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Rentrée littéraire 2024

Huit titres à découvrir.

Eileen Davidson

Bien que la rentrée littéraire soit un phénomène typiquement français, elle a déjà depuis plusieurs années conquis le territoire québécois. Comme son expression l’indique, il s’agit d’une période où abondent les publications littéraires : du mois d’août, qui entame la saison du back-to-school, jusqu’à la mi-novembre, où sont annoncés les livres en lice pour les prix littéraires. Durant cette période, les librairies bourdonnent d’une effervescence commerciale, mais attrayante à souhait pour les amateurs de littérature. Sans plus attendre, voici le meilleur du mois d’août et les parutions les plus anticipées de l’automne.

Jacaranda, Gaël Faye

Lauréat du prix Goncourt des lycéens en 2016, l’auteur franco-rwandais est de retour avec Jacaranda, un roman poignant, qui explore les répercussions du génocide rwandais au fil de quatre générations. Le narrateur, Milan, entame une quête à la recherche de ses racines et de l’histoire du Rwanda, son pays d’origine. Le récit, qui s’étend jusqu’en 2020, explore les répercussions du génocide des Tutsis et la modernisation du pays, tout en mettant en lumière le poids du silence familial et le traumatisme intergénérationnel. Gaël Faye parvient à tisser un récit complexe où les souvenirs, les douleurs, et les espoirs d’un pays se rencontrent. Ce livre est bien plus qu’un simple récit sur le génocide ; il est une réflexion sur les répercussions à long terme de la violence extrême sur les individus et les sociétés.

Eileen Davidson

Prophétesse, Baharan Baniahmadi

Dans un quartier pauvre de Téhéran, en Iran, la petite Sara, âgée de sept ans, assiste impuissante à l’enlèvement de sa sœur Setayesh par un homme du voisinage. Traumatisée par cet événement, Sara perd l’usage de la parole. Muette et hantée par le souvenir de sa sœur disparue, Sara commence à développer des symptômes étranges, comme une allergie à la présence des hommes et des crises de possession par l’esprit d’une vieille femme polonaise. Des années plus tard, exilée à Montréal, Sara se réinvente en prophétesse moderne, attirant à elle des adeptes grâce à un discours enflammé contre les injustices et les souffrances que subissent les femmes dans un monde oppressif. Prophétesse est le premier roman de l’autrice iranienne Baharan Baniahmadi, un récit puissant et dérangeant qui explore les conséquences des traumatismes sur l’âme humaine, écrit dans un style narratif qui mêle surréalisme et critique sociale pour plonger le lecteur dans l’esprit tourmenté de Sara.

Eileen Davidson

Tout me revient maintenant, Jean-Michel Fortier

Ce quatrième roman de Jean-Michel Fortier nous présente Colin Bourque, un adolescent de 16 ans vivant à Sainte-Foy en 2003, et ses préoccupations quotidiennes : son aversion pour l’école secondaire, son appréhension pour le cégep, et sa passion pour la musique de Céline Dion. Travaillant le dimanche dans une boutique où il passe son temps libre à discuter avec sa meilleure amie Eugénie, Colin voit son univers se transformer lorsqu’il rencontre Yann Moreau, un étudiant plus âgé. Fortier offre une vision poignante et souvent humoristique de l’adolescence, où chaque page révèle les dilemmes et les émotions d’un jeune en quête de vérité et de soi-même. Un roman qui allie humour et émotion avec une grande finesse. L’auteur réussit à capturer l’essence de l’adolescence avec une authenticité désarmante et un narrateur exceptionnellement attachant, dont la sensibilité et la sincérité transforment une histoire banale en une lecture captivante.

Eileen Davidson

Rue Escalei, Laure Nicolae

Récipiendaire du prix Robert-Cliche du premier roman, Rue Escalei nous immerge dans la capitale roumaine des années 1970, sous le régime totalitaire de Nicolae Ceaușescu, où un événement bouleverse la paix apparente du quartier Andronache : le camarade Popescu est retrouvé inconscient, victime d’une agression. Au fil de l’enquête qui se penche sur les circonstances de cette attaque, nous découvrons les habitants de la rue Escalei, chacun portant les marques des guerres passées et du régime autoritaire. La prose de Nicolae, simple mais évocatrice, rend hommage à une génération qui, malgré les traumatismes, a su préserver la beauté du quotidien et la chaleur des liens humains. C’est un portrait intimiste, empreint de nostalgie d’une Roumanie où les traditions, superstitions, et solidarités de voisinage coexistent avec les ombres du régime communiste.

Le harem du roi, Djaïli Amadou Amal

Après Les impatientes, qui obtient le prix Goncourt des lycéens en 2020, et Le Cœur de Sahel, qui figure parmi les Choix Goncourt de l’été 2022, Djaïli Amadou Amal revient à la charge avec Le harem du roi. D’une écriture sobre, mais percutante, l’autrice camerounaise nous plonge dans un lamidat, une chefferie traditionnelle musulmane en Afrique. Le roman suit Seini, un ancien médecin devenu roi (ou lamido), après avoir été élu par sa communauté. À travers les yeux de son épouse, Boussoura, nous pouvons découvrir les réalités complexes de cette société où les traditions et la religion dictent chaque aspect de la vie. Le lamido, en tant que commandeur des croyants et garant des traditions, est entouré d’épouses, de concubines, et d’esclaves, chacun et chacune soumis à une hiérarchie implacable. Boussoura, éduquée et enseignante, incarne la modernité. Son mariage avec Seini, autrefois fondé sur l’amour et l’égalité, bascule lorsqu’il devient roi. Confrontée aux traditions du palais et à la vie des femmes du harem, elle découvre un monde où la liberté est étouffée par les coutumes séculaires. Les rivalités, les jalousies, et les luttes de pouvoir dans le harem révèlent un microcosme où chaque femme lutte pour survivre, espérant gagner la faveur du lamido. Une œuvre puissante qui jette une lumière crue sur les réalités de la condition féminine dans une société encore dominée par les traditions patriarcales.

Eileen Davidson

La danse des flamants roses, Yara El-Ghadban

La danse des flamants roses est une fable d’anticipation qui se déroule dans une vallée proche de la mer Morte, où une mystérieuse « maladie du sel » décime la population. Alors que la civilisation s’effondre, un groupe de survivants, appelés le « peuple du sel », réinvente une société harmonieuse au milieu des ruines, en symbiose avec la nature et des colonies de flamants roses. Alef, le narrateur, raconte cette utopie fragile vingt ans après les événements, où des humains et des animaux cohabitent dans un équilibre précaire. Un roman profondément actuel, qui mêle réalité et fantastique pour explorer des thèmes universels comme la survie, la résilience et la réconciliation. À travers une prose poétique, l’autrice palestino-canadienne Yara El Ghadban questionne les frontières entre l’homme et la nature, la guerre et la paix, l’utopie et la réalité. Une lecture captivante et nécessaire pour tous ceux qui cherchent une lumière d’espoir dans un monde en constante mutation.

Bulles de fantaisie, Sophie Bouchard (à paraître le 12 septembre)

Autrice québécoise reconnue pour son style introspectif et incisif, Sophie Bouchard poursuit sur sa lancée d’exploration des parcelles plus sombres de la psyché humaine avec Bulle de fantaisie. Rythmé par la vie de trois couples contemporains et la découverte de leur intimité, le prochain roman de Sophie Bouchard promet une exploration poignante des complexités des relations amoureuses et humaines, où l’amour, la fragilité et les illusions sont abordés dans toute leur intensité. À travers ces histoires, le roman révèle le secret d’une femme qui, fuyant sa propre réalité, se crée des « bulles de fantaisie » pour échapper à une vie dont l’intensité la submerge.

Eileen Davidson

Les sentiers de neige, Kev Lambert (à paraître le 2 octobre)

Après avoir conquis le lectorat québécois et français avec Que notre joie demeure, lauréat du prestigieux prix Médicis, Kev Lambert fait un retour anticipé le 2 octobre prochain avec son quatrième roman : Les sentiers de neige. L’histoire se déroule principalement dans une école primaire à Chicoutimi, où la nostalgie du passé se heurte à la réalité du présent. Zoey, dont les parents sont séparés, passe son premier Noël en garde partagée avec son père au Lac-Saint-Jean, tandis que sa mère souffre de cette séparation. Accompagnée de sa cousine Émie-Anne, l’héroïne s’aventure dans une forêt hivernale remplie de créatures imaginaires. Les sentiers de neige de Kev Lambert s’annonce comme une exploration fascinante de l’enfance et des dynamiques familiales, marquées par la séparation et les fêtes de fin d’année.


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