Légende de la danse à claquettes, le chorégraphe montréalais Travis Knights a présenté la semaine dernière son spectacle The Mars Project dans le cadre de la 27e saison de Danse Danse, diffuseur associé à la Place des Arts. Knights a été formé par nulle autre que la « Reine des claquettes », Ethel Bruneau, dès l’âge de 10 ans. Depuis, il s’est intéressé à plusieurs disciplines et intègre dans son art la dimension ancestrale afro-américaine de la danse à claquettes, et sa relation symbiotique avec la musique jazz. Les danseur·se·s sont accompagné·e·s sur scène par un groupe de musicien·ne·s et deux chanteurs aux voix époustouflantes.
Les lumières se tamisent et le rideau se lève sur quatre danseur·se·s s’activant devant des projections d’images qui montrent en alternance déforestation, pollution, et personnes souriantes. Nous sommes sur Terre et nous observons quatre êtres humains produire un seul rythme à l’aide de leurs pieds, en balançant leurs bras chacun à leur manière. L’ambiance est joyeuse et explosive.
Un étudiant mcgillois sur scène
Anecdote intéressante : Greg « Krypto » Selinger, breakeur, danseur contemporain et chorégraphe, qui interprète une intelligence artificielle nommée Krypto – clin d’œil à son surnom ? – est un ancien étudiant mcgillois ! Il est diplômé au baccalauréat en commerce à la Faculté de gestion Desautels, ainsi qu’au baccalauréat en danse contemporaine et à un programme d’études supérieures à Concordia. Dans ses mots trop humbles, il se qualifie de « Bachelier de tout, maître de rien (tdlr) ».
Il faut de tout pour faire un monde
Le travail de synchronicité entre les danseur·se·s et les musicien·ne·s rend le tout plus grand que la somme de ses parties – au talent déjà immense. Thomas Moon, Brinae Ali, Reona, Travis Knights et Selinger forment la distribution internationale d’artistes de renom de The Mars Project. Chacun apporte sa couleur à la performance et épate par son excentricité, sa fougue, sa technique ou encore sa multidisciplinarité, comme Ali qui poursuit la tradition orale de la danse à claquettes en rappelant l’histoire douloureuse de l’esclavage en Amérique du Nord.
Les personnages, dans leur désir de fuir leur anxiété et défis personnels, demandent de l’aide à Krypto, qui leur propose un à un de les envoyer sur la « planète de la guerre », Mars. Les terrien·ne·s expatrié·e·s se retrouvent alors confronté·e·s aux mêmes problèmes que sur leur planète d’origine, incapables de fuir les émotions négatives qui les habitent.
Une histoire qui peine à décoller
The Mars Project a une forme singulière, unissant danse, acrobaties, chant, musique en direct et théâtre. Ce dernier aspect de la mise en scène affaiblit quelque peu l’œuvre, en l’enveloppant d’une histoire à laquelle plusieurs spectateur·trice·s que j’ai interrogé·e·s ont eu du mal à adhérer. Le voyage sur Mars, les péripéties spatiales et – attention, divulgâcheur – la révélation qu’il s’agit de simulations répétées rappellent un thriller psychologique de science-fiction, maladroitement adapté au talent des interprètes. Le spectacle demeure néanmoins une prestation sensationnelle de danse de claquettes, qui a été pour moi une initiation marquante.
Danse Danse offre une réduction de 30% sur le prix courant des billets à l’unité aux moins de 30 ans, ainsi que la possibilité de se procurer des billets à « Tarif léger », afin de rendre l’expérience de la danse sur scène plus accessible. Propositions intéressantes pour les étudiant·e·s !