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Angie Larocque : l’unique designer québécoise à la Semaine de la mode de Paris

La créatrice nous invite dans les coulisses de son parcours et de son saut à l’étranger.

JF GALIPEAU

La session de mode masculine pour la saison Automne/Hiver 2025–2026 de la Semaine de la mode parisienne a débuté hier, le 21 janvier, promettant de nouvelles collections de marques haute couture à couper le souffle. Si des noms emblématiques comme Louis Vuitton ou Jacquemus marquent cet événement jusqu’au 26 janvier 2025, une nouveauté se prépare pour la Semaine de la mode féminine prévue au mois de mars prochain : Angie Larocque, avec sa marque éponyme, sera la seule québécoise à dévoiler une collection sur cet illustre podium de la mode internationale.

Certains ont pu la voir dans les films Un monde à l’envers (2012) ou Un homme à la mer (2018) avec Eva Longoria, car Larocque est avant tout une personnalité québécoise aux multiples talents. Actrice, danseuse, coiffeuse, designer et entrepreneure, elle fait ses débuts dans la mode en 2022, en présentant sa première collection à l’événement de mode montréalais Festival M.A.D (Mode – Arts – Divertissement). Rapidement, son travail gagne en reconnaissance : l’une de ses créations a été portée par la chanteuse Véda lors du Gala de l’ADISQ en novembre dernier, et ses collections ont été mises en valeur lors des dernières Semaines de la mode de Montréal. Le 8 mars 2025, elle franchira une étape majeure en présentant ses créations dans le cadre enchanteur de la Galerie Bourbon, ancienne résidence de la famille royale d’Espagne.

Le Délit a rencontré Angie pour parler de son évolution artistique, des origines de sa marque et de ses attentes face à la Semaine de la mode de Paris.

Le Délit (LD) : Vous avez eu un parcours très diversifié, allant du ballet classique au cinéma, et maintenant à la mode. Pouvez-vous nous parler de vos débuts artistiques ?

Angie Larocque (AL) : Oui ! J’ai commencé le ballet classique à l’âge de trois ans en Gaspésie, que j’ai pratiqué jusqu’à mes 20 ans, un peu par intermittence. À l’école, j’étais toujours impliquée dans les arts, le théâtre et surtout l’improvisation. J’ai aussi étudié à l’école artistique FACE à Montréal, où la créativité était très présente. Bref, l’art a toujours fait partie de moi. Plus tard, le cinéma est arrivé par hasard. Une amie m’a appelée pour une audition de figuration dans un film avec une coproduction franco-américaine. À l’époque, je travaillais dans un salon de coiffure, car je suis aussi une coiffeuse diplômée. On m’avait dit : « Si tu n’as pas de nouvelles dans une semaine, ça veut dire que tu n’es pas prise. » Je n’ai pas été rappelée tout de suite, mais un mois plus tard, en plein milieu d’un rendez-vous avec une cliente, j’ai reçu un appel. On m’a offert un troisième rôle pour Un monde à l’envers (2012) et demandé si je pouvais aller aux essayages le jour même. Ce fut mon premier crédit ACTRA (Alliance of Canadian Cinema, Television and Radio Artists), et tout a déboulé à partir de là.

« La pression vient du fait que Paris, c’est l’élite. Je veux que le Québec soit pris au sérieux. Mais c’est aussi une immense fierté. Je veux montrer que nous avons notre place là-bas, et je compte bien marquer les esprits »

Angie Larocque, designer québécoise

LD : Comment votre expérience d’actrice influence-t-elle votre travail de designer ?

AL : Cela m’a appris à prêter attention aux détails et à être à l’écoute de la vision artistique globale. Sur les plateaux, j’étais coiffeuse avant d’être actrice, donc je comprends les deux côtés. Aujourd’hui, en tant que designer, j’ai un contrôle total sur ma vision, et c’est aussi exaltant !

LD : En 2022, vous lancez votre propre marque de vêtements, Angie Larocque. Qu’est-ce qui vous a inspirée à faire ce grand saut dans le design de mode ?

AL : Tout a réellement commencé en 2017. Je voulais créer ma propre marque, car j’achetais beaucoup de produits locaux et écoresponsables pour mon fils. Je me suis dit : « Pourquoi ne pas les concevoir moi-même ? » J’ai donc lancé une marque de vêtements pour enfants appelée Biggie Smalls : des grands vêtements pour des petites personnes [rires]. Durant la pandémie, j’ai mis ce projet de côté pour me concentrer sur de nouvelles compétences. J’ai suivi des cours à l’École des entrepreneurs du Québec pour apprendre la stratégie, le marketing et la comptabilité. C’est là que j’ai décidé de me tourner vers la création de lingerie avec une collection nommée « Les Aguicheuses », présentée au Festival M.A.D. À travers cette expérience, je me suis rendu compte que ce qui me passionnait vraiment, c’était de créer des robes, et Angie Larocque est née.

JF GALIPEAU Evoto

En ce moment, je veux me diriger vers la haute couture. Ma dernière collection, d’ailleurs, intitulée « Rosa Nera », s’inspire de l’élégance des mariages italiens traditionnels qu’on peut voir dans le film Le Parrain (1972) par exemple. Les robes sont très couvrantes, avec beaucoup de dentelles, mais restent très sensuelles. C’est important pour moi, la féminité, la sensualité ; mettre en valeur le corps de la femme. Lors de mon premier défilé au Festival M.A.D., par exemple, j’ai voulu montrer des corps variés, de la taille Petit à 3X. L’une des mannequins taille plus m’a écrit une lettre bouleversante expliquant comment cette expérience avait changé sa perception d’elle-même. À ce moment-là, je me suis dit : « Je suis vraiment à la bonne place. Si je peux faire une différence chez les femmes à ce niveau-là, pourquoi pas ? »

LD : Présenter une collection à Paris, à la Galerie Bourbon, est un événement majeur. Comment gérez-vous la pression et la fierté d’être la seule designer québécoise ?

AL : C’est un mélange des deux. La pression vient du fait que Paris, c’est l’élite. Je veux que le Québec soit pris au sérieux. Mais c’est aussi une immense fierté. Je veux montrer que nous avons notre place là-bas, et je compte bien marquer les esprits. À la Gaspésienne, je suis prête à impressionner tout le monde !

LD : Vous avez récemment lancé une campagne de financement. Pouvez-vous nous en parler ?

AL : Oui, c’est une campagne pour soutenir les frais de production de ma collection à Paris. Tout le monde peut contribuer, que ce soit par des dons ou en partageant l’information. Chaque geste compte et m’aide à représenter le Québec sur cette grande scène !

LD : Pour finir, quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans les industries créatives ?

AL : Ne pas avoir peur. La peur est souvent ce qui nous empêche de continuer. Ce n’est pas facile – même aujourd’hui, il m’arrive de douter. Mais être opportuniste, persévérer et croire en soi, c’est essentiel. C’est en surmontant ces moments de peur qu’on avance.

Avec sa présence à la Semaine de la mode de Paris, Angie Larocque ouvre de nouvelles portes pour les talents d’ici. Ne manquez pas de suivre cette étoile montante alors qu’elle illuminera la capitale de la mode le 8 mars prochain !


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