Comme chaque année depuis plus de 40 ans, la rentrée des classes est synonyme de la parution d’une nouvelle édition du Délit. Pour certains, ce sont les retrouvailles d’une publication qui les tient au courant de l’actualité du campus, pour d’autres c’est la découverte d’une vie étudiante francophone à McGill. Pour les membres du conseil éditorial, c’est surtout le retour des cogitations sur le prochain article, des entrevues avec les professeurs, des échanges avec nos contributeurs et des heures passées à réécrire la même phrase. Si l’équipe donne autant de soi dans chaque étape de la rédaction, ce n’est certainement pas pour le salaire exorbitant que reçoivent les éditeurs. Non, l’enthousiasme de l’équipe puise ses sources en d’autres courants, et le premier tient de la responsabilité qu’ils ont à l’égard de ce qu’ont construit les éditeurs précédents. Ces personnes, qui, tout comme nous, y ont investi des heures et versé tout leur cœur. Le deuxième, elle tient de la responsabilité de contribuer à la mémoire collective mcgilloise, en fournissant une documentation vivante de ce qu’est l’Université, et son évolution.
L’équipe du Délit n’est pas simplement liée par le fait de produire ensemble chaque semaine, mais aussi par le fait de partager des habitudes, un quotidien, des idées, ainsi qu’une curiosité pour le monde qui nous entoure. Chaque éditeur et éditrice se révèle peu à peu être un organe indispensable au bon fonctionnement de l’organisme qu’est Le Délit. En revanche, cet organe ne limite pas l’éditeur simplement à son rôle dans la chaîne de production. Le Délit se veut plutôt être le médium de l’épanouissement intellectuel et culturel de chacun : si un éditeur souhaite s’informer et pousser davantage sur un sujet donné, il est libre de s’y plonger, de choisir ses articles, ainsi que les défis qui les accompagnent. C’est d’ailleurs au nom de cette idée que Le Délit détient une « section tournante », qui peut être modelée chaque semestre par les volontés et ambitions du conseil éditorial. Elle a d’ailleurs traité le sujet de l’environnement le semestre dernier.
On ne peut comprendre ce qu’est Le Délit qu’en le lisant dans un premier temps, et en y contribuant dans un deuxième. Toutefois, il convient peut-être de l’introduire en explicitant ce qu’est son mandat ; ce pour quoi il existe. Certes, comme tout journal, Le Délit est un média d’information et de partage. Et en tant que journal étudiant, il est au service de la population de McGill et se concentre sur les enjeux du campus. Mais avant tout, ce pour quoi Le Délit existe est la langue française et tout ce qui s’y cache. Rappelons le premier éditorial de notre journal : « Une édition francophone ne peut avoir qu’un effet positif car elle permettra l’expression des sentiments d’une minorité culturelle en Amérique, qui est majoritaire au Québec. Ainsi, les anglophones seront à même de mieux comprendre certaines aspirations de leurs voisins. » Sur le campus, nous sommes la voix de ce qui est vécu en français, et nous avons le devoir de le partager avec autrui. Notre première responsabilité est d’être le contrepoids des pouvoirs déjà en place. Ainsi, nous abordons les enjeux qui touchent notre communauté à l’intersection de notre identité de francophone et d’étudiant : le but étant de poser un regard qui se distingue de la bulle anglophone lorsque l’administration de McGill prend une décision, et d’avoir une approche nuancée lors qu’il en vient à celles de l’Assemblée Nationale.
Si la présentation de l’information objective n’existe pas, Le Délit tente de naviguer à travers les événements du quotidien en laissant de côté les interprétations faussées et politisées que connaît notre monde. Les événements graves, lourds de sens et lourds de peines exacerbent chaque jour un peu plus les ressentiments et perceptions individuelles ; agir en tant que journal étudiant au sein de la communauté mcgilloise et de la société québécoise correspond donc à un exercice complexe et sensible, mais qui est également enrichissant et instructif sur l’état de notre monde pour nos aspirants journalistes.
Agir en tant que journal étudiant, c’est aussi décider ouvertement de couvrir les sujets qui nous tiennent à cœur, de porter des valeurs en lesquelles nous croyons et des opinions que nous défendons. La première est avant tout la défense du « dialogue et de l’expression de points de vue différents dans un contexte de respect et de reconnaissance des droits individuels et collectifs et de non-discrimination fondée notamment sur le genre, l’orientation sexuelle, l’origine raciale, les aptitudes physiques et les croyances religieuses. » Cette année, l’équipe éditoriale se donne le devoir de soutenir ces valeurs, et vous invite tous et toutes à participer et contribuer à cette mission si vous sentez qu’elle résonne en vous