Ce mois d’octobre a marqué la sixième édition du Mois de l’héritage latino-américain à Montréal, et des célébrations de tous genres ont été au rendez-vous. Au cours des dernières semaines, les apports culturels diversifiés de la communauté latino-américaine ont été mis à l’honneur au moyen de festivités et de commémorations à travers la ville. Depuis 2019, la mission de cet évènement est de « favoriser la convergence et le rayonnement des différentes expressions sociales et culturelles » qui découlent de l’immigration latino-américaine. Le comité d’organisation a ainsi proposé au public une multitude de rencontres vibrantes et culturelles, telles que des spectacles de danse, des foires et des expositions, mais aussi des conférences traitant de sujets sociétaux comme l’intégration dans le monde professionnel.
Faciliter l’intégration
Un des contributeurs majeurs du mois de l’héritage n’est autre que la fondation LatinArte qui, depuis la première édition, s’est installée à la Maison de la culture Claude-Léveillée et organise son festival chaque année. Si le mois de l’héritage organisé par la ville de Montréal est relativement nouveau, le festival de la fondation LatinArte, lui, est bien plus ancien. Depuis maintenant 16 ans, celui-ci vise à mettre en lumière les artistes latino-américains et leurs contributions à la culture montréalaise. Pour Angela Sierra, directrice du festival, chaque mois d’octobre représente un pas de plus pour l’intégration de la communauté latino-américaine à Montréal. Elle rappelle que différents organismes tels que la Maison des Amériques, ou le Centre d’aide aux familles latino-américaines (CAFLA) sont disponibles et ont pour but de faciliter l’insertion des nouveaux arrivants sur le sol québécois.
Depuis maintenant six ans, les locaux Claude-Léveillée sont devenus le foyer des artistes latino-américains de tous genres. Le 23 octobre s’est ainsi tenue la rencontre poétique et musicale de la poète Flavia Garcia et du pianiste José Maria Gianelli, Fouiller les décombres, qui retrace l’enfance de la poète sous la dictature de la junte militaire en Argentine. Dans un décor minimaliste et faiblement éclairé, les artistes alternent voix parlée, chantée, danse, piano, contrebasse et flûte. De temps à autres, Flavia Garcia, qui interprète ses propres textes, passe du français à l’espagnol, avec un accent argentin qui réconforte l’audience. Ayant quitté l’Argentine dans sa jeunesse, elle insiste sur l’importance de partager les expériences de son passé : « C’est un peu notre héritage vivant, notre apport à la société dans laquelle on vit. On apporte nos histoires et on les partage avec les gens. » Elle a conscience qu’il est parfois difficile de s’insérer mais souligne aussi les progrès de ces dernières années : « Ce n’est pas facile de s’intégrer ici, surtout quand on ne parle pas la langue. Mais une fois cette barrière franchie, il y a beaucoup de mesures mises en place pour que les gens puissent s’intégrer facilement », explique-t-elle.
Des hommages multiples
À quelques pas de là, sur la rue Saint-Hubert, se tient l’exposition temporaire Titre de voyage, qui illustre la crise migratoire face à laquelle sont confrontés réfugiés et migrants lorsqu’ils arrivent au Canada. Cette œuvre, réalisée par Juan David Padilla Vega, est une installation multimédia itinérante qui se niche dans plusieurs coins de la ville et qui mêle musique, photographie, performance et écriture. Sur l’installation de Saint-Hubert, une série de quatre affiches dépeint le lourd fardeau de ces populations. « 3 038 jours », « 1 600 jours », « 2 045 jours », peut-on lire sur les images : ce sont le nombre de jours depuis lesquels les immigrés sont dans l’attente d’une régularisation. Selon l’artiste, l’œuvre illustre cette attente perpétuelle qui « se matérialise comme une empreinte sur la peau des migrants ».
Toutefois, les hommages ne sont pas seulement culturels. L’Équipe de la Défense du Canada, elle aussi, tient à commémorer la contribution des populations latino-américaines au pays durant ce mois d’octobre. Saviez-vous que des membres de la communauté latino-américaine, venus tout droit de leur pays d’origine, s’étaient portés volontaires pour s’enrôler dans les Forces armées canadiennes lors des Première et Seconde Guerres Mondiales ? Ne parlant pour la plupart que l’espagnol, ces derniers avaient su s’intégrer de manière « remarquable » aux forces armées, a tenu à honorer le capitaine Rey Garcia-Salas, coprésident du réseau latino-américain de l’Équipe de la Défense et responsable du comité de planification du Mois du patrimoine latino-américain. Cette année, à l’occasion de la célébration de ce patrimoine et pour rendre hommage aux vétérans, différentes cérémonies de commémoration se sont tenues au Canada, dont une à Québec, ce vendredi 25 octobre.
« Ce n’est pas facile de s’intégrer ici, surtout quand on ne parle pas la langue. Mais une fois cette barrière franchie, il y a beaucoup de choses mises en place pour que les gens puissent s’intégrer facilement »
Flavia Garcia, Poète
Et à McGill ?
Le campus de McGill a lui aussi su prendre part aux célébrations. Ces dernières semaines, différents clubs et associations ont proposé aux étudiants un agenda d’activités pour rendre hommage à leurs cultures. Ainsi, l’Association d’Étudiants Espagnols et Latino-Américains (SLASA) a organisé plusieurs évènements sur le thème de l’héritage latino-américain, permettant à la fois la rencontre entre élèves et la mise en réseau avec des professionnels. Le 25 octobre dernier s’est alors tenu un panel réunissant plusieurs consuls de Montréal, notamment du Brésil, du Mexique et de l’Argentine. Cet évènement s’est fait aux côtés de l’Association des professionnels latinos d’Amérique (ALPFA) de Montréal, qui vise à offrir des opportunités d’échanges et de réseautage aux Latinos du Québec. Pour Julia, co-présidente de SLASA, il est important que le monde universitaire prenne conscience de cet héritage : « C’est une célébration qui unifie, et je suis fière que SLASA contribue à construire ce pont au sein de la communauté mcgilloise (tdlr). » De son côté, l’Association d’études caribéennes et latino-américaines et d’études hispaniques (CLASHSA) a elle aussi proposé différentes activités aux étudiants de McGill ; l’une d’elles, un atelier de poésie sur le thème des poètes latino-américains célèbres.
Bien que le mois d’octobre s’achève, certains évènements seront encore ouverts au public au début du mois de novembre, notamment pour célébrer la légendaire fête du Día de Los Muertos, qui se tient généralement les 1er et 2 novembre. Originaire du Mexique, cette tradition se célèbre dans l’ensemble de l’Amérique latine, et met en avant l’amour et le respect des populations envers les membres de leur famille n’étant plus parmi eux. Faisant partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO, le Día de los Muertos rassemble des millions de personnes dans un esprit de fête, car à travers défilés, costumes et danses, ils célèbrent à la fois la vie et la mort.
Si vous souhaitez vous rendre aux évènements proposés par la ville de Montréal, toutes les informations sont disponibles sur les sites internet du Mois de l’héritage latino-américain et du festival LatinArte. Concernant le campus de McGill, les actualités culturelles et académiques peuvent être retrouvées sur les comptes Instagram des associations, @slasa.mcgill et @clashsa.mcgill.
Et si vous avez manqué l’occasion de participer au célébrations du Mois de l’héritage latino-américain, ne vous inquiétez pas, il revient l’année prochaine !