après avoir découvert 100Lux, l’organisme à but non lucratif co-fondé par Axelle, qui oeuvre pour donner de la visibilité au street dance et offre un lieu où les danseur·euse·s peuvent perfectionner leur art, elle a décidé d’écrire son mémoire de maîtrise à l’UQAM, sur les communautés du street dance. « J’ai compris que le hip hop était bien plus qu’un style de danse, mais une culture à part entière, avec son histoire et ses valeurs », m’a‑telle confié dans une entrevue. Bien que Léa ne danse pas dans la série, son attachement à la communauté de la danse est pertinent parce que lorsque l’on s’infiltre dans un milieu qui n’a pas l’habitude de recevoir des visiteur·euse·s, le respect et l’écoute doivent régner.
À mon sens, c’est le double rôle des gens qui ont travaillé sur le projet qui a rendu Face à la danse aussi unique. Ça a fait en sorte que ce qui aurait pu être le portrait flou d’une communauté observée de loin s’est avéré être
une réelle immersion dans un monde riche et éclectique. J’étais dans la salle lorsque les protagonistes et certain·e·s de leurs ami·e·s danseur·euse·s ont visionné les épisodes pour la première fois, et je peux confirmer, par les applaudissements et rires qui retentissaient, que l’effort d’être authentique (des deux côtés de la caméra) a porté fruit.