La saison estivale de l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne mondiale de près de 17 ̊C. Cela dépasse de plus de 1,5 ̊C la température moyenne préindustrielle (1850–1900), un objectif clé de l’accord de Paris. Malgré ces faits inquiétants, il ne faut pas baisser les bras. Les individus et les communautés à travers le monde prennent des initiatives pour lutter contre les changements climatiques, et ces efforts ne doivent pas passer inaperçus. La motivation à lutter contre les changements climatiques se cultive, et se rafraîchir les pensées en s’exposant à des bonnes nouvelles environnementales ne peut qu’être bénéfique à la cause. Voici un récapitulatif des événements mondiaux de l’été 2024 en matière d’environnement.
No Now May et le Défi pissenlit
Au mois de mai 2024, le mouvement No Mow May mis en place par l’organisation britannique Plantlife a connu une certaine popularité en Amérique du Nord. Le défi consiste à ne pas tondre sa pelouse durant l’entièreté du mois de mai, afin de laisser pousser les plantes et les fleurs et permettre aux pollinisateurs de profiter de toute la verdure, qui se fait plus rare en fin d’hiver et au début du printemps. Le mouvement a été endossé par certaines organisations, dont Bee City USA, qui encourage à étendre l’abstention de la tonte au printemps et même à l’année au complet. Selon Bee City USA, les bénéfices de laisser pousser sa pelouse sont multiples : une réduction de la pollution sonore due à l’équipement parfois bruyant de maintien paysager, ainsi que de meilleures conditions pour les invertébrés et une économie d’eau, de temps, et d’argent.
Le Défi pissenlit, une initiative québécoise lancée en 2021 par Miel&Co. est similaire au No Mow May, mais se distingue de ce dernier en ne donnant pas de contrainte de durée ou de moment précis. L’organisme propose plutôt aux Québécois·e·s de simplement laisser fleurir les pissenlits avant de les tondre. Les pissenlits sont essentiels au développement printanier des colonies d’abeilles, selon les observations des apiculteurs. En juillet, la ville de Québec a interdit l’utilisation de pesticides non biologiques sur son territoire. Il semble donc qu’un changement de mentalité est en train de se produire en ce qui concerne l’idéal de la pelouse parfaite. Il reste à voir si ces mouvements viraux de l’été 2024 conserveront leur popularité dans les années à venir.
Des entreprises de produits menstruels durables
Les entreprises ayant pour but d’offrir des produits et des services écologiques à leurs consommateurs ne cessent de se multiplier au Québec. L’entreprise québécoise de produits menstruels sains et durables Iris + Arlo offre des serviettes sanitaires, des tampons et des culottes menstruelles sains, fabriqués à partir de matériaux simples et naturels, autant pour la santé de ses client·e·s que pour celle de notre planète. Sur son site internet, l’entreprise montre son impact en quelques statistiques clés. Par exemple, chaque année au Canada, plus de 771 millions de produits menstruels se retrouvent dans les dépotoirs. En plus d’avoir pour mission de diminuer l’impact environnemental des produits menstruels, Iris + Arlo a une vocation éducative et inclusive. La compagnie souhaite démystifier les tabous liés aux menstruations et aux personnes menstruées. On peut retrouver sur leur site internet un lexique sur tout ce qui est en lien avec le sujet.
Une autre compagnie de produits menstruels écologiques, Mme L’Ovary, propose des produits réutilisables en coton naturel et des coupes menstruelles. Ce type de produit gagne petit à petit en popularité depuis quelques années. La compagnie vise autant à protéger la santé des personnes menstruées que celle de l’environnement. Plusieurs entreprises dans divers secteurs intègrent de plus en plus cette notion d’interdépendance entre la santé humaine et la santé environnementale.
La demande en combustibles fossiles diminue
Les scientifiques avertissent depuis plusieurs années des dangers environnementaux si les émissions de gaz à effet de serre (GES) ne cessent pas et ne diminuent pas jusqu’à la nullité. Depuis que les énergies fossiles sont devenues une partie intégrante du fonctionnement de l’espèce humaine, les émissions de GES continuent d’augmenter. Pourtant, de plus en plus de pays industrialisés tentent de diminuer leurs émissions de GES en se tournant vers des énergies renouvelables. Une des technologies vers laquelle ceux-ci se tournent pour remplacer les énergies fossiles est l’électricité. Ce n’est pas la solution idéale de remplacement, car elle émet également du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, mais c’est un pas dans la bonne direction. La consommation mondiale d’électricité ne cesse d’augmenter, et selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), cette augmentation vient avec un plafonnement de la demande en énergies fossiles prévu d’ici 2025. Le taux de croissance des émissions de GES a diminué dans les dernières années. Un tel plafonnement annoncerait une ère de décroissance des émissions de GES.
Au Québec, la transition énergétique, qui vise à remplacer les énergies fossiles par l’électricité, va entre autres reposer sur l’énergie éolienne dans les prochaines années. Plusieurs projets de parcs éoliens vont être mis en place, dont un premier déjà en cours au Lac-Saint-Jean. La Société d’État Hydro-Québec se lance dans ce secteur qu’elle laissait autrefois au privé pour atteindre son objectif de doubler sa production énergétique d’ici l’année 2050.
Protection de la faune
Les animaux font face aux conséquences graves des changements climatiques, dont l’extinction. Le caribou est menacé de disparition au Québec depuis plusieurs années, et l’état de sa population ne s’améliore pas. Cet été, le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a demandé au Conseil des ministres d’intervenir pour protéger les habitats des caribous afin d’assurer la survie de l’espèce. Les industries minière et forestière figurent parmi les principaux facteurs perturbateurs des habitats des caribous, entre autres à cause des conséquences de la coupe forestière et du réseau routier qu’elle nécessite. Un projet de décret d’urgence a donc été entamé cet été afin de mettre en place des mesures plus radicales de protection de trois hardes précises de caribous, soit celles de Val‑d’Or, de Charlevoix et du Pipmuacan.
La rainette faux-grillon, une espèce d’amphibien qui se reproduit dans des milieux humides du Québec, est de plus en plus affectée par l’étalement urbain et l’agriculture. L’espèce a pourtant connu de bonnes nouvelles cet été. Grâce à un investissement de 8,2 millions de dollars du Fonds de la nature du Canada, des habitats de la rainette faux-grillon ont été restaurés au Québec : plus de 13 hectares sur la Rive-Sud de Montréal, plus de 42 hectares en Outaouais et près de 40 hectares en Montérégie. La rainette faux-grillon, malgré sa petite taille, occupe un rôle important dans son écosystème. Elle agit comme indicateur de la pression sur la biodiversité dans son milieu grâce à la similarité entre ses besoins et ceux de plusieurs autres espèces.
L’été nous apporte également une bonne nouvelle pour les dindons sauvages : l’espèce qui était autrefois menacée de disparition à cause de la destruction de son habitat et de la chasse intensive compte maintenant une population nombreuse. Plusieurs citoyens en ont même aperçu dans les villes.
Pour ce qui est du projet d’agrandissement du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent et du projet de création d’un parc marin entre l’île d’Anticosti et la réserve du parc national de l’Archipel-de-Mingan, des progrès se réalisent. Depuis l’automne 2023, les représentants de Parcs Canada, du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec et de la Société des établissements de plein air du Québec ont consulté les communautés autochtones, municipalités et entreprises concernées par le projet d’agrandissement du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent. En automne 2024, les différentes administrations prévoient consulter le public. Ces consultations servent à recueillir les préoccupations et les questions des parties prenantes pour y répondre et réaliser un parc marin qui conviendra à ses utilisateurs et ses visiteurs.
Ces avancées dans les projets de protection de l’environnement et dans les mentalités sont encourageantes. C’est avec une combinaison de petites victoires et de grandes réformes que nous pouvons espérer inverser les tendances actuelles et construire un avenir plus durable.