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À vous de jouer

Environnement n’a pas dit son dernier mot.

Béatrice Poirier-Pouliot | Le Délit

2024 a signé un record historique de chaleur, mais elle a surtout franchi une barrière symbolique avec une température moyenne supérieure de 1,6°C à la norme pré-industrielle. Ainsi, l’objectif de 1,5°C fixé par l’Accord de Paris est désormais un rêve lointain. Même si une partie de l’augmentation des températures peut être attribuée au phénomène El Niño (un réchauffement anormal des eaux de surface de l’océan Pacifique équatorial, qui perturbe les régimes climatiques mondiaux), il ne faut pas se leurrer : l’urgence climatique est réelle et la nouvelle année ne va pas effacer tous les bouleversements qu’elle entraîne dans l’équilibre de nos sociétés, des écosystèmes et de la biodiversité. Les premiers jours de 2025, marqués par les immenses feux à Los Angeles, qui ravagent même les maisons des plus riches figures hollywoodiennes, rappellent que nous sommes tous vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique, qui ignore les frontières terrestres et remet en cause l’ordre naturel des saisons.

« Après un an de vulgarisation scientifique, sujets de réflexions et remises en question de nos modes de vie du quotidien, il est temps pour la section Environnement de laisser sa place à une autre voix »

À l’aube de cette nouvelle année, qui célèbre le premier anniversaire de la section Environnement au Délit, les menaces qui pèsent sur la planète sont toujours aussi inquiétantes. La perspective d’un nouveau mandat Trump, aux aspirations profondément anti-climatiques, a de quoi alarmer. Toutefois, il ne faut surtout pas baisser les bras, et au contraire redoubler d’effort. L’année 2024 a également été ponctuée par des bonnes nouvelles environnementales, et chaque jour de nouvelles personnes rejoignent les rangs du combat pour la planète. Au printemps dernier, la Suisse a été condamnée pour inaction climatique par la Cour européenne des droits de l’homme à la suite d’une mobilisation citoyenne regroupant 2 500 Suissesses sous la bannière « Aînées pour la protection du climat », préoccupées par l’impact du réchauffement sur leur santé. Au Canada, le projet de loi C‑59, déposé à la Chambre des Communes le 1er février 2024, a renforcé les restrictions autour de la publicité mensongère et de l’écoblanchiment en étendant son application à un spectre d’entreprises plus large.

Il y a maintenant un an, nous avons débuté en force en nous demandant comment rendre le temps des Fêtes plus écologique. 2024 a aussi commencé sur une note encourageante, avec les bonnes nouvelles environnementales de l’année 2023. Depuis, nous avons discuté de l’intérêt de calculer son empreinte carbone, de véganisme, de la différence entre les changements et le réchauffement climatiques, de modèles à suivre, de racisme
environnemental et de plastique. Nous avons eu l’occasion d’échanger avec des activistes impliqué·e·s sur le campus, une entrepreneure misant sur le partage, la fondatrice d’une organisation à but non lucratif mettant de l’avant des pratiques durables en communication, le directeur exécutif du Bureau du développement durable de McGill, la première femme a avoir terminé le Vendée Globe et plusieurs professeur·e·s, professionel·le·s et artistes engagé·e·s pour l’environnement. Nous nous sommes interrogées sur le vandalisme d’œuvres d’art comme manière de militer, le rôle du sport dans la transition écologique, la fatigue décisionnelle et la place de l’humour dans la crise climatique. Nous avons aussi passé une journée enrichissante au campus MacDonald à découvrir ses initiatives environnementales. Mais surtout, nous avons partagé nos réflexions personnelles sur notre quotidien, confié nos peurs et notre espoir, notre rage et notre bonheur à nous engager pour lutter contre la crise climatique. « Les archives de journaux gardent en eux les pensées, les intentions et les problématiques d’un temps. Ils révèlent toute l’essence d’une époque, d’une communauté, d’un environnement », a dit Marie, fondatrice d’Au Féminin, la section prédécesseure d’Environnement, dans son ultime publication.

« Nous souhaitons léguer au Délit un sens du devoir qui amènera chaque section à s’intéresser à la manière dont l’environnement peut y être abordé »

Après un an de vulgarisation scientifique, sujets de réflexions et remises en question de nos modes de vie du quotidien, il est temps pour la section Environnement de laisser sa place à une autre voix. Alors que cette étape prend fin, nous tenons à remercier toute l’équipe qui nous a fait confiance, qui nous a inspirées et qui nous a encouragées à nous dépasser. Nous voulons aussi remercier tous les contributeurs et contributrices qui ont fait vivre Environnement par leur engagement. C’est grâce à votre implication que la section et le journal au complet sont si uniques, et nous souhaitons encore vous lire ! Ce n’est pas parce que l’environnement n’aura plus de section dédiée qu’il faudra arrêter d’en parler. Bien au contraire, nous souhaitons léguer au Délit un sens du devoir qui amènera chaque section à s’intéresser à la manière dont l’environnement peut y être abordé.

Même si l’action individuelle est limitée et qu’il faut changer les structures de notre société pour pouvoir véritablement adopter des comportements éco-responsables, cela ne nous empêche en rien d’agir dans le cadre des contraintes qui nous sont imposées. Les efforts de chaque individu additionnés ont souvent bien plus d’incidence que l’on ne peut le penser et se traduisent souvent à une échelle plus large. En créant la section Environnement, nous avons cherché à provoquer du changement à une échelle locale et communautaire en nous adressant aux étudiants mcgillois. Notre objectif était de les sensibiliser, les informer, afin de les influencer vers des pratiques plus durables, tout en les motivant à réfléchir et à s’engager eux-mêmes dans leur communauté. La vie militante du campus est vibrante et les initiatives environnementales continuent de s’y multiplier. Se rendre aux évènements organisés par le Bureau de durabilité de McGill, rejoindre un club environnemental, sont des occasions de rencontrer de nouvelles personnes, d’échanger des idées et de réduire son éco-anxiété. L’environnement n’a pas dit son dernier mot, car c’est à votre tour de prendre la parole et de vous impliquer dans sa défense.

À vous de jouer !

Vous pourrez toujours retrouver tous les articles de la section Environnement dans les archives sur le site web du Délit ! delitfrancais​.com


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